Lvx Hæresis - Descensŭs Spīrĭtŭs
Chronique
Lvx Hæresis Descensŭs Spīrĭtŭs
La Suisse est un pays qui ne manque pas de charme ni d’atouts, car sans faire abstraction de ses avantages financiers et fiscaux, de sa qualité de vie et de ses spécialités gastronomiques, il y’a aussi tout une scène extrême qui ne cesse de proposer des choses intéressantes depuis quelques temps. Car la patrie de CELTIC FROST a engendré ces dernières années les furieux CALCINED, les techniques et brutaux NEAR DEATH CONDITION ainsi que les sombres et occultes LUX HÆRESIS, qui ne vont pas manquer de faire parler d’eux rapidement. Formé en 2013 à Sion le quintet a décidé de reprendre le flambeau laissé en déshérence par FUNERAL MIST ou ONDSKAPT, vu que celui-ci évolue dans un Black Metal hypnotique et ritualiste où l’occultisme et les messes noires ne sont pas du cinéma destinés à faire vendre, mais des choses bien sérieuses réservées à un nombre restreint d’élus. Pendant un peu plus de trois-quarts d’heure le groupe va offrir une poignée de morceaux qui se découvrent et se dégustent comme du bon vin, où le spirituel côtoie la philosophie, le tout avec un son organique et naturel parfaitement adapté, qui va emmener l’auditeur vers des contrées infernales à la fois obscures et glaciales, via une musique monolithique et presque impénétrable.
En effet ici il y’a peu de place pour la violence extrême, tout y est plus subtil et envoûtant grâce à l’utilisation fréquente d’un rythme lourd et simple qui dominera l’ensemble, et renforcera cette impression d’écrasement et de suffocation permanente. Bien que « I » démarre en trombe (et laisse ainsi supposer un instant que ça va tabasser sec tout du long) le combo va rapidement poser les bases qui jalonneront tout ce qui suivra après ce premier titre. Car une fois ce départ sur les chapeaux de roue la suite va être plus lourde et laissera donc l’occasion de briller au mid-tempo lent qui va créer une ambiance sombre et malsaine, le tout mis en exergue par un chant qui harangue l’auditeur sur un mur de guitares proche du zéro absolu, et une basse vibrante particulièrement audible. Du coup même si le tout est très basique techniquement, et d’une linéarité à toute épreuve, cela est tellement bien ficelé et captivant qu’on se laisse happer volontiers par cette déferlante de haine et d’obscurité, et la suite proposée ne faiblira pas, bien au contraire ! Avec « II – III » on est dans le prolongement total de la précédente composition vu qu’elle propose un schéma pratiquement similaire, à savoir grosse vitesse pour commencer puis tempo poids lourd par la suite, pour là-encore un résultat imparable et excellent, tout comme l’énorme « IV ». Les helvètes trouvent ici le moyen de pressuriser encore davantage leur musique, tant elle s’est alourdie une fois de plus mais en proposant également un léger côté Death finlandais dans leurs riffs qui donnent envie du coup de remuer la tête, comme pour montrer qu’il y’a encore de la vie dans ce brouillard opaque où pas grand-chose ne subsiste. Si cette compo ne varie pas vraiment de rythme « V » au contraire montre une facette plus remuante et intense, où les accélérations, explosions et ralentissements disséminés sur la durée permettent d’offrir quelquechose de différent et riche en variations, mais en total raccord avec le reste. Si « VI » voit quant à lui un retour au linéaire et au monolithisme, tout en descendant à nouveau en température, afin de plonger encore plus en profondeur vers les sombres et obscures abîmes, et sans jamais varier d’un iota au niveau du rythme, au contraire de « VII » qui va pousser l’expérience encore plus loin, tout en conservant son classicisme. Car malgré une durée de plus de dix minutes, nul ennui ici (tout comme pour les précédents morceaux) même si encore une fois il ne faut pas s’attendre à un déchaînement de violence, vu que seuls quelques passages plus remuants (où les guitares montent progressivement en pression) viennent sortir l’auditeur de sa torpeur.
Pourtant une fois démarrée on a du mal à quitter l’écoute de ce disque qui se révèle beaucoup plus subtil qu’il n’y parait, tout en laissant de côté la hargne des explosions au profit d’un bloc uniforme et homogène, où le chanteur se transforme tour à tour en grand prêtre de messes occultes à frontman possédé (grâce notamment à une réverb’ intéressante) souhaitant transmettre son message au plus grand nombre. Sous ses airs crasseux et impénétrables chacun des titres présents montrent cependant une finesse d’écriture et une vraie qualité musicale de la part du combo, qui sans en faire des tonnes prouve un talent indéniable et signe une œuvre très prometteuse pour l’avenir, et qui mérite véritablement que l’on s’y attarde, à condition de prendre le temps pour y découvrir le mystère qui l’entoure (à l’instar de sa pochette) et toutes les subtilités qui la compose vu qu’elles sont nombreuses.
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