Sabïre - Gates Ajar
Chronique
Sabïre Gates Ajar (EP)
Originaire de Winnipeg au Canada mais relocalisé depuis en Australie, Sabïre a pris tout le monde par surprise avec la sortie en fin d’année dernière d’un premier EP baptisé Gates Ajar. Formé en 2010, il faudra huit longues années (avec tout de même un break de deux ans entre 2013 et 2015) pour que le groupe qui n’était alors qu’un duo arrive à accoucher de quelque chose d’aussi concret que ces quelques morceaux disponibles à leur sortie uniquement sur Bandcamp. Mais l’enthousiasme vis-à-vis de ce EP sera tel que le groupe, en plus d’être sollicité par les organisateurs du Keep It True pour figurer sur l’affiche de l’édition 2019, se verra proposé par trois labels différents de presser ces titres aux formats cassette (Ropes & Bones Records), CD (Skol Records) et vinyle (No Remorse Records).
Présenté comme un avant-gout des choses à venir du côté de Sabïre, Gates Ajar n’a pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit mais plutôt d’honorer des racines qui s’étendent principalement dans la New Wave Of British Heavy Metal mais aussi un peu dans la scène Glam californienne et même Speed allemande (difficile de prétexter le contraire devant un titre comme "Daemons Calling"). Il faut dire que Scarlett Monastyrski avec ses faux-airs de Blackie Lawless (celui des années 80 hein) ne risque pas de tromper son monde. Même chose pour cet artwork plein de promesses signé Didier Normand et dont le coup de pinceau n’est pas sans rappeler les coups d’éclat de Frank Frazetta et Michael Whelan.
Auréolées d’une production que l’on croirait d’époque (une batterie sans artifice, des guitares un brin maigrelettes et pourtant hyper abrasives, un chant mélodique bardé de réverb…), les sept compositions proposées ici par Sabïre ont pour elles d’être menées pied au plancher. L’influence de la scène Punk anglaise des années 70 et de groupes comme Motörhead (le riff de "Daemons Calling" à 0:26 rappelle à mort celui de "Ace Of Spades") ou Tank se fait donc également sentir tout au long de cette petite demi-heure à l’énergie débordante. Bien sûr, certains morceaux mettent davantage l’emphase sur ce trait de caractère (les excellents "One For The Road", "Black Widow" et "Slave To The Whip" qui n’ont de cesse de cravacher) mais peu importe car du début à la fin, Gates Ajar pue le Rock’n’Roll. A ce titre, le riffing nerveux, mélodique et inspiré de Scarlett Monastyrski y est évidemment pour beaucoup avec, en dépit d’un côté mélodique parfois un peu « facile », une faculté à attraper l’auditeur par les deux oreilles pour le marquer au fer rouge. Et tout ça c’est sans compter sur une tripotée de solos tout aussi efficaces qui donneront surement la chair de poule à tous les apprentis astiqueurs de manches.
Ce côté virile parfaitement assumé avec ces paroles essentiellement tournées autour de la gente féminine est paradoxalement contrebalancé par certains gimmicks empruntés à la scène Glam qui eux, le sont beaucoup moins. Outre la voix mélodique de Scarlett Monastyrski, ce sont surtout ces "ouhouhouhouh" que l’on retrouve ici et là ainsi que certains riffs et/ou refrains au cœur tendre qui vont apporter ce côté un peu plus sucré et « facile » aux compositions de Sabïre. N’étant pas du genre à cracher sur un bon vieux Mötley Crüe, ce n’est en tout cas pas moi que cela risque de gêner. C’est vrai ça, quel mal y a-t-il à entonner quelques refrains parlant d’Amour lorsqu’ils sont aussi bien amenés que ceux des Australiens ? Je ne vois pas de raison de s’en priver et vous ne devriez pas vous non plus.
Entraînant, énergique et particulièrement bien ficelé, le Heavy Metal de Sabïre se laisse écouter avec beaucoup de plaisir et rempli sa mission annoncer à l’époque sur Bandcamp qui consistait à mettre en lumière toute l’étendue du spectre d’activité dans lequel se complaît le groupe devenu depuis un trio. Du Heavy Metal au Glam en passant par le Speed Metal, Sabïre semble ici en maîtriser tous les aspects pour un rendu pas forcément très original mais ô combien efficace. Et si l’enthousiasme général (que ce soit les labels, les organisateurs de concerts ou bien tout simplement les amateurs de Heavy Metal) à leur sujet ne veut pas forcément dire grand-chose, force est de constater que le groupe est désormais bel et bien lancé et qu’il y a de grandes chances qu’on en entende encore davantage parler à l’avenir. Voilà en tout cas une entrée en matière particulièrement remarquée.
| AxGxB 28 Mai 2019 - 1298 lectures |
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