J'avais laissé RAM sur
Death en 2012, un album qui, sans être mauvais, avais mis quelque peu un frein à mon intérêt pour les Suédois quand tant d'autres sorties heavy metal se montraient plus à leur avantage. Après un EP et deux longs-formats des plus séduisants en première partie de carrière, ce troisième album, plus lent et ambiancé, s'apparentait à une déception. C'est donc logiquement que j'avais fait l'impasse sur la suite,
Svbversvm (2015) et
Rod (2017). Jusqu'à cette date en Belgique début 2019 où les Scandinaves partageaient l'affiche avec leurs compatriotes de Screamer et les légendaires Satan. Grosse claque ! J'achète
Rod dans la foulée. Tatane confirmée. Voilà un groupe qui a su reprendre du poil de la bête. Je n'ai pas chroniqué
Rod et pourtant, il faisait clairement partie des meilleurs albums heavy de 2017. Remonté dans mon estime, RAM sort en septembre dernier sur Metal Blade son sixième album sur lequel je me suis empressé de mettre la main.
Orné d'une jolie pochette assez kitsch illustrant parfaitement la musique du quintette,
The Throne Within ne mettra pas longtemps à confirmer que le quintette de Göteborg reste en haut de l'affiche. Voilà en effet une œuvre rondement menée par un groupe qui a fêté ses vingt ans l'année dernière. Une expérience, un savoir-faire qui transpire de chaque note jouée tout au long des quarante-neuf minutes du disque qui passent sans que l'on ait besoin de regarder sa montre. C'est que le heavy metal de RAM s'avère prenant à souhait. Les Scandinaves n'ont eux non plus rien inventé mais dans la masse de formations s'adonnant au revival années 1980, peu le font avec autant de talent et d'aisance. Même pas besoin de cacher leur influence principale qui transparaît dans tous les coins. Sur ce
The Throne Within, RAM n'a jamais autant sonné comme Judas Priest. Ces gros riffs mid-tempo couillus bien appuyés, courts et simples qui te font lever le poing et bouger la tête ("Fang and Fur", "The Trap" , "Spirit Reaper"), ces riffs plus speedés tellement efficaces ("The Shadowwork", "Blades of Betral", "Violence (Is Golden)", "No Refuge", ce chant medium versatile qui part parfois dans le plus aigu ou le plus grave, le plus doux ou le plus agressif, ces solos de grande classe, ces arpèges d'un autre temps ("You All Leave"), cette batterie généreuse, beaucoup de choses rappellent en effet la bande de Rob Halford. C'est finalement le morceau de clôture "Ravnfell" avec en invité le frontman de Primordial Alan Averill (qui donne une texture plus épique et guerrière sur un couplet mais me prend moins aux tripes que le génial Oscar Carlquist) qui sonne le moins priestien, encore que certaines intonations vocales ou plans de guitares y fassent tout de même allusion. Pour le reste, c'est du pur Judas Priest-worship, assombri par une aura noire et occulte à la Mercyful Fate. Franchement, si les ultra eighties et jouissives "The Trap" et "Spirit Reaper" avec leur intro kitsch bien datée (
Turbo ?!) ne vous donnent pas envie de sortir le cuir et les clous, je n'y comprends plus rien ! Pareil, dans un style plus émotif, pour le magnifique break mélodique au chant doucereux de "Fang and Fur" à partir de 3'16 et les lignes vocales superbes aux accents halfordiens époque 70s de "You All Leave", sorte de long interlude calme bien poignant. Si vous ne voyez pas le Metal God en fermant les yeux, je me mets à l'électro !
Non, clairement, ce
The Throne Within s'avère un pur bonheur pour tout amateur de heavy metal à l'ancienne. Rien à dire sur la production absolument parfaite (on entend même bien la basse!), le batteur fait du très bon boulot dans tous les registres, c'est ultra efficace, entraînant, parfois plus poignant, les riffs sont extras, on savoure le feeling mélodique sur les nombreux solos, ça alterne bien entre mid-tempo velu et cavalcade speedée, le chanteur est incroyable (on serre le poing et chante à tue-tête avec lui) et les neuf morceaux de l'œuvre régalent tous, malgré une construction similaire très simple et classique, chacun dégageant sa propre âme tout en formant un tout cohérent. "Blades of Betrayal", "Fang and Fur", "The Trap" et "Spirit Reaper" s'imposent tout de même comme les titres que l'on retiendra le plus. Il n'y a ainsi pas grand chose à reprocher à RAM et son nouvel album qui offre tout ce qu'il y a à aimer dans le heavy metal. Évidemment l'influence du Priest se fait écrasante mais je ne considère pas ça du tout comme un défaut. Quelques très rares passages s'avèrent plus oubliables, entre autres ce riff sur cette rythmique un peu cassée et pas très heureuse à 0'31 sur "Violence (Is Golden)". Les solos, bien que de très grande qualité, pourraient aussi marquer encore davantage (là on n'est pas encore au niveau de Downing et Tipton). Et dans l'ensemble, je place
The Throne Within un léger cran en-dessous de
Rod qui m'avait réconcilié avec les Suédois et permis de remettre le pied à l'étrier avec eux. Mais ne vous y trompez pas. RAM prouve qu'il reste une valeur sûre en signant là un album haut de gamme qui restera parmi ce qu'il s'est fait de mieux l'année dernière en matière de heavy metal.
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