Maintenant que mon retard est enfin rattrapé, je vais pouvoir me pencher sur l’actualité des Suisses de Eggs Of Gomorrh dont, justement, le deuxième album vient de paraître. Alors j’aurai pu attendre encore quelques jours avant de vous en parler (c’était d’ailleurs ce qui était initialement prévu, notamment pour vous permettre de souffler un petit peu après ces deux chroniques (celles de
Outpregnate et
Encomium Of Depraved Instincts) publiées coup sur coup), sauf que le groupe vient d’annoncer la sortie d’un split en compagnie des Américains de Weregoat (vous la sentez la grosse finesse qui se profile à l’horizon ?). Intitulé
Orgiastic Rape Of Resurrected Remains, cette joyeuse collaboration verra le jour an août prochain via Iron Bonehead Productions. Du coup, je préfère prendre les devants aujourd’hui plutôt que de me retrouver une fois encore à la bourre dans quelques semaines...
Intitulé
Wombspreader, ce nouvel album marque en quelque sorte un nouveau départ pour le groupe puisqu’après deux sorties consécutives sur le label français Krucyator Productions, les Suisses sont allés trouver refuge chez les Polonais de Godz Ov War Productions qui derrière ses airs de labels de seconde zone, a tout de même produit ces derniers mois quelques sorties particulièrement recommandables (Persecutory, Azothyst, Phalanx Inferno, Kadavereich...). Ce changement de label s’accompagne également pour l’occasion d’une collaboration avec l’artiste indonésien Jenglot Hitam qui dans la lignée d’un Daniel Corcuera signe là une œuvre chargée de détails particulièrement charmants…
Sans trop de surprise, il s’agit là des seuls véritables changements recensés à l’écoute de ce nouvel album puisque pour le reste, Eggs Of Gomorrh marche ici dans les pas de ses précédentes réalisations. On va donc retrouver ce fameux Black / Death particulièrement sauvage et intense sur lequel la formation originaire de Genève a bâti sa solide réputation. Une approche toujours aussi radicale et bas du front qui derrière ce caractère jusqu’au-boutiste pouvant sembler quelque peu redondant, révèle surtout une efficacité extrême et un goût naturellement prononcé pour le chaos et la destruction.
Comme toujours avec les Suisses, cela se manifeste à travers des compositions explosives menées pour l’essentiel sous la barre des quatre minutes (à l’exception de "Wombspreader" et "Hateraped Oblivion" qui les dépassent de peu). Une approche frontale et dénuée de finesse où les riffs Black Metal incisifs (et plus tarabiscotés qu’il n’y paraît de prime abord) exécutés à toute berzingue et autres secousses à base de blasts effrénés et débilitants s’imposent par la force pour régner en maitres sur ces trente-cinq minutes particulièrement éreintantes. Une demi-heure des plus musclées lors desquelles les pauses vont se faire rares et finalement assez peu reposantes. En effet, on note ici ou là quelques baisses volontaires de régime ("Flail Of Obedience" à 2:01, "Disciples Of Terror" à 1:04, l’instrumental "Då Svartdöd Nalkas" ainsi que ces quelques courtes introductions et conclusions bruitistes signés des mains d’un certain Stigma Yuga, les premières secondes moins en tension de "Hateraped Oblivion" suivi de ce break entamé à 1:24, "Nefarious Incision" à 1:08...) qui vont notamment nous permettre de reprendre brièvement notre souffle et au passage apporter un petit peu de relief à une formule punitive et excessive aussi jouissive que fatigante. Cette démonstration de force et de violence exacerbée est mise en avant par une production toujours aussi impeccable qui laisse de côté la crasse, l’approximation ou l’aspect organique développés par d’autres groupes évoluant dans le même registre pour une approche plus froide et déshumanisée. Un parti pris qui confère au Black / Death de Eggs Of Gomorrh un petit côté synthétique (notamment sur le son des guitares, beaucoup moins sur celui de la batterie) et implacable qui sied à ravir à ce genre de formule radicale et sans compromis aucun.
Attendu depuis près de trois ans par tous les amateurs de ce genre de petites douceurs,
Wombspreader ne déçoit absolument pas. Certes, la formule reste peu ou prou identique d’une sortie à l’autre et l’effet de surprise s'est depuis longtemps totalement évaporé. Fort heureusement, il persiste néanmoins cette efficacité de tous les instants, cette dynamique brutale et intense ainsi que cette force chaotique et implacable à laquelle il est toujours aussi vain de vouloir résister. Bref, une nouvelle mise au point aussi sévère qu’implacable de la part d’un groupe qui n’a définitivement de leçons à recevoir de personnes. Bien joué messieurs. Une fois de plus.
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