En ces temps tourmentés où la morale est malmenée par quelques fous furieux radicaux guidés par l'argent à outrance, l'aveuglement religieux ou tout simplement leur bite, on aime à retrouver le réconfort dans ces plaisirs simples et rassurants comme celui de se replonger dans un album mythique qui vous a suivi depuis des années, plus fidèle (et beaucoup moins sale) que le plus fidèle des roquets de salon. Nous avons donc décidés avec mon ami Toto de faire un bond de trente et un ans dans le passé, ni plus ni moins, afin de célébrer comme il se doit « Killers », deuxième opus d'une Vierge de Fer qui était loin de soupçonner à l'époque jusqu'où cette aventure allait la mener. En 1981 donc, un an à peine après avoir posé une première pierre à l'édifice de cette carrière qui semble aujourd'hui aussi longue que la liste des conquêtes sexuelles de D.S.K., IRON MAIDEN est de retour avec un deuxième album qui surclasse sans peine un éponyme encore trop juvénile et inconstant qui en constituerait presque un brouillon, jusque dans sa pochette. Un véritable gouffre sépare en effet ces deux offrandes, tant en terme de maturité des compositions que de technique musicienne pure. L'album qui voit l'arrivée d' Adrian Smith (ex-EVIL WAYS chez qui il croisait déjà le fer avec son binome et qui remplace ici Dennis Stratton) aux côtés de Dave Murray pour une collaboration virtuose et vertueuse de presque dix ans regorge de bijoux et de classiques dont on se demande comment certains ont pu ne pas squatter plus longtemps la setlist des londoniens ( « Hey Steve! ''Murders In The Rue Morgue'', ''Killers'', ça te dit quelque chose? »). Retour donc à l'époque où vos deux serviteurs n'étaient encore que deux petites têtes blondes (enfin en ce qui me concerne en tout cas, je n'ai aucune certitude sur le fait que Toto ait un jour eu des cheveux) et où Steve Harris et ses sbires écrivait l'une des plus belles pages de la NWOBHM.
Et tant qu’à verser dans la chronique judiciaire de basse fosse, la récente condamnation de Paul « The Beast » Di Anno pour fraude à la pension d’invalidité en dit long sur l’âge canonique de la galette. Une galette de rois du heavy en devenir après un premier album éponyme couronné de succès au Royaume Uni, ce « Killers » atypique et speedé (qu'ils ont bien fait de réintégrer "Twilight Zone" dans le tracklisting!) marquant une étape supplémentaire dans l’ascension fulgurante de Steve Harris et ses boys. Car au-delà des particularismes d’un line-up au sein duquel ne figurent pas encore les piliers à venir Nicko McBrain et Bruce Dickinson mais qui se renforce sensiblement avec l’arrivée d’Adrian, le format court des onze titres et l’approche très directe de la plupart d’entre eux font de ce 2ème full length un skeud définitivement à part. Onze morceaux déjà, c’est trois de plus que dans toutes les sorties à venir de la vierge de fer jusqu’au remplissage regrettable dont souffrent « No Prayer For The Dying » et
« Fear Of The Dark ». Un programme plus long qu’à l’accoutumée donc, singularité renforcée par la présence de deux instrumentaux dans le tracklisting (« The Ides Of March », « Genghis Khan »). Une aubaine quand on n’aura que le seul « Losfer Words (Big ‘Orra) » à se mettre sous la dent durant la décennie suivante ! L’autre différence marquante, au-delà d’un contenu agressif qui cèdera peu à peu du terrain face aux aspirations progressives des Anglais, reste bien entendu son chanteur, un Paul Di Anno en état de grâce, dans un registre de bad boy bien moins lyrique que celui de Dickinson.
Malgré un son ayant encore un pied dans les années 70 (la production toujours signée par Martin Birch, ancien producteur de DEEP PURPLE), l'approche sensiblement plus frontale de « Killers » l'ancre sans conteste dans l'explosion heavy du début de la décennie suivante. Ses mélodies capiteuses (rien que l'intro « The Ides Of March » est à tomber par terre), la voix de loubard de Di'Anno, ses riffs tous plus remarquables et entêtants les uns que les autres (mention spéciale évidemment aux tubes « Wrathchild », « Murders In The Rue Morgue » [peut-être le meilleur titre de la première moitié de carrière du groupe], « Killers »), l'entente plus que cordiale Murray/Smith qui paraissent jouer ensemble depuis déjà un siècle tant l'osmose est parfaite, gratifiant l'album de leads de haute volée inoubliables, bref tout fait de ce deuxième opus une totale réussite et par là même un classique instantané. Une fois de plus verrouillé par le taulier Steve Harris en terme de composition, « Killers » restera longtemps une pièce maîtresse de la discographie des Anglais, aujourd'hui malheureusement un peu oubliée (en live notamment), annonçant le vénéré
« The Number Of The Beast », autre pierre angulaire incontournable d'une scène qu'ils ont ô combien participé à façonner.
Définitivement consacré sur ses terres avec "Killers", IRON MAIDEN délaissera les clubs rappelant les premières années de galère (voir l'édifiant DVD "The History Of Iron Maiden Pt.1" pour s'en convaincre) pour une tournée mondiale qui finira d'écrémer pour de bon le line-up des Anglais : bien incapable de gérer de front succès grandissant et excès en tous genres, Paul Di'Anno prendra la porte et passera à côté de sa carrière, quand le batteur Clive Burr, sur les rotules, jettera l'éponge un album plus tard. En ce sens, "Killers" fait date car non content de tenir encore et toujours la dragée haute aux meilleures productions du groupe, son caractère atypique, chaleureusement rock et sévèrement burné en fait un indispensable d'une discographie qui accumulera volontiers les titres épiques au détriment de l'efficacité primaire d'une "Purgatory" (3:20), "Wrathchild" (2:54) ou encore "Genghis Khan" (3:06). Mais ce qui prend toujours aux tripes lorsqu'on arpente à nouveaux ces rues sombres pavées de mauvaises rencontres (superbe artwork de Derek Riggs), c'est encore cette magnifique "Prodigal Son", qui conserve un pied dans le proche passé et sur laquelle Paul Di'Anno semble possédé, touché par la grâce. Une petite merveille folk où feeling seventies et mélancolie font bon ménage, un registre que le groupe n'abordera que trop rarement par la suite sur "Weekend Warrior" ou encore la récente "Coming Home". Seul bémol? Allez, peut être "Drifter" un cran en dessous du reste mais sinon rien à jeter, du durable, de l'inoxydable même pour un de nos premiers émois métalliques, toujours dans le top ten des meilleurs skeuds qui soient trente ans après sa sortie!
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