White Wizzard - The Devil's Cut
Chronique
White Wizzard The Devil's Cut
Ma rencontre tardive avec White Wizzard s'explique surtout par un nom ridicule mal orthographié et des artworks immondes. Pourtant, j'estime être tolérant en matière de mauvais goût visuel pour ce qui est une habitude, un gimmick même, dans le heavy metal, mais les Américains franchissaient une ligne dont je préférais rester de l'autre côté. Je croisais ainsi régulièrement le nom du combo depuis des années à force de m'occuper des news pour le site. Cependant, la seule vision des pochettes de Over The Top puis Flying Tigers me faisait détourner le regard. White Wizzard va encore plus loin avec The Devil's Cut. Qu'est-ce que c'est que ces putain de couleurs criardes?! Difficile dès lors de prendre le groupe au sérieux! Il faudra attendre la lecture d'une chronique sur un webzine, qualifiant le nouveau disque des Californiens de meilleur album de heavy pour 2013, pour que ma curiosité soit enfin piquée. Et effectivement, une fois qu'on a écouté White Wizzard, on n'a plus du tout envie de rigoler.
Après tout, avec une épée dans son logo, un membre qui pose en t-shirt King Diamond sur la backcover et des titres de morceaux comprenant "Steel", "Iron", "Devil", "Storm" et "Rise", une piste signant même le combo "Kings"/"Highway", White Wizzard ne pouvait pas foncièrement être mauvais. Alors non, il ne l'est pas. Il est même foutrement bandant! Quelle claque j'ai prise à l'écoute de ce The Devil's Cut imparable! Et ça pétille dans les oreilles dès le début. Passée l'intro "Forging The Steel" sur laquelle White Wizzard fait déjà montre d'un talent certain en matière de feeling mélodique, "Strike The Iron" confirme dès la première rencontre que l'on n'a pas affaire à des kékés. Il s'agit même du meilleur morceau de l'opus qui contient pourtant un paquet de perles. Sur près de 7 minutes, le Sorcier Blanc (RIP Bruno Metsu!) fait étalage de toute sa classe. Riffs inspirés, solos magiques, rythmique rapide entraînante, basse extravertie, technicité supérieure, lignes de chant mémorables, production limpide, il y a tout pour combler le plus exigeant des fans de heavy. On notera aussi ce bref break oriental à 3'45 qui rappelle fortement les excellents Suédois de Katana, gage de qualité. Ce morceau à la fois riche et efficace vaut à lui seul l'achat du CD, sorti en juin dernier sur Earache Records. Le titre suivant, "Kings Of The Highway", se montre lui moins démonstratif, plus direct et mid-tempo, mais tout aussi convaincant. Et White Wizzard d'enchaîner les bombes avec une aisance déconcertante. La maîtrise technique des musiciens alliée à un feeling exemplaire permet à la formation de briller dans tous les registres, que ce soit les hits catchy de 4 minutes ou les compositions plus fouillées (le morceau de clôture, atteint presque les 10 minutes!). Les Californiens font aussi dans la ballade sur "Steal Your Mind". Une réussite même si j'avoue être un "sucker" pour les ballades heavy. Il y a un cœur sous les blasts! Au pire, si vous êtes beaucoup moins adeptes que moi, la deuxième partie du morceau se fait plus dynamique.
Ce qui impressionne, c'est que White Wizzard arrive à conserver son niveau tout du long des 50 minutes de The Devil's Cut qu'on ne voit du coup pas passer. Presque pas de temps faibles, de passages moins inspirés. Tout au plus peut-on classer "The Devil's Cut" et "Storm Chaser" légèrement en-dessous des autres alors que la plupart des groupes seraient bien incapables de composer de tels morceaux. Preuve que ce troisième full-length du combo de L.A. est une belle démonstration de heavy metal. Le secret du groupe? Pas du tout un secret en fait. La réussite de The Devil's Cut tient surtout en deux aspects, toujours les mêmes. D'abord des parties de guitare intéressantes avec riffs en acier et solos/leads mélodiques chatoyants (ça shredde quoi!). Le maître à penser Jon Leon, qui s'occupe ici de la guitare rythmique (et de la basse) a su s'entourer de musiciens ultra compétents, Jake Dreyer et Will Wallner, au toucher et au feeling indéniables. D'autant plus impressionnant que je ne les connaissais absolument pas. Ensuite, des lignes de chant dynamiques et marquantes. Joseph Michael m'était lui aussi inconnu jusque-là, il délivre pourtant une prestation tout aussi incroyable. Le bonhomme trouve toujours de quoi porter au mieux les compositions tout en étant techniquement irréprochable, se permettant même souvent des envolées aiguës jouissives. Classique mais redoutable!
Classique, ce sera d'ailleurs un des rares "reproches" que l'on pourra faire à White Wizzard. On ne va pas le cacher, le combo de L.A. va chercher son inspiration, comme beaucoup, chez Iron Maiden. La basse à la Harris qui virevolte entre les lignes de guitare et les leads sautillantes notamment, l'influence est plus que palpable. On flaire aussi du Riot. Mais le quintette a suffisamment de talent et de qualités pour se démarquer de la masse. Qui recherche originalité ou personnalité en écoutant du heavy de toute façon? Ce qu'on attend, c'est une musique efficace et catchie blindée de solos pour faire du air guitar et de lignes de chant qui rentrent facilement en tête. Ce que fait très bien White Wizzard. Et bien plus encore.
Je cherchais à compléter mon podium heavy 2013 squatté par Satan et Enforcer, j'ai enfin trouvé un troisième larron digne d'y figurer. Je n'ai pas encore écouté le nouveau Hell, Witch Cross m'a déçu avec son Axe To Grind et je sens moyen le retour de Chastain avec Leather, ce sera donc White Wizzard et ce The Devil's Cut que je ne me lasse pas d'écouter. À la fois riche, efficace et techniquement au poil, l'album se pose en indispensable pour tous les fans du genre. Si vous en faites partie et n'avez toujours pas posé les oreilles dessus, ne vous fiez pas à la pochette monstrueuse et allez vite réparer votre erreur. Malheureusement, l'avenir s'annonce assez sombre pour le groupe puisque tous les membres se sont fait la malle, laissant le pauvre Jon Leon seul aux manettes. Une habitude pour un combo qui voit souvent son line-up remanié. Pire, Earache a lui aussi lâché la formation après le fiasco d'une tournée qui a d'abord vu le départ du chanteur Joseph Michael suite à de graves tensions avec Jon Leon, puis des deux guitaristes. Le batteur Giovanni Durst avait lui quitté le navire juste après la sortie de l'album. Quel bordel! Espérons qu'il ne s'agisse que d'une mauvaise passe et que Leon saura trouver des musiciens aussi talentueux que ceux de The Devil's Cut et un label aussi réputé que Earache pour soutenir la bande et un éventuel prochain disque. Ce serait en effet bien dommage de voir l'aventure White Wizzard stoppée en pleine gloire.
| Keyser 22 Décembre 2013 - 1586 lectures |
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