Pour un premier album du PRIEST chroniqué sur thrasho, vous vous attendiez sûrement plus à voir surgir de la hotte l'inoxydable « Painkiller » en lieu et place de « Angel Of Retribution ». Un album qui marquait le retour au bercail de Rob Halford, quatre ans après le comeback de Bruce Dickinson au sein de la vierge de fer. A en croire les réactions mitigées d'une partie de la critique et du public, il faut croire que beaucoup attendaient un « Painkiller » bis, ou tout du moins, le même lifting brutal opéré en 1990 et qui avait valu à JUDAS PRIEST de tenir la dragée haute aux formations thrash les plus en vue à l'époque. Sauf qu'au moment de la sortie de « Angel Of Retribution », la donne a bien changé et les rythmiques up tempo du thrash tel qu'on l'entendait quinze ans en arrière ne font plus peur à grand monde, l'ultra guttural brutal slammoshing death metal (entre autres joyeusetés) ayant (dé)formé les oreilles des nouvelles générations de metalheads avides de sensations toujours plus fortes. Dans ce contexte, attendre des vieilles gloires K.K. Downing et Glen Tipton qu'ils se fassent violence pour sortir l'album le plus intense du PRIEST relevait de la gageure. Raisonnablement, les anglais se sont plus attachés à sortir un album solide que de jouer la carte de la surenchère, délaissant le caractère thrash d'une partie de leur répertoire (tous les albums de JUDAS n'étant pas des monstres de rapidité, loin s'en faut) au profit d'une approche plus rock qui leur va très bien. Alors bien sûr, on pourra regretter à juste titre un léger manque de flambe dans certaines passes d'armes lead, la plus significative d'entre elles –
sur « Demonizer » à 2:33 - faisant regretter la virtuosité d'un lointain
« Ram It Down ». Mais une fois intégré le fait que « Angel Of Retribution » est un album plutôt paisible, il n'y a aucune raison de bouder son plaisir à l'écoute des huit titres de « A.O.R. ».
Seulement huit titres? Hé bien j'ai beau être tolérant en matière de guimauve, vous pouvez d'ores et déjà écarter des débats la nullissime « Angel », une pauvre ballade qui fait regretter le savoir faire folk de Dickinson en la matière, et l'inutile intermède mélancolique de « Eulogy », qui n'a pour effet que de casser le rythme déjà un poil poussif de la deuxième moitié de l'album. Ces réserves émises, on trouve tout de même ici de quoi assouvir quelques penchants heavy métalliques primaires avec une « Judas Rising » dont la lourdeur du tempo surprend au premier abord, dans la mesure ou l'on s'attend à ce que JUDAS PRIEST fasse parler la poudre d'entrée de jeu. En vérité, il faudra patienter jusqu'à la piste cinq pour trouver un titre un tant soit peu bourrin (« Demonizer ») sur lequel le metal god lâche enfin les chevaux ; car hormis les screams introductifs de « Judas Rising » et le final jouissif de « Demonizer » à 4:03, Rob Halford la joue sobre. Pas de hurlement incessants tournoyant tel une horde de charognards au dessus des sympatisants de la cause heavy à attendre ici, mais une prestation globalement impeccable du metal god, qui avait déjà su s'effacer au profit des compositions dans FIGHT. Troisième et dernière incursion en territoire guerrier, la martiale « Hellrider » et ses choeurs fédérateurs à mi parcours. Un bon titre, mais rien d'exceptionnel qui le place de près ou de loin dans la catégorie des classiques indémodables. Le reste du programme, d'obédience mid tempo, est plus réjouissant car aussi efficaces soit-ils, aucun des trois titres « brutaux » pré-cités n'aurait trouvé leur place sur un « Painkiller » bien plus inspiré en la matière.
De l'autre côté de la barrière, « Deal With The Devil », sans doute la plus dynamique du lot, est un régal de heavy rock plombé que les deux guitaristes s'appliquent à caviarder d'interventions aussi brèves que judicieuses, avant de rivaliser de feeling lors des traditionnels solis post-chorus. Le classic hard rock reprend ensuite ses droits sur « Revolution », typiquement le genre d'hymne catchy conçu pour chauffer le public -
impossible de ne pas avoir envie de gueuler « Revolution! » à 1:39 – et permettre à Rob d'économiser ses cordes vocales. Ultra efficace, comme ce « Wheels Of Fire » dont les lignes mélodiques simplissimes, qui vous accrochent dès les premières secondes, prouvent qu'il n'est nul besoin de faire étalage de toute sa technique pour accoucher d'un bon titre. Le démarrage bluesy de « Worth Fighting For » évoque bien entendu AC/DC pour un résultat satisfaisant, le seul reproche que je fasse à son encontre étant son positionnement trop avancé dans un tracklisting qui aurait tiré avantage d'un coup de semonce rythmique. Enfin, pas de très bon album sans un morceau d'exception et « Lochness », longue pièce progressive de plus de treize minutes, remplit parfaitement sa fonction d'indispensable. D'une lourdeur implacable, portée par un refrain superbe et gratifiée de solis dont seuls Tipton et Downing semblent avoir le secret, « Lochness » est à ce point réussie que les 13:22 minutes paraissent en durer six, tout au plus. Ajoutez à cela que la première partie du refrain reprend note pour note un des thèmes de Goldorak (essayez de le siffloter en accélérant le rythme, vous verrez!), et vous obtenez un chef d'oeuvre qui justifie à lui tout seul l'acquisition de la galette. A écouter sans modération, en se demandant pourquoi le grand stratégaire persistait à n'envoyer qu'un seul golgoth à l'abattoir face au prince d'euphor.
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