Prison of Mirrors - De Ritualibus et Sacrificiis ad Serviendum Abysso
Chronique
Prison of Mirrors De Ritualibus et Sacrificiis ad Serviendum Abysso
Même s'il possède un nom en latin à rallonge, plus propice à me faire bailler qu'à m'impressionner, "De Ritualibus et Sacrificiis ad Serviendum Abysso" m'a intrigué à plus d'un titre.
Par son géniteur, déjà : Prison of Mirrors. Un groupe que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam et que je découvre, probablement comme vous, avec ce premier full-length. Le quatuor transalpin, dès le départ, à su me rassurer quant à ses capacités. C'est bête, mais tirer son nom d'un titre de Xasthur, lui-même issu de l'une de ses meilleures sorties ("Subliminal Genocide"), c'est déjà, pour moi, un indéniable gage de goût. Vient ensuite la pochette, signée Stefan Todorović , somptueuse, qui réussit à être hermétique, inquiétante, sans en faire des caisses. Puis réussir à faire sortir son premier long-format en CD et DLP chez les Islandais d'Oration, d'ordinaire plutôt clients du format cassette (pour Rebirth of Nefast, Zhrine, ou encore Sinmara)... Ouais, on peut dire que les astres sont alignés pour que les vrais premiers pas de Prison of Mirrors dans la cour des grands soient tout, sauf maladroits.
Je parle d'astres, mais "De Ritualibus et Sacrificiis ad Serviendum Abysso" n'est éclairé qu'à la maigre lueur d'un cierge. C'est un disque dense, qui n'a pas peur d'être ambitieux, prenant son temps pour installer, et développer, ses ambiances d'un noir de jais - 4 titres pour 55 minutes au compteur, quand même ! Un étouffe-chrétien, propre comme figuré. La glorification, en musique, de rituels qu'on imagine tous plus cryptiques les uns que les autres. Une impression renforcée par cette production, signée Stephen Lockhart, qui ajoute, avec Prison of Mirrors, une coulée supplémentaire à un CV déjà bétonné (Above Aurora, Slidhr, Svartidauði pour ne citer qu'eux). Un mix qui me rappelle d'ailleurs les productions les plus suffocantes de BST, ce qui est, en soi, un gage de qualité supplémentaire.
C'est d'ailleurs, à mon sens, une réelle influence de la formation, puisqu'au delà des rappels aux heures les plus sombres de Deathspell Omega, c'est un peu d'Aosoth que l'on retrouve dans "De Ritualibus et Sacrificiis ad Serviendum Abysso". Les couches superposées de guitares grasses, étouffantes à souhait, sont soutenues par une section rythmique qui sait faire varier les plaisirs - la faute à un Marco Dal Pastro, inspiré en Diable. Soutenu, sans jamais s'emballer bêtement, il sait aussi ralentir l'ensemble, l'occasion de nous ensevelir sous des rythmes presque tribaux, qui finissent d'enfoncer le clou. Le chant, gargouillesque à souhait, vient couronner l'ensemble en égrainant lentement ses horreurs, à moitié étouffé par sa lourde capuche : pas le point le plus notable de Prison of Mirrors, néanmoins, il reste un chef-d'orchestre discret, mais efficace.
"De Ritualibus et Sacrificiis ad Serviendum Abysso" ne propose rien de neuf, certes, mais il fait ce qu'il sait faire, et le fait bien. C'est un disque de Black Metal profondément noir, prenant, exigeant de par sa durée et la teneur de ses compositions, mais rondement mené, inspiré de la première à la dernière minute. De quoi apporter un peu de fraîcheur à vos nuits de canicule.
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