Aria - Hero Of Asphalt
Chronique
Aria Hero Of Asphalt
Après un changement d'équipe plutôt drastique qui a vu tous les membres à l'exception de Vladimir Kholstinin et Valery Kipelov partir pour Master, trois nouveaux musiciens sont engagés pour regonfler les rangs de la formation soviétique qui peine toujours à se faire entendre du grand public, en partie dû au désintérêt volontaire des médias pour leur musique. Intègrent donc l'équipe Vitaly Dubinin, à la basse et Maxim Udalov à la batterie, toujours présents aujourd'hui, et Sergei Mavrin aux guitares. La composition du nouvel album, dont l'écriture commence une nouvelle fois immédiatement après la sortie du précédent, est répartie un peu plus équitablement : Dubinin est crédité sur quatre morceaux, Kholstinin trois, Kipelov un et Mavrin un aussi. Seul le batteur Udalov ne participe pas au processus. Cette diversité, on peut le supposer, est bénéfique au disque qui abandonne le tournant hard rock relativement plat qui avait été amorcé sur S kem ty? pour revenir à un son copie-conforme d'Iron Maiden qui avait fait le succès du premier disque - le deuxième avait malgré tout bien marché aussi, c'est juste moi qui ai un peu trop râlé dessus.
1987 voit donc la sortie de ce troisième disque, Geroi asfalta ou "Hero of Asphalt" en anglais, album qui était d'ailleurs prévu au départ pour s'appeler "Na sloujbe sily zla" ou "Serving the Forces of Evil", le nom de l'opener. Pour la première fois, c'est le label Melodiya, qui avait à cette époque pignon sur rue (simplement parce qu'il appartenait à l'Etat) qui s'occupe de la distribution. Cette aide conséquente ainsi que la qualité de l'album, encore un cran au-dessus, provoque des résultats qui ne se font pas attendre : un million d'exemplaires se vendent et Aria a enfin droit à la reconnaissance publique.
Ce nouvel opus revient donc aux sonorités Iron Maiden-esque du premier opus, pour mon plus grand plaisir. Les Russes nous le font d'ailleurs savoir dès l'opener "Serving the Forces of Evil" qui part sur les chapeaux de roues avec une batterie furieuse et des leads qui posent le ton. Qu'on ne s'y méprenne pas : cette accès de vitesse n'est qu'éphémère (d'ailleurs, on ne le retrouve pas avant la fin du morceau), l'album étant très pépère dans son ensemble. Et c'est, selon moi, ce point précis qui fait la force de ce troisième disque : l'album, tout en s'autorisant parfois quelques expérimentations, garde une structure et un son très accessibles, sans se prendre la tête, au travers de composition au tempo relativement tranquille.
Le groupe semble cette fois lorgner sur le terrain d'autres pionniers avec, ici, Manilla Road. On sent cette influence discrète dans le riffing de "Hero of Asphalt" et de "1100", aux rythmiques plus lourdes et plus sombres, avec moins de leads harmoniques qui viennent décorer ici et là. "Dead Zone", lui, poursuit malgré tout cette veine hardrock entamée sur le disque précédent et le solo du dernier morceau, "Rime of the Ancient..." euh, pardon, "Ballad About an Ancient Warrior", fait franchement Helloween (Keeper part I est sorti la même année). