Vlad Tepes - Celtic Poetry
Chronique
Vlad Tepes Celtic Poetry (Démo)
Ah, Vlad Tepes … A la simple évocation de ce nom, votre serviteur devient tout chose. Les Légions Noires, l’intégrisme fanatique envers le black metal le plus immonde et le plus superbe, les photos monochromes fugaces où sont brandies des masses d’armes contre l’infâme monde moderne, le passéisme forcené, l’amour du morbide, de l’occulte, du macabre et des ténèbres … Et par-dessus tout, cette musique, cette musique grandiose, cette musique de damné.
La démo Celtic Poetry, sortie en 1994, à la même époque où les Grands Anciens norvégiens donnaient naissance à leurs créations cultes, représente sans doute ce que le groupe a fait de mieux et n’a vraiment pas à rougir devant les chefs d’œuvres scandinaves. Réalisation indépendante, distribuée sous forme de cassette aux seuls vrais adeptes élus par le groupe, portée par une production inaudible comme il se doit. Quatre pistes, parmi les meilleures du groupe, à placer dans ce que le black metal a fait de plus grand. Et ça commence avec l’immense « Drink the Poetry of the Celtic Disciple », que tout dévot de l’art noir se doit d’avoir écouté. Douze minutes de pure noirceur, de mélancolie anoblie par une aristocratie sublime, un dédain superbe et impérial. Douze minutes de mélodies à pleurer, aussi sales que poignantes, emplies d’une inégalable beauté. Et tout Vlad Tepes repose sur ce blason. La crasse et les ténèbres d’un côté, la grandeur et le sublime de l’autre.
Noblesse immonde oblige, les deux âmes battantes de Vlad Tepes ne cèdent jamais à la facilité. Qu’il est facile de se planquer derrière une production raw pour enchaîner les riffs indigents… Ils sont nombreux à l’avoir fait, se persuadant d’avoir le talent des deux seigneurs bretons. Aucun n’est arrivé aux douves de leur forteresse. Aucun n’a su créer de mélodies aussi emplies de haine, de mépris et de brûlant éclat que Vlad Tepes. L’entité n’est pas de ceux qui servent ad nauseam des riffs à trois notes. Bien sûr que la répétition est utilisée, bien sûr que l’on retrouve des structures somme toutes assez simple, mais bon Dieu, regardez donc le travail mélodique sur « Drink the Poetry of the Celtic Disciple », écoutez donc ce travail sur la basse, étouffez-vous devant les sublimes émotions imposées par ces riffs suintant la grâce autant que la crasse.
Vlad Tepes a toujours joué sur ce paradoxe, capable de composer des mélodies d’une finesse rare autant que d’envoyer les assauts bestiaux à la Bathory. Et parfois, il fait les deux. « Under the Carpathian Yoke » est l’un des morceaux les plus efficace que je connaisse, tous genres confondus. Le premier riff dégage un enthousiasme sanguinaire incroyable qui colle aux ventre des envies de meurtres à la hallebarde, mais sans jamais tomber dans le bas du front. Le groupe garde sa griffe mélodique distinctive, en soulignant ses riffs de finesses sous-jacentes ou d’accords discrets qui ajoutent une touche d’ambiance incroyablement prenante. Même sur « Diabolical Reaps », qui fait dans le haineux plus primaire, Vlad Tepes reste distingué, inspiré et jamais dénué de finesses et de recherche musicale.
« Misery Fear and Storm Hunger » conclut cette démo en remettant une couche de mélodies, baignant dans la mélancolie et la noble peine plus que dans la haine et la colère. Vlad Tepes est grand, il est immense, il domine sans effort le black metal français. Il est assez à la mode de dénigrer les Légions Noires depuis quelques temps, et c’est là un outrage très injuste à des œuvres aussi superbes que celle-ci. Avant de s’acharner sur ce qui a été fait pour le simple plaisir de détruire un mythe, il ne serait pas mal de se rappeler qu’aucun groupe n’a jamais réussi à sortir des mélodies aussi parfaites que Vlad Tepes dans son propre style. Ce black metal aristocratique qui suinte le heavy satanique et les mélodies folkloriques, c’est là le seul fief de Vlad Tepes.
Voilà, si vous cherchez l’essence du Black Metal, elle est ici. Ces quatre pistes peuvent constituer une définition par l’exemple parfaite du genre, de cet art noir qui en a rendu fou plus d’un. Oubliez les Légions Noires si elles ne vous reviennent pas, concentrez-vous seulement sur Vlad Tepes, et commencez par cette démo si vous ne connaissez pas le groupe. Ça, c’est de la musique intemporelle, qui restera toujours aussi poignante, forte et authentique dans un siècle.
The Carpathian Yoke will be enforced again !
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