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Helslakt - Corruption 2.0
Chronique
Helslakt Corruption 2.0
Curieux mélange que ce choix de titre « moderne » (so 2010) pour illustrer une musique rigoriste, pour ne pas dire profondément passéiste… Cependant, il prend tout son sens une fois que l’on a compris que « Corruption 2.0 » est une réécriture améliorée de l’album « Corruption » de 2010. En effet, tout a changé depuis cette époque : le line-up s’est vu amputer de trois personnes (les deux guitaristes et le chanteur), les noms des compositions ont été modifiés, la durée a quasiment doublé, tout cela étant le fruit du labeur de Drevsroth Ninhvarth, qui délaisse la basse au profit du chant, et de Nitverk Skoggath, anciennement batteur et qui a maintenant la responsabilité de l’ensemble des instruments… L’illustration subit également un lifting grâce à un superbe artwork signé Boris Rodrigues qui attire immédiatement l’attention et attise la convoitise.
Sincèrement, je n’ai pas retenu l’option de d’abord écouter « Corruption » avant de me pencher sur sa version 2.0. J’ai attaqué directement dans le dur, instantanément happé par la beauté livide de ce black metal lancinant, organique et maladif. Il y a quand même quelque chose de pourri en Suisse, l’envers du décor n’est pas beau à voir, encore moins à entendre. En effet, le désormais duo, dans son inexorable avancée vers l’agonie, narre en sept chapitres tous les degrés de l’ordure, du vil, du sale, profitant des pièces les plus longues pour intégrer des plages ambiantes qui, loin d’être de piètres remplissages, permettent aux compositions de développer d’autres aspects que ceux brutalement frontaux. En effet, si le black d’HELSLAKT est fondamentalement construit autour d’une instrumentation classique (guitare, basse, batterie, chant), celle-ci parvient cependant à se faire éther, à toucher au sublime dans ce qu’elle suggère d’impalpable. Voilà typiquement le genre de disque qui me fait mieux comprendre le rapport qu’a Sakrifiss avec la dimension visuelle (clips, concerts…) du black metal : ce « Corruption 2.0 » se montre tellement décharné, quelque part effrayant dans sa maigreur, son aigreur, qu’on ne peut que l’imaginer échappé de l’au-delà, animé par des âmes plutôt que des corps… Et pourtant, je crève désormais d’envie d’assister à un rituel live parce qu’il est parfois tout aussi glaçant de se rendre compte que tant de malignité puisse être engendrée par une poignée de carnes malfaisantes.
J’évoquais plus haut une certaine lenteur dans la musique des Suisses. Mais ce même tempo funèbre ne saurait rester attractif durant plus d’une heure. Aussi le duo prend-il bien soin de proposer quelques accélérations impitoyables, soit de façon sporadique dans les compositions les plus étirées, sauf de façon brutalement constante, à l’image d’un « Helsluts in the Bishop’s Crypt » salvateur, brûlant. Ma seule crainte portait en définitive sur les près de vingt minutes d’« Helslakt and Abel », peur infondée compte-tenu de la richesse du morceau qui, quelque part, vient synthétiser le style du groupe tout en y apportant une touche ambiant ritualiste idéale pour conclure ce sans-faute.
Au regard de la qualité de cette réécriture, je suis désormais extrêmement curieux de découvrir l’original, même si je l’imagine mal complètement loupé. De même, il s’agira à présent d’écouter « D’une mélomanie perverse au leitmotiv d’Helslakt », le premier LP de 2008, afin de mieux comprendre le parcours de ces musiciens inspirés.
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