Ces derniers temps, Iron Maiden nous a habitué à des sorties régulières de Best-Of ou autres rééditions s'avérant d'une utilité bien restreinte (à moins d'être accroc au groupe au point de tout collectionner sur eux) d'autant plus que, parallèlement, la discographie studio des britanniques n'évolue pas si rapidement (un album tous les 3 ans en moyenne depuis
« Fear of the dark »). C'est dans ce contexte qu'en 2004, la bande à Steve Harris annonce son intention de sortir plusieurs DVD destinés à retracer la carrière de la Vierge de Fer, ce qui s'avère être un projet ambitieux, le groupe fêtant tout de même cette année ses 30 ans d'existence. Nouvelle arnaque destinée à mettre un peu plus à contribution le porte-monnaie des fans ou volonté sérieuse d'offrir un témoignage véritablement instructif sur l'histoire du groupe, c'est la question à laquelle je vous propose de répondre aujourd'hui.
Comme vous l'aurez sûrement compris, ce double DVD intitulé « Part 1 : The early days » s'attache tout particulièrement à relater l'âge d'or du groupe, soit de l'année 1975 à l'année 1983. Le premiers DVD renferme ainsi 3 concerts filmés entre 1981 et 1983 pour un total de 2h de musique. Le second, quand à lui, est vraiment la page d'histoire de cette époque, réunissant de nombreux témoignages de personnes ayant partagé la vie du groupe ainsi qu'un documentaire de 20 mn datant de 1981, plus une multitude de documents vidéos assez rares. Bref, sur le papier, c'est du lourd. Mais qu'en est-il de la qualité du contenu ?
DVD 1 :
Live at the rainbow (1980) : il s'agit de la toute première vidéo live d'Iron Maiden bien que le groupe ne comptait que 5 années d'existence et 2 albums à son actif. La qualité visuelle est franchement bonne pour l'époque et, niveau set-list, on sent bien que certains titres sont déjà des classiques (comme « Wrathchild » et
« Killers »), et, surtout, le groupe a déjà un style bien à lui, même si les premières compositions s'avèrent plus bruts, moins fouillées, que le reste de la discographie. En ce qui concerne l'exécution des morceaux, rien à dire : le groupe maîtrise son sujet et est déjà très pro avec une véritable complémentarité entre les 2 guitaristes Dave Murray et Adrian Smith. La prestation au chant de DiAnno m'a également agréablement surpris : sa voix assez rocailleuse se marie très bien avec les passages les plus heavy mais il sait cependant adapter son registre sur les passages plus calmes (« Remember tomorrow ») avec réussite. Néanmoins, on ne peut pas dire que le groupe en fasse des tonnes niveau présence scénique, le stress d'une première vidéo y étant sûrement pour beaucoup. Malgré tout, ce live laisse une excellente empreinte visuelle de ce qui fut l'un des meilleurs line-ups du groupe.
Beast of Hammersmith (1982) : c'est ici son premier concert en tête d'affiche que le groupe a choisi d'immortaliser. Il s'agit également d'une des premières apparitions scéniques de Dickinson qui remplace DiAnno remercié quelques temps auparavant. La nouvelle recrue a apporté avec lui beaucoup d'énergie mais aussi des capacités vocales plus étendues qui sont largement mises à contribution sur les nouveaux morceaux tels que « Hallowed be thy name ». Car effectivement, l'un des atouts majeurs de ce concert est qu'il a été enregistré sur la tournée promotionnelle de
« The number of the beast » (d'où le titre de la vidéo) et la set-list fait donc la part belle aux chansons de cet album ce qui n'est pas pour me déplaire étant donné qu'il s'agit d'un de mes disques préférés. Niveau prestation, là encore, rien à redire, les musiciens sont vraiment impeccables. Il n'en est pas de même pour la qualité visuelle : l'image s'avère bien vieillotte, les cameramen semblent avoir oublié que le groupe compte deux guitaristes (le pauvre Adrian Smith étant obligé de se décaler le plus possible vers sa droite pour sortir de l'ombre), et surtout, les différents éclairages rendent le visionnage parfois difficile. Dommage donc que la qualité d'image soit un peu médiocre car la set-list est elle vraiment impressionnante.
Live at Dortmund (1983) : filmé lors d'un gros festival metal en Allemagne (avec notamment Ozzy Osbourne, Judas Priest, The Scorpions, Def Leppard à l'affiche), ce concert est un peu le symbole du succès grandissant des britanniques car, d'une part, Iron Maiden en est la tête d'affiche (ce qui n'est pas une mince affaire au regard des groupes présents), et d'autre part, car le public semble tout acquis à sa cause, n'hésitant pas à reprendre en chœur les paroles du groupes. Des morceaux emblématiques de l'album
« Piece of mind » tels que « The trooper » ou « Flight of Icarus » viennent compléter une set-list déjà bien chargés en hits. Cependant, il est a noté que la set-list n'est pas présentée dans son intégralité, la chaîne ZDF TV, propriétaire des bandes, ayant décidé de retirer la partie vidéo relative à la chanson
« Iron Maiden ». En effet, durant ce morceau, le groupe avait décidé ce soir là de marquer les esprits en sacrifiant la mascotte d'Eddie qui avait pour habitude d'errer sur scène. Mais ces images furent supprimées de la vidéo finale car jugées trop violentes pour le public européen.
