Seher - Nachzehrer
Chronique
Seher Nachzehrer
Quel que soit son style la scène musicale est trop souvent encombrée par des masses d’artistes et de groupes absolument infâmes et qui pourtant via un sponsoring intensif des télés et radios remportent un succès massif, alors que d’autres dont la qualité est incroyable resteront à tout jamais dans les limbes de l’underground, seulement connus par une poignée d’initiés qui ont fait l’effort de travail et de recherche en ne se contentant pas de prendre ce que les grands médias leur donne. SEHER est un exemple parfait de ces arguments et il mérite qu’on prenne le temps de le découvrir tant il risque de marquer les esprits avec ce premier album d’une réussite et d’une froideur totale en parfaite adéquation avec sa pochette et le côté mystérieux voulu par le quatuor, car celui-ci est quasiment invisible au niveau des informations divulguées, toujours est-il qu’il fait preuve d’une grand maturité puisqu’après s’être formé en 2014 à Berlin il a sorti dans la foulée une première démo suivie par ce « Nachzehrer » incroyablement prenant.
Sous ce titre d’album original se cache en fait une personne devenue une sorte de vampire dont la croyance était très répandue dans le folklore du nord de l’Allemagne, et selon la légende le défunt arrivait dans cet état le plus souvent suite à un suicide, une mort accidentelle, voire une maladie. On voit donc que le quatuor est attaché à ses traditions locales, d’autant plus que pour mettre mieux en valeur sa thématique il a décidé de chanter uniquement dans sa langue natale, ce qui colle très bien à l’ensemble et à la musique particulièrement sombre, froide et mélancolique.
Celle-ci en effet oscille entre un côté Post-Black assez actuel, un côté légèrement dépressif typique du SHINING suédois ou des premiers FORGOTTEN TOMB, et la scène suédoise des 90’s avec un soupçon de NAGLFAR et un peu de MARDUK de la grande époque vu que le chant n’est pas sans rappeler celui de Legion, du coup difficile de classer la bande dans une case bien précise ce dont on s’aperçoit dès que retentit les premiers coups de batterie du morceau-titre. Car tournant autour de quelques riffs simples et dépouillés cette première compo nous emmène pendant presque dix minutes dans un voyage mystérieux et occulte car alternant intelligemment entre parties plutôt lentes et d’autres plus rapides l’ensemble est réhaussé par des nappes de clavier prenantes mais qui reste très discrètes, ce qui fait que l’espace sonore est parfaitement utilisé et évite l’écueil de la monotonie malgré un côté linéaire assumé mais qui paradoxalement n’est pas du tout ennuyeux. Ici rien de brutal, on mise sur la froideur et les ambiances tout en n’hésitant pas à s’égosiller et jouer de manière plus rapide, tout en le faisant avec parcimonie car la priorité est donné aux passages instrumentaux et planants, d’ailleurs il faut saluer la qualité de la production parfaitement adaptée et qui a un peu côté « Raw » car elle reste crue et naturelle tout en étant audible et équilibrée, bref on est loin des sons de grottes ou sous-bois infâmes où l’on entend que des larsens et borborygmes.
Avec « Geist » on est presque dans l’éloge de la lenteur car durant les trois premières minutes on se balade en pleine douceur et tristesse avec ces arpèges de guitare et cette batterie calme et lente, avant qu’ensuite la voix écorchée ne fasse son apparition au moment où le tempo s’emballe un peu, d’ailleurs durant les douze minutes que dure cette compo on aura droit à de nombreux changements de rythmes où les accélérations courtes et efficaces laissent beaucoup de place à quelques relents de Doom et de mid-tempo, où un petit solo et des breaks apparaissent afin de diversifier l’ensemble qui passe comme une lettre à la poste. « Mensch » est la suite logique de la plage précédente car là-aussi on débute de manière très lente et glaciale avec des notes et des cordes de guitares qui sont coupantes comme des barbelés et qui s’excitent quand quelques blasts se retrouvent dispersés ici et là entre d’autres parties plus ralenties. Là-aussi un break ingénieux et nécessaire apparaît où la neige et le brouillard se mêlent aux accords des instruments qui créent une accalmie apaisant entre des solos superbes et une atmosphère à cheval entre plénitude et peur, qui sert de tremplin idéal au petit instrumental de fin intitulé « Donner ». Là on est en plein recueillement, il faut dire que la guitare démarre seule de manière presque plaintive avec en arrière-plan le bruit du vent et de la pluie qui tombe, avec l’orage que l’on entend au loin, et cet ensemble se montre parfait pour terminer et en raccord avec le reste.
Malgré un style qui peut paraître monocorde et répétitif les berlinois ont réussi l’exploit de signer un petit bijou qui s’écoute d’une traite malgré la longueur des morceaux, on sent déjà un très grand potentiel avec des gars qui ont tout compris en n’en faisant pas des caisses et en y ajoutant des arrangements simples mais vraiment bien foutus (avec en prime en bonus leur démo où les bases étaient déjà posées), ce qui fait qu’on a du mal à décrocher avant la fin une fois qu’on a commencé l’écoute qui nous embarque dans un mix entre les ténèbres et le rêve où se joint un avenir sombre, tout le contraire de celui du quartet qui s’annonce radieux dans le futur s’il continue comme ça.
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