À l’image de la fameuse compétition cycliste qui squatte notre bitume tout les étés, le Black Metal constitue aussi une sorte de « compétition ». Les gros leaders sont attendus avec impatience (ou pas…) et des petits nouveaux « double-pédalent » assez vite pour empocher une étape, un maillot distinctif ou un bon classement à la fin de l’année. Sans oublier les baroudeurs du genre qui ne se refusent pas un petit éclair de génie.
Vu que nous sommes au début du mois du Juillet, on peut donc s’autoriser un premier bilan semestriel des sorties 2012. Bien sûr les « maillots jaunes » du genre auront sortis des nouveaux disques : Je pense au dernier Marduk et au nouvel opus de Burzum, désormais annuel. On citera aussi les sprinteurs de Witchrist et de Diocletian, le premier livrant son dernier né et le deuxième ressortant ses premiers travaux. Les concurrents au maillot du « meilleur jeune » pourraient bien se trouver chez Kvlt Of Hiob, Thy Darkened Shade ou Dux, mais une course c’est long et rien n’est encore dit. On pourrait aussi dire que certains groupes font partie de la course sans trop s’en rendre compte, comme Sigh, toujours un peu à part… Mais la majeure partie des coureurs n’appartiennent pas à ces catégories. N’atteignant pas l’immense renommée des poids lourds sans être des débutants non plus, beaucoup de groupes ayant déjà une bonne carrière derrière eux auront su nous surprendre. On citera Blacklodge, Mgla, Vorkreist, etc…
On pourrait également citer Merrimack, dont le dernier opus « The Acausal Mass » sorti le 22 Juin dernier sur AFM aura suscité l’intérêt de bon nombre d’entre nous. Après le succès de « Of Enthropy and life denial » et un
« Grey Rigorism » qui aura sans conteste divisé les amateurs mais qui est pour ma part leur meilleur disque, autant dire que les français étaient attendus au tournant.
« The Acausal Mass » arrive dans un design plutôt satisfaisant. C’est le chilien de Fenomeno Design qui se charge de l’artwork. Un choix qui n’est pas surprenant vu le travail de l’homme sur le premier Glorior Belli et plus récemment sur le Sect(s) de Blut Aus Nord. L’artwork est soigné, on peut y lire les renseignements nécessaires même si le visuel est identique qur chaque page. Un petit manque de fantaisie en gros, mais bon, rien de bien méchant.
Pour tout dire, ce Merrimack m’énerve un peu (mais ATTENTION, rien de négatif la dedans) pour deux raisons :
- Je ne vois pas le temps passer quand je l’écoute, mais alors pas du tout. Tout est fluide, lisse, limpide… « The Acausal Mass » coule tel l’eau pure de la source Volvic, ce qui est finalement assez déstabilisant.
- J’ai l’impression que ce disque se fout de ma gueule. Il est incommensurablement puissant, il sent l’intensité à des kilomètres, mais bizarrement j’ai eu du mal à me mettre dedans pour percevoir ses secrets.
Alors, j’ai insisté longuement et j’en suis arrivé à la déduction que ce disque nécessite plusieurs conditions pour qu’il se livre de manière optimale. D’abord, il faut être prêt à se plonger à fond dans l’œuvre et être attentif lors de son écoute. Deuxièmement, il ne faut surtout pas la couper. « The Acausal Mass » distille une quantité incroyable d’ambiances puissantes, lumineuses et blanches que l’on pourrait retrouver sur un Ascension. Mais le truc, c’est que si vous ne faites pas attention pendant votre écoute, ces passages n’auront presque aucun effet. Pire, ils vous ennuieront et vous feront uniquement dire : « C’est sympa ! ».
En fait, ce disque me fait penser à une fille. Une fille chiante que l’on veut séduire, mais qui se braque dès lors qu’on la laisse un peu seule en soirée, qu’on sort boire une bière avec des potes, ou qu’on ne fait pas attention à elle. Pour autant, si on parle à cette fille et que l’on prend soin d’elle, on ne le regrette pas parce que c’est un super coup, que Tata Monique l’aime bien et qu’elle est gentille. On dirait que « The Acausal Mass » a besoin de votre affection, de votre estime ou d’être chouchouté par son auditeur pour se révéler, ce qui est très étonnant pour une œuvre musicale.
Malgré cette attention demandée en permanence, « The Acausal Mass » est surprenant, déjà parce qu’il est plus efficace, plus attachant et plus direct que les autres albums du groupe. Si une forte attention est donc presque obligatoire pour ne pas passer à côté de la puissance contenue, l’œuvre tape bien plus fort et bien plus vite qu’un
« Grey Rigorism ». Pour faire simple, une seule écoute dans des conditions optimales permet donc de se prendre la baffe dans la tronche. En ce sens, « The Acausal Mass » est donc complexe et élitiste tout en étant plus accessible que son prédécesseur. Vous me suivez ?
Mais alors une fois qu’on a passé ces multiples péripéties et divagations liées aux premières sensations de ce disque, que reste-il sur la table ?
Autant le dire tout de suite, on est finalement assez loin de la rigueur, du brouillard et du côté complexe, long et impénétrable de
« Grey Rigorism ». Ce qui est fort c’est que Merrimack change beaucoup tout en gardant sa patte.
Les riffs dissonants et les arpèges lancinants sont toujours très présents dans le disque, nous sommes donc bien sur du Merrimack pur jus. Sauf que tout est plus clair, plus grandiose, plus profond, plus limpide. Sur
« Grey Rigorism » on se sentait étouffés par les voies du seigneur qui semblaient bel et bien impénétrables, alors que sur cette nouvelle offrande on dirait bien que le seigneur nous parle directement dans un mégaphone pour nous dire « Tu viens et tu discutes pas ! ». Tout est évident, bien fusionné, bien enchaîné. L’introduction absolument tordue et directe se lie merveilleusement bien avec « Arousing Wombs In Nine Angels Pleroma », le deuxième titre. Les rythmiques lentes sont extrêmement bien ficelée, et même l’apparition d’un Bouzouki (instrument grec) sur « Hypophanie » paraît normale, voire obligatoire. Tous les choix musicaux sont extrêmement justes et judicieux sur « The Acausal Mass », ce qui est finalement assez rare.
Le groupe envoie des phases planantes, lancinantes, lumineuses qui vous font frissonner sans répit, puisqu’on retrouve des passages du genre sur tous les morceaux du disque. Comment résister face à tant de puissance ? Je n’ai pas la réponse, parce que je n’y résiste pas moi-même, j’y plonge même avec délectation.
Mais alors avec tout ça, comment trouver un avis un tantinet objectif pour cet opus ? Bonne question, il y a fort à parier que ce disque va séparer les auditeurs en deux clans : ceux qui se seront fait happer par le disque et ceux qui se seront ennuyés. Je me place dans la première catégorie ayant été quasiment subjugué par les écoutes religieuses que j’ai pu faire de cet opus, mais rien ne dit qu’il en sera pareil pour vous, chers lecteurs.
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