Le
way of life du chroniqueur musical a parfois cela de bon qu’il lui permet de découvrir des groupes que jamais en dehors de cette activité non lucrative il n’aurait pu découvrir. Ainsi, comment en temps normal aurais-je pu tomber sur les Texans de
TRAGIC FORMS ? Quatre albums certes avec ce «
Arms ‘Round the Armistice » mais tous parus en indépendant, aucune chance donc de les voir sur les listes de distribution de mes labels favoris. Ensuite, le duo pratiquant un mélange de
heavy metal et de
hard rock, c’était une excuse de plus pour qu’il passe sous mon radar. Heureusement, en ce gris jour férié du premier novembre, je pars à la découverte de ces dix compositions, me disant que si ça commence à me gratter, j’éteindrai et passerai à autre chose.
« Indicatrix » me colle d’emblée au fauteuil. Je trouvais un poil présomptueux de la part du groupe que de décrire son album comme «
ten slabs of monumental metal from North Texas » mais non, c’est bien cela qu’il se passe tout au long de l’écoute : on se prend des parpaings d’un
heavy rock puissant, technique et mélodique. Maintenant, s’il fallait rentrer plus finement dans la description, je commencerais par souligner l’excellent travail réalisé par la paire
Justin Osburn (production, mix) /
David Gnozzi (mastering) : le son est ample, massif, parfaitement équilibré, la part belle étant clairement accordée au chant ainsi qu’aux guitares de
Garrett Brooks.
Ensuite, il y a les influences qui sont palpables sur chacun des morceaux. Ainsi, on retrouvera un peu du
PANTERA de
« Cowboys from Hell », des mélodies vocales dignes du grand
Layne Staley à l’époque de
« Dirt », le groove un peu grunge de
SKID ROW dans son parfois mal aimé «
Subhuman Race, des plans plus progressifs dignes de
NEVERMORE et, sur tout cela, une couche de
hard rock à choucroute. Le résultat est tout simplement excellent, ça faisait des années que je n’avais pas pris un tel plaisir à écouter un pur groupe de
power heavy façon années 90 !
Evidemment, l’atout majeur de
TRAGIC FORMS, c’est bel et bien son chanteur, guitariste et compositeur
Garrett Brooks. Disposant d’un panel de voix hallucinant,
heavy,
rock,
grunge,
black (« Chasing the Ghots »),
death (« A Sort of Serenity »), il passe d’une tessiture à l’autre au gré des ambiances avec une facilité déconcertante, cela me semblant d’autant plus fort que les parties de guitares sont loin d’être simplistes : les structures sont travaillées, les riffs et rythmiques complexes, les solos finement troussés, du très bel ouvrage donc. Je pourrais bien entendu reprocher quelques lignes vocales un peu trop mièvres, sur « Ever Ethereal », « The Great Imperator » ou « Death Rules » par exemple mais ce serait vraiment faire un mauvais procès au groupe tant il se montre systématiquement inspiré.
Le compère
Taylor Ball n’est pas en reste : il déploie un jeu de batterie extrêmement versatile, aussi à l’aise sur des tempos plombés (le final de « Death Rules », entre autres) que sur des structures plus alambiquées nécessitant davantage de finesse, il est bien plus qu’un second couteau au sein de cette formation. En définitive, je n’ai rien à redire sur cette sortie, tout y est limpide, naturel, classieux également.
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