DVD 2 :
The early years documentary : ce documentaire est en quelques sorte la pièce maîtresse de ce DVD, celle qui lui donne tout son sens. Il a en effet réalisé pour cette occasion (alors que les autres documents existaient déjà sur bande) et il réussit la prouesse de relater, avec une extrême précision, les 8 premières années de la vie du groupe. Pour se faire, ses réalisateurs se sont appuyés sur de nombreuses archives vidéos de l'époque mais ils se sont également fait un devoir de réunir la plupart des personnes ayant participé à la vie du groupe durant cette même période : musiciens, roadies, promoteurs, managers, directeurs de maisons de disques, tous (ou presque) ont été invités à donner leur impression sur ce qu'ils ont vécu avec le groupe au cours de ces années et ces différentes interviews servent de fil conducteur à ce documentaire. Et réunir autant d'invités n'a pas du être une mince affaire compte-tenu de la faible stabilité du line-up lors des premières années (certains membres présents sur ce DVD n'étant restés que quelques mois, voire quelques semaines, dans le groupe). En tout cas, il semble qu'un véritable esprit de famille ait perduré malgré les années. Enfin, s'il fallait tirer des enseignements du visionnage de ce documentaire, il y aurait deux choses à retenir. Premièrement, il s'agit d'une phrase symbolique de Nicko McBrain (batteur du groupe depuis 1982) à la fin du documentaire : « Steve a eu un rêve que nous vivons avec lui ». Cette phrase résume parfaitement la situation de la formation britannique : Iron Maiden reste le groupe de Steve Harris. A ses débuts, il en était le moteur, l'énergie, composant la plupart des morceaux, investissant sans arrêt dans du matériel pour la scène et, surtout, décidant de l'avenir et de l'implication des autres membres au sein du groupe. Et si le groupe a su s'imposer aussi vite auprès du public, s'est probablement en grande partie grâce à sa motivation. Ce qui m'amène au second enseignement : il est impressionnant de constater à quel point le groupe a progressé en popularité en si peu de temps. De groupe local jouant dans de petits bars à ses débuts, Iron Maiden est passé au statut de phénomène mondiale remplissant des stades en l'espace de 8 ans et 4 albums. Ce documentaire retrace donc la rapide montée en puissance du groupe au cours de ce qui fut probablement l'une des périodes les plus mouvementées de son histoire.
Extras : alors que sur certains DVD, cette partie est souvent le parent pauvre, on a ici droit à des documents d'archive d'un intérêt non négligeable comme le reportage TV en noir et blanc (mais hélas non sous-titré), « 20 th Century Box », enregistré alors que le groupe commençait seulement à se faire un nom (et dans lequel on retrouve une interview de Neal Kay, un DJ metal qui a été le premier à donner sa chance au groupe) ou bien le très rare « Live at the Ruskin » également filmé aux tous débuts du groupes avec le guitariste Dennis Stratton (qui joue sur l'album
« Iron Maiden »). On retrouve aussi différents passages télévisuels comme notamment celui de « Top of the Pops » durant lequel le groupe avait fait sensation en refusant de jouer en play-back (ce qui ne c'était plus fait depuis 10 ans) ainsi que les clips vidéos des premiers hits du groupe. Tout ceci constitue un très bon complément au premier documentaire et est en quelque sorte la cerise sur le gâteau de ce DVD.
Vous l'aurez compris, on est ici bien loin du pur produit marketing. Ce DVD s'avère être une véritable mine d'or pour toute personne s'intéressant de près ou de loin à la Vierge de Fer. Il m'a en tout cas permis de découvrir énormément d'anecdotes sur le groupe qui m'étaient jusque là inconnues. Et puis c'est aussi l'occasion de retrouver des morceaux du mythique
« The Number Of The Beast » joués lors de live de l'époque, avec ce sentiment pour le spectateur que le groupe est en train d'écrire une page de son histoire (je pense notamment au live de Dortmund). Bien sûr, la richesse de ce DVD en rend le visionnage d'une traite difficile mais une fois la lecture du documentaire « Early Years » lancée, on est totalement imprégné par le récit des différents participants, ce qui fait que le temps passe en fait très vite. Donc, après une telle première partie, on est en droit d'espérer une seconde page d'histoire tout aussi passionnante. L'attente va être longue.
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