Loin de moi l’idée de vous raconter toute mon enfance mais certains albums sont tellement ancrés dans une vie, dans une histoire, qu’il est impossible de les en dissocier et de les aborder autrement que par le vécu. « Far Beyond Driven » est de ces albums qui, aux côtés de « Ride The Lightening », « Burn My Eyes », « Harmony Corruption », vous façonne une personnalité musicale qui plus de vingt ans après n’a toujours pas commencé à s’effriter. Je me souviens évidemment de ce jour de 1994 où mes oreilles en pleine apprentissage subirent pour la première fois les assauts du septième album des Texans, les yeux écarquillés, avec ce sentiment inoubliable de tenir là quelque chose d’absolument fantastique. Si
« Vulgar Display Of Power » prenait encore un peu plus ses distances avec les débuts glam du groupe, « Far Beyond Driven » atomise les derniers restes de moules-burnes et de permanentes façon Tommy Lee. Le bond réalisé par ce nouvel opus tant sur le plan du son que des compositions est tel que l’impact en serait même plus proche du death metal que du thrash en terme de brutalité.
« Far Beyond Driven » est en effet bien au-delà de tout ce que le groupe avait pondu jusque-là et quand bien même
« Vulgar Display Of Power » comportait son lot de mandales, Pantera franchit ici un nouveau cap. Premier constat au bout de deux secondes : le son est dantesque ! Produit et mixé par Terry Date et Vinnie Paul, c’est tout simplement l’une des plus grosses mandales sonores de l’époque. Assortis de cette prod colossale, les riffs d’un Dime accordé dans les chaussettes et spécialement inspiré prennent une dimension qu’ils n’avaient jamais eu jusqu’ici, tellement imposants, gras et denses, supportés par la basse grondante de Rex et le son de batterie exemplaire du frangin Abbott. Et quand la prod est au service d’un groupe en pleine grâce, le résultat ne peut être qu’énorme. Qui n’a jamais remué sa nuque sur les tubes intemporels que sont « Becoming », « 5 Minutes Alone » ou « I’m Broken » ? Qui n’a jamais eu envie de défoncer les murs de sa chambre recouverts de posters de Guns n’ Roses sur les estocades que sont « Strength Beyond Strength » ou « Slaughtered » ? Mais au-delà de ces tubes incontournables (notamment les trois premiers cités) construits autour d’un riffing passé à la postérité, absolument imparable et au groove irrésistible, « Far Beyond Driven » regorge de passages jouissifs, que ce soit un riff mémorable (le début de « Strength Beyond Strength » puis à 49’’, la fin de « I’m Broken », le début de « Slaughtered », « 25 Years » à 4’38, « Shedding Skin » à 3’52, « Throes Of Rejection » à 58’’ puis son outro), un break assassin (« Strength Beyond Strenght » à 1’09, « 5 Minutes Alone » à 3’55, « Slaughtered » à 1’57, « Use My Third Arm » à 2’32 ), les interventions solistes divines de Dime qui pose ici parmi les meilleurs solos de toute sa carrière ou les gimmicks groovy de Vinnie (notamment à la double), chaque piste comporte au moins un moment marquant (excepté le trip « Good Friends And A Bottle Of Pills », référence au titre « Good Friends And A Bottle Of Wine » de Ted Nugent) faisant la force d’un album qui ne s’essouffle jamais et dont le rythme est soutenu jusqu’à la superbe reprise finale du « Planet Caravan » de Black Sabbath. Même la seconde moitié d’album regroupant des titres moins ‘’connus’’ ne souffre aucune baisse de régime bien au contraire et ce n’est pas la boucherie « Slaughtered » (putain mais ce riff !!) qui viendra me contredire ni l’énorme « 25 Years ». Même « Hard Lines, Sunken Cheeks », probablement le titre le plus ‘’faible’’ de l’opus, s’en sort avec les honneurs d’un riff qui arrache et d’une lead mélodique presque atmosphérique excellente.
Acmé violente d’un groupe décomplexé « Far Beyond Driven » doit également sa force de frappe à un Phil Anselmo remonté comme jamais, redevable ici de ses lignes de chant les plus brutales. Fini les chansonnettes à la « Medecine Man », les hurlements du natif de la Nouvelle Orléans dégagent une puissance phénoménale telle qu’on pourrait presque les qualifier de growls (notamment sur « Slaughtered » avec ces effets rendant le chant encore plus brut), servant des textes plus personnels voire un brin torturés qu’auparavant. Un album qui finira d’asseoir Phil Anselmo comme l’un des frontmen les plus imposants de la scène metal de l’époque et marquera aussi malheureusement l’escalade dans la débauche et l’utilisation de stupéfiants qui auront presque fini par lui coûter la vie.
Numéro 1 au billboard US peu de temps après sa sortie malgré des critiques mitigées, apogée stylistique de Pantera en ce qui me concerne, « Far Beyond Driven » aura incontestablement marqué son époque et influencé bon nombre de groupes. Il aurait peut-être même encore plus fait parler de lui s’il était sorti avec la pochette initialement souhaitée par le groupe (cf ci-dessous). Pierre angulaire du métal des années 90 qui s’écoute encore aujourd’hui avec autant de plaisir même vingt ans après sa sortie (quasiment jour pour jour) il fait toujours la nique à bien des albums actuels et n’a certainement pas besoin d’être remasterisé. Incontournable !
8 COMMENTAIRE(S)
05/04/2014 11:40
04/04/2014 21:56
Pour la chro et l'album.
Le reste (gna gni gnagna) : FUCK OFF
25/03/2014 12:04
25/03/2014 11:37
Mon préféré avec "Cowboys From Hell".
24/03/2014 20:00
24/03/2014 17:58
Bon j'aurais pu mettre 9,5 mais j'avais envie de marquer le coup et puis c'est son anniversaire non ?
24/03/2014 15:50
24/03/2014 15:41
Content de voir cette chronique en ligne. Ça fait du bien de se souvenir de ses classiques.