Iron Maiden - The Number Of The Beast
Chronique
Iron Maiden The Number Of The Beast
En moins de deux ans la vierge de fer est déjà devenue une valeur sûre de la nouvelle scène Britannique signant deux albums à la qualité reconnue et enchaînant les concerts un peu partout sur la planète où leurs prestations carrées et enflammées déchaînent les foules et les passions. Cependant si sur scène tout à l’air d’aller pour le mieux en interne la situation ne cesse de se compliquer car Paul Di’Anno miné par son alcoolisme et ses excès en tout genres (qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur en tournée) devient de plus en plus ingérable, du coup le groupe n’a finalement pas d’autre choix que de le mettre à la porte et va devoir trouver un nouveau chanteur de haut niveau une mission qui s’annonce difficile. Finalement c’est Rod Smallwood leur manager qui va s’en charger et son choix va se porter sur Bruce Dickinson qui évoluait jusqu’à présent dans SAMSON, celui-ci va enchaîner dans la foulée quelques dates avec son nouveau groupe histoire de prendre la température et de s’intégrer au mieux à son état d’esprit, car si au départ son arrivée n’a pas fait l’unanimité elle signe aussi le début d’une nouvelle ère et d’une évolution musicale plus poussée et aboutie où le côté punk est définitivement parti avec son ancien frontman pour laisser place aux harmonies et mélodies épiques.
En effet si on sentait bien poindre auparavant une évolution dans ce sens il faut reconnaître que peu de gens s’attendaient à un tel bond en avant (surtout si peu de temps après
« Killers » et ce changement majeur de personnel) car si l’album parfait n’existe pas il est cependant indéniable que dès sa sortie en mars 1982 (durant l’immense tournée « Beast on the road world tour ») beaucoup de gens se rendent compte du pavé dans la mare jeté par les cinq anglais. Avec sa pochette qui claque il a tout pour séduire un public avide de gros son et de thématique sombre, et puis ce qui marque dès le départ c’est la production de Martin Birch qui est impressionnante, car il a réussi à faire sonner chaque instrument avec une puissance inouïe et surtout avec un équilibre parfait et très professionnel où la basse de Steve Harris ronronne de plaisir sur ses cavalcades guerrières, la batterie donne un rendu impeccable et les guitares sonnent avec une grande clarté, le tout avec des parties vocales mises au même niveau et à pleurer.
L’autre force de ce disque c’est sa densité puisque six des huit titres du pressage originel sont devenus des classiques absolus joués encore régulièrement lors de leurs concerts, curieusement ce sont ceux plus recherchés et aboutis qui le sont devenus car « Invaders » et « Gangland » comportent encore quelques relents de leurs débuts, et malgré leurs qualités ils sont plus faibles que l’ensemble et d’ailleurs ne peuvent rivaliser avec lui. Ce qui est nouveau également c’est que pour la première fois Steve Harris a davantage délégué l’écriture aux autres membres et cela se ressent car si le bassiste a poussé la musique et les textes à un niveau encore plus élevé qu’auparavant l’apport d’Adrian Smith se révèle décisif pour les harmonies (cela se confirmera par la suite) et montre l’importance du guitariste au sein de la formation pendant le reste de la décennie. Ce dernier cosigne « The Prisoner » et « 22 Acacia Avenue », deux pièces-maîtresses magistrales de fluidité et d’intelligence, car pour la première on est au plein hommage à la célèbre série du même nom qui débute par la voix du regretté n°6 (alias Patrick Mc Goohan) et avec l’introduction de Clive Burr puissante et en parfait raccord, avant ensuite de s’emballer et d’offrir un des plus beau double solo de sa paire de guitaristes. L’emballement semble être un de maîtres-mots des nouvelles compositions car sur la seconde (qui est la suite de « Charlotte The Harlot ») on démarre paisiblement avant une longue et progressive montée conclue là encore par un solo sublime et qui montre le groupe presque à son sommet, car la suite va être encore plus incroyable.
Celle-ci signée du seul leader nous envoie au combat et vers l’aventure et les cinq titres suivants vont se montrer tous plus épiques les uns que les autres avec toujours une écriture et composition remarquable, tout d’abord via « Children of the Damned » inspiré par le célèbre classique en noir et blanc « Le village des damnés » sorti en 1960 (et dont John Carpenter signera un remake intéressant en 1995) et sa suite réalisée quatre ans après, qui là encore reprend la construction tout en emballement avec cette fin tout en roulement de caisse claire d’une grande rapidité et impeccable. Après cela viennent ensuite les trois incontournables, à commencer par le morceau-titre (dont le thème bien loin du satanisme que certains ont voulu faire croire à l’époque) qui débute par une citation tirée du « Livre des révélations » de Saint-Jean que l’on trouve au chapitre 13, verset 18 qui symbolise la bête de l’apocalypse avant ensuite que l’ensemble ne se mette en marche ensuite et se déroule avec une facilité et une accroche qui fait encore mouche aujourd’hui même si on a entendu le titre des milliers de fois. On peut dire la même chose de « Run to the Hills » dont l’intro de Clive Burr est probablement une des plus célèbres du combo encore aujourd’hui et qui sous son air entraînant et joyeux raconte les exactions commises par les européens envers les indiens d’Amérique. Enfin comment ne pas terminer cette chronique (et la plupart de leurs prestations scéniques) sans évoquer le légendaire « Hallowed be thy Name » où l’on se met dans la peau d’un condamné à mort qui vit ses derniers instants avant son exécution et où là encore la variété des tempos confère à l’ensemble un vrai raccord avec les paroles là encore d’une grande profondeur.
Autant dire qu’en cette année 1982 pourtant riche en sorties de haut niveau (« Screaming for Vengeance » de JUDAS PRIEST, « Thriller » de Michael Jackson) IRON MAIDEN laisse la concurrence loin derrière avec cette œuvre titanesque vendue à plus de sept millions d’exemplaires, dont on ne se lasse jamais et qui se bonifie avec l’âge. On pouvait alors penser que les gars avaient atteint leur pic créatif, ça ne sera pas le cas avec des opus qui seront encore plus élaborés dans le futur, en revanche c’est la dernière participation de Clive Burr (R.I.P) qui a exprimé pleinement son éblouissant talent et qui laisse le siège vacant pour un successeur dont le quartet restant n’aura pas besoin de chercher bien loin.
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