Après la sortie tardive en juin dernier de la demo
The God's Rejects - Demo MMVIII, enregistrée en 2008, Ende fait son grand retour avec son second album
The rebirth of I. Un titre lourd de sens et propice à la réflexion qui sonne comme une renaissance pour la formation française, après deux réalisations pas forcément vouées à se matérialiser. Cependant l'intérêt porté par Obscure Abhorrence Productions donnant corps, en 2012, à un premier opus très personnel va clairement faire bouger les choses. I. Luciferia (Reverence, Osculum Infame), épaulé par le batteur Thomas Njord (Red Dawn), recentrera donc le propos avec sa volonté toujours aussi vive de retour vers un black metal old-school et authentique –
Whispers of a Dying Earth faisant office de parenthèse au sein de la discographie du groupe. Un fait vérifiable au premier coup d’œil avec un artwork en noir et blanc très typé ainsi qu'un logo déjà présent sur leur court-format. Autant de signes laissant présager du bon, ne restait plus qu'à s'en convaincre, ou non, en écoutant cette œuvre.
Toujours aussi primitif et glauque, Ende pose les bases dès le titre introductif « Den glemte skogen ». Pas de revirement donc comparé à la demo, les sonorités restent résolument old-school avec des samples assombrissant l'ensemble disséminées ici et là – l'introduction du premier morceau, l'outro de « Quintessence of evil » ou en encore « May, 1885 ». Néanmoins quelques évolutions se font sentir au fil de l'écoute, à commencer par l'ambiance beaucoup plus pesante et occulte instaurée par la formation. Un épais liquide noir suinte de ces neuf compositions dégageant une forte odeur d'humus et de putréfaction, notamment sur le nécrophage « Une forêt de cadavres ». Le propos se fait plus profond et travaillé tout comme le rendu sonore alternant passages lents et ambiancés, mid tempos entêtants ainsi que parties plus enlevées avec des riffs tant incisifs que mélodieux renvoyant à la période dorée de Gorgoroth. Des airs clairement vicieux mais imparables dont vous ne pourrez vous défaire comme sur les tubesques « Black sorcery of the great macabre » et « Seul, vers les ténèbres ». Une efficacité qui sera toutefois mis à mal par l'interlude « An ode to Bathsheba » arrivant un peu trop tôt et cassant le rythme par sa longueur.
Cependant ces intermèdes font partie du cheminement construit par le groupe, séparant
The rebirth of I en trois chapitres distincts portés par un chant éraillé plus black – moins crade que sur la demo – offrant davantage d'intensité. Ce changement notable entraîne avec lui un regain d'émotion, de mélancolie mais aussi de froideur que vous retrouvez particulièrement sur les parties et titres low ou mid tempo tissant des atmosphères tant brumeuses qu'impures (cf. « Aux relents fiels »). Un aspect à la fois plus racé et sensuel, malgré la rugosité de la production, déclinant toutes les variations de noir tantôt en anglais tantôt en français – autre nouveauté ici – me faisant penser, entre autres, à
Onori funebri rituali de Tenebrae in Perpetuum. Les lignes de guitares prennent un tour grave mais hypnotique, vous plongeant dans un état léthargique, Thomas ralentissant la cadence. Quelques accélérations bien senties vous sortiront toutefois de votre torpeur, Ende proposant un plus large spectre de nuances en seconde partie d'album, alternant riffs décharnés et headbangants ou encore envolées haineuses avec aisance. Seul les quelques rares touches black'n'roll viendront troubler mon écoute, n'ayant jamais trop accroché à ce style (les débuts de « Quintessence of evil » par exemple, à 0:36).
Ende révèle sur ce second album sa véritable personnalité, dévoilant d'autres facettes plus complexes, obscures et subtiles. En résulte une œuvre totalement hantée au fort pouvoir d'attraction, qui se clôture par un long titre fleuve « May, 1885 », très épuré, sonnant la fin d'une messe noire. I. Luciferia et Thomas ont su exhumer le passé, élargissant toujours plus leur terrain de fouilles, afin de créer leur propre essence. Un ensemble maîtrisé de bout en bout, avec des titres semblant taillés pour le live, joué avec sincérité mais souffrant néanmoins de quelques longueurs.
The rebirth of I n'offre rien de novateur mais les nostalgiques du genre auront, à n'en point douter, un gros pincement au cœur à son écoute.
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