Après la baffe
IV: Constitution Of Treason il y a quatre ans, je peux vous dire que j'attendais le groupe d'oreille ferme. Les Coyle Brothers allaient-ils confirmer leur talent de composition et continuer sur cette voie power/thrash mélodique ou, tel un feu de paille, s'éteindre et retourner dans l'obscurité comme tant d'autres? J'avoue que je m'attendais à être déçu, en bon pessimiste que je suis. A la vue de l'horrible pochette typique du metal mainstream d'aujourd'hui, il y avait de quoi s'inquiéter il faut dire. Mais finalement, après plusieurs écoutes, le verdict est sans appel: God Forbid n'en fait pas (de bide).
Pourtant,
Earthsblood se fait bien moins thrashy que son grand frère. Je dirais même qu'au départ, il parait beaucoup plus mainstream, facile d'accès, avec tout un tas de chant clair sur les refrains et des mélodies easy-listening qui visent un public large. Pas que l'opus soit tout mou, on trouve encore pas mal de passages relativement rapides donnant la couleur thrash moderne à l'album ("The Rain", "The New Clear", "Shallow", "Walk Alone", etc.), quelques mid-tempi saccadés à la double (de plus en plus rares cela dit), des riffs purement headbangants ("The Rain", "Empire Of The Gun", "War of Attrition", "Earthsblood"...) et Byron Davis beugle toujours autant de sa voix arrachée, mais
Earthsblood est dans l'ensemble plus mélodique.
Ce qui pourrait paraître dommageable pour un groupe talentueux cédant à la facilité est en fait une bénédiction. Car
Earthsblood n'est en aucun cas un album conçu à la va-vite. Au contraire, les Américains développent ici davantage leur capacité de songwriting. Et à ce niveau, God Forbid sait carrément s'y faire et domine à peu près tous les groupes de sa catégorie. Les dix titres d'
Earthsblood sont ainsi parmi les plus longs jamais composés par le groupe. La moitié dépasse la barre des 6 minutes, le title-track s'échappant même au-delà des 9 minutes avant un somptueux final, "Gaia (The Vultures)", à plus de 7 minutes! Ce qui nous fait un album de 53 minutes mais pas un seul instant on ne s'ennuie tant la diversité, la maîtrise, les mélodies accrocheuses, les riffs mémorables, les excellents soli et les lignes de chant redoutables sont au rendez-vous. Pratiquement pas de déchets ici (j'ai dit pratiquement, sinon la note aurait été encore plus élogieuse), ce qui est rare pour un vrai full-length. Nous n'irons pas jusqu'à qualifier God Forbid de thrash moderne mélodico-progressif à la Nevermore mais le combo s'émancipe de plus en plus et ça fait plaisir. Et tout ça en insistant bien sur l'aspect mélodique des choses. Riffs, soli, leads voire arpèges/acoustique ("Earthsblood") ou claviers/piano (l'intro "The Discovery", l'outro triste mais magnifique de "Gaia (The Vultures)"), God Forbid mise beaucoup sur cette finesse de composition mêlée bien sûr à l'agression pure et dure. Chapeaux bas à nouveau pour les soli, plein de feeling et très bien construits. A noter la présence de quelques invités venus poser les leurs: Peter Joseph et Patrick Pintavalle de The Absence ("Shallow") et l'ex-Darkest Hour Kris Norris que God Forbid a déjà utilisé pour le live et qui a pu se libérer entre deux épisodes de Walker Texas Rangers ("Earthsblood"). Les orchestrations et les claviers sur "The Discovery", "Gaia (The Vultures)", "Bat The Angels" et "Earthsblood" ont eux été enregistrés par Michael Romeo et Michael Pinella de Symphony X. Last but not least, Christian Olde Wolbers a également participé à quelques parties de claviers. L'ex-Fear Factory a en fait surtout produit le chant sur l'album, Eric Rachel s'occupant du reste. Mix et mastering ont eux été réalisés en Suède par Jens Bogren. Voyez donc que rien n'a été laissé au hasard, le résultant étant à la hauteur avec une production puissante, équilibrée et parfaitement calibrée pour le style.
Avant de conclure, j'aimerais insister sur le chant clair du guitariste Dallas Coyle, très utilisé ici. Ce n'est peut-être pas le meilleur vocaliste que j'ai entendu mais son timbre est touchant et il réussit sans peine à véhiculer des émotions. Ces parties de chant clair, contrairement à la plupart des autres groupes, sont un vrai plus pour l'ambiance de l'album et évitent d'être trop niais. On a ainsi le droit à pas mal de refrains ou couplets excellents comme sur "The Rain", "Empire Of The Gun", "The New Clear", "Walk Alone", "Earthsblood" ou "Gaia (The Vultures)". Un vrai régal pour les amateurs!
Rien à faire, j'adore God Forbid. Pourtant, pas mal d'éléments devraient faire en sorte du contraire: c'est mainstream, c'est moderne, c'est bourré de mélodies raccoleuses et de chant clair pour ta petite soeur. Et en plus, ils sont noirs! Mais God Forbid, sous des apparences trompeuses de "musique pour kids", est sans doute un des meilleurs groupes grands public à l'heure actuelle et mérite amplement son succès. Avec
Earthsblood, le combo du New-Jersey réussit à ne pas décevoir après un album étonnament bon et s'en sort bien mieux qu'un Devildriver ou un Chimaira en chute libre depuis un moment. Oublié le passé metalcore, God Forbid a son propre son, sa propre personnalité et assez de talent pour continuer longtemps comme ça. Espérons seulement que le groupe survive au récent départ de Dallas Coyle...
4 COMMENTAIRE(S)
21/10/2009 14:49
21/10/2009 08:24
20/10/2009 21:32
Par contre je te rejoins sur un truc, malgré que je ne sois pas hyper ultra emballé, le groupe a un je-ne-sais-quoi qui fait que malgré tout je les aime bien ces ptits ricains.
20/10/2009 19:37
A quand une chronique de Determination?