Iron Maiden - Piece Of Mind
Chronique
Iron Maiden Piece Of Mind
Succéder à un chef-d’oeuvre n’est jamais une chose simple, d’autant plus quand il s’agit de
« The Number of the Beast » et que les grandes manœuvres s’agitent en coulisses. En effet, il y a une nouvelle fois eu du mouvement avec le départ du fantastique Clive Burr qui ne supportait plus les tournées géantes et la notoriété exponentielle du groupe britannique. Celui-ci trouvera rapidement refuge chez TRUST (où il enregistrera le très bon « Trust IV ») en lieu et place d’un certain Nicko McBrain (qui venait de jouer les parties du terrible « Marche ou Crève ») qui posera ses fesses sur le tabouret laissé vacant. Désormais au complet le quintet trouvera avec l’arrivée de son nouveau batteur une stabilité jamais vue auparavant qui durera jusqu’à l’aube des années 90, apogée créatrice et commerciale des Anglais, débutant avec ce « Piece of Mind » qui,encore aujourd’hui, ne laisse personne indifférent.
Si sur le précédent opus Steve Harris avait délégué plus que d’habitude pour la composition, cette tendance est encore plus présente cette fois-ci notamment via Bruce Dickinson qui s’est pleinement investi et qui n’avait pas pu le faire précédemment à cause d’un manque de temps et d’une écriture déjà quasiment terminée de ce dernier. On le retrouve en effet crédité sur quatre nouveaux titres dont un des bijoux (« Revelations ») qu’il a écrit entièrement et qui a attrait au mysticisme, et dont le poids des ans ne l’affecte en rien car il après reste encore aujourd’hui une des plus belles réussites de ce quatrième album, qui pour la première fois ne comporte pas de morceau-titre en son sein. Cependant cela ne l’empêche pas de démarrer pied au plancher et d’admirer le niveau de son nouveau marteleur via l’intro de « Where Eagles Dare » qui s’inspire du roman du même nom signé Alistair MacLean et adapté au cinéma avec Clint Eastwood et Richard Burton en 1968 qui se montre épique à souhait et permet également d’admirer les progrès de son chanteur qui se montre impressionnant (et dont le niveau restera très élevé tout du long du disque), avant d’enchaîner sur « Revelations » mélodieux et harmonieux tout en conservant une force de frappe sur les nombreux breaks qui font lever les foules (et où l’on peut voir un clin d’œil à Aleister Crowley). Vient ensuite « Flight of Icarus » aux deux parties bien distinctes (qui traite du mythe d’Icare vu par son personnage principal), et qui fait mouche également, avant que ne vienne « Die With Your Boots On » qui s’étire un peu trop en longueur mais dont l’entrain communicatif rattrape cela, et enfin voici que déboule « The Trooper » classique par les classiques et incontournable des setlists des britanniques. Avec son tempo galopant et ses cassures il symbolise au mieux le côté guerrier des paroles vu qu’il raconte un épisode de la bataille de Balaklava lors de la guerre de Crimée qui vit l’armée russe affronter une coalition où se mêlaient français, britanniques, turcs et piémontais.
Malheureusement la suite sans être mauvaise s’avère moins intéressante et inspirée à commencer par « Still Life » de facture classique et agréable mais qui n’atteint pas le calibre des précédents, puis surtout avec les controversés « Quest for Fire » et « Sun and Steel » qui outre l’impression désagréable d’avoir été écrits à la va-vite (vu leur durée très courte) font surtout penser à des chutes de studio que l’on a mis là pour pouvoir meubler tant ils sont mollassons. Heureusement que l’ensemble se termine avec « To Tame a Land » inspiré par le mythique roman « Dune » de Frank Herbert (et qui devait s’appeler initialement comme cela avant que ce dernier ne refuser de donner son accord) et qui permet de retrouver un groupe inspiré où les textes et les ambiances nous emportent loin de nos tracas quotidiens.
Du coup sans être aussi énorme que leur précédente sortie et malgré quelques petites fautes de goût (ainsi qu’une production un peu légère) les gars confirment qu’il va falloir compter avec eux tant la cohérence est là, le travail abattu toujours aussi impressionnant, et leur nouveau membre déjà parfaitement à l’aise et qui par son jeu nettement plus technique (voire même trop par moments) pousse le reste de ses troupes vers un niveau d’intelligence qui ne va cesser de s’améliorer dans les années à venir et heureusement d’ailleurs car de l’autre côté de l’Atlantique des jeunes thrasheux aux dents longues nommés SLAYER et METALLICA viennent eux-aussi de marquer les esprits avec chacun leur premier disque. Bien qu’évoluant dans des styles différents ceux-ci s’avèreront être dans peu de temps être des concurrents redoutables d’où la nécessité pour Eddie et ses acolytes de forcer leur destin dès l’album suivant après ce très léger petit coup de moins bien qui sera quand même un énorme carton lors de sa sortie et qui reste indispensable aujourd’hui dans toute bonne discothèque.
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