Aujourd’hui, vendredi 10 juin 2022 (moment où j’écris ce premier paragraphe), sort sur Godz Ov War Productions le deuxième album des Suisses d’Eggs Of Gomorrh. Cependant, comme je suis cruellement à la bourre, ce n’est pas de celui-ci dont il va être question aujourd’hui mais d’un EP paru en mars 2019 sur le label français Krucyator Productions (Antichrist Siege Machine, Autokrator, Drawn And Quartered, Father Befouled, Profane Order...). Intitulé
Outpregnate, cette courte offrande d’un peu plus de seize minutes trouve place trois ans après un
Rot Prophet particulièrement corsé qui chez moi n’avait pas manqué de faire son petit effet. Alors pourquoi tant de retard à l’allumage ? Eh bien pour aucune raison particulière, en tout cas aucune relative à la qualité de celui-ci puisque comme on va le voir, les Suisses continuent de mettre la branlée à ses auditeurs...
Comme on ne change pas une équipe qui gagne (pas encore en tout cas), Eggs Of Gomorrh a une fois de plus sollicité les talents de l’artiste chilien Daniel Corcuera aka Daniel Desecrator. Ce dernier, fidèle à son coup de crayon vil et possédé, signe une oeuvre toujours aussi sale et infernale qui forcément sied à ravir avec ce que les Suisses ont ici à nous offrir. Car du haut de son petit quart d’heure,
Outpregnate vient rappeler que trois ans plus tard, Eggs Of Gomorrh en a vraisemblablement toujours aussi gros sur la patate et qu’il n’est absolument pas prêt de lever le pied.
En effet, toujours pas là pour amuser la galerie et encore moins pour enfiler des perles, le groupe de Genève se propose de nous dérouiller à l’aide de cinq nouvelles compositions ainsi qu’une reprise des Français d’Arkhon Infaustus ("Domination Xtasy") dispensée pour l’occasion en fin de parcours. Là encore, Eggs Of Gomorrh ne va rien révolutionner mais son sens de la formule ultra-efficace associé à une production équilibrée et dynamique font tout de suite mouche. Alors bien entendu, je pourrais presque m’arrêter là dans la mesure où, en plus d’être particulièrement en retard sur le sujet, ceux qui se sont déjà penchés sur la question savent pertinemment à quoi s’attendre et qu’à l’inverse ceux qui ne savent pas de quoi il retourne, ont néanmoins sûrement déjà compris à la lecture de ces quelques lignes qu’ils risquaient de se faire sérieusement secoués. Cependant, on va quand même essayé de bien faire les choses...
Passé ainsi les premières secondes de cette introduction inquiétante dont émane une atmosphère post-apocalyptique qui à titre personnel m’évoque la série Dark, Eggs Of Gomorrh fait ce qu’il sait faire de mieux : enchaîner les bourre-pifs à une vitesse qui frise l’hystérie. Certes, les riffs dispensés par la formation n’ont en soit rien de bien sorcier mais cette exécution un brin foutraque et extrêmement jusqu’au-boutiste les rendent une fois encore extrêmement efficaces. Car on pourra bien dire ce que l’on veut au sujet des Genevois, notamment (et à raison) que leur musique s’inscrit dans le registre d’un Black / Death tout ce qu’il y a de plus balisé qui n’a rien de bien nouveau à apporter depuis que des groupes comme Archgoat, Blaphemy, Conqueror ou Revenge s’y sont essayés depuis déjà plusieurs décennies, il n’en reste pas moins aujourd’hui l’un des meilleurs disciples en activité.
Aussi, outre ce riffing chaotique et infernal exécuté le couteau entre les dents avec la furieuse envie d’en découdre (chaque seconde est une véritable punition administrée avec force et détermination), on pourra également souligner le caractère frontal de cette batterie elle aussi particulièrement énervée dont les blasts et autres séquences syncopées pleuvent comme la pluie un jour d’hiver à Brest... En effet derrière ses fûts, monsieur GOATPERV_ ne fait pas semblant et participe grandement à l’effort collectif pour faire de ces seize minutes un moment de très grande frénésie. Cependant et si le groupe passe le plus clair de son temps la tête dans le guidon, on saura apprécier à leur juste valeur ces quelques ralentissements et autres changements de rythme mis à profit pour rompre (très) brièvement avec ces attaques fulgurantes et autres déferlantes de violences auditives qui n’ont de cesse de s’abattre sur nous.
Pour conclure ce
Outpregnate, Eggs Of Gomorrh a fait le choix de reprendre l’un des groupes de Black Metal français les plus radical qu’ai connu la scène hexagonale. Passé ainsi entre les mains du groupe suisse, le titre "Domination Xtasy" perd près d’une minute au compteur et gagne en sauvagerie et en brutalité pour une conclusion des plus radicales et extrêmes. Un exercice de reprise évidemment réussi haut la main et qui vient mettre un point final à un EP aussi court que jouissif et libérateur.
Dans le genre Black / Death sauvage et excessif exécuté avec un semblant de finesse (comprendre par le biais d’une formule équilibrée, autant dans son instrumentation que dans sa captation et dans sa restitution), celui d’Eggs Of Gomorrh est effectivement l’un des meilleurs que l’on puisse trouver dans le genre. Encore une fois les Suisses n’ont rien inventés mais cette exécution radicale et particulièrement sauvage ne manquera pas de faire le bonheur de tous les amateurs de ce type de musique hystérique, implacable et impitoyable. Bref, attendez-vous à transpirer à grosses goutes.
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