Ende - Mörnöyr, bienvenue en terre du Diable
Chronique
Ende Mörnöyr, bienvenue en terre du Diable
Je suis Ende depuis ses tout débuts. Et si The Rebirth of I a jusqu’à présent eu ma préférence, j’ai toujours considéré – c’est souvent le cas pour les groupes que je chronique en ce moment – que le combo français n’avait jamais commis de faute de goût. Régulier dans ses sorties comme dans la grande qualité proposée, Ende m’a toujours embarqué sans difficulté dans son univers médiéval où la Peste rôde aux détours de chaque hameau abandonné.
L’artwork du nouveau venu – Mörnöyr, bienvenue en terre du Diable – ne va pas te décontenancer si tu apprécies le groupe ; mêmes tonalités noires et blanches, ambiance médiévale identique, soulignée par le magnifique logo du groupe. Décontenancé, tu ne le seras pas non plus par le contenu. Et c’est tant mieux, même si, pour une fois, certaines critiques peuvent être apportées.
Vêpres macabres ouvre sur le chant mélodieux des enfants de la nuit et quelques accords funèbres, à l’image d’un clergé décimé venant donner l’extrême-onction aux cadavres vivants jonchant les rues boueuses d’un village dévasté par la Mort. Cette ouverture permet d’amener Les nuits d’octobre et Sang d’effraie, favorisant l’habituel mid-tempo du combo et les structures mouvantes. On notera cependant un son de batterie assez énervant, un brin robotique et linéaire, qui claque en arrière-plan et qui a tendance à occuper l’espace sonore au détriment de la structure elle-même. Dommage. Le son plus organique des efforts antérieurs m’allait bien… C’est d’ailleurs d’autant plus regrettable que les arrangements, comme souvent, sont importants, y compris sur la batterie donc où le petit jeu de cymbales est toujours aussi agréable à l’oreille (sur Jurant la Peste également). De même, ces cloches funèbres qui percent Les nuits d’octobre apportent une épaisseur supplémentaire au morceau et le plonge dans une atmosphère comme Ende sait parfaitement les distiller. Sang d’effraie, quant à lui, évolue sur une mélodie intéressante et des variations bien senties (ce magnifique solo en pont central par exemple, qui relance la dynamique) même si, de nouveau, la batterie demeure agaçante, le cliquetis répétitif trop mis en avant dans le mix venant un peu contrarier l’écoute, particulièrement sur les accélérations (Jurant la Peste par exemple).
A partir de Chasse-Vent et Jurant la Peste, on bascule vers des rivages plus brutaux, plus rapides et clairement plus agressifs. La rythmique distille un tempo bien plus élevé mais sans pour autant – c’est sa force – que le groupe délaisse les mélodies ou les arrangements sur la structure ; ainsi, ces chœurs noyés dans la masse qui donnent de l’emphase au titre ou le final en guitare sèche qui apporte apaisement et désespoir, porté par les cris de corbeaux, au loin. Landes obscures, interlude ultra lugubre (Copula Cum Daemone en fera de même, parsemé de petits accords de violon et d’un lointain bruit de frottement d’os), permet de basculer vers la dernière partie de l’album en accentuant les aspects désespérés et désolés de la musique du combo français. De longues notes de piano parsemées de cris hallucinés ouvrent sur Les conjurations de l’Ardente, titre plus rock, qui surprend après cette interlude menaçante. Le retour au mid-tempo est notable, comme pour finir sur des notes plus apaisées. Les arrangements demeurent la norme : accords profonds aux violons, portés par le vent de la désolation, tournoyant autour de maisons incendiées et de rues d’un village abandonné. Mörnöyr, le plus long titre, en reprend tous les codes et synthétise l’univers de Ende : mid-tempo ambiancé, structure très évolutive, mélodie noyée dans la masse et arrangements à foison, notamment ces solis qui terminent le titre.
Copula Cum Daemone vient clôturer un album de très belle qualité, comme toujours avec Ende, sans fausse note véritable si ce n’est ce regret sur le son de batterie, à mon sens pas toujours adéquat. Pour le reste, on retrouve tous les atouts du combo français, de la science de la composition à l’exécution parfaite et aux ambiances médiévales remarquables.
| Raziel 11 Décembre 2020 - 1360 lectures |
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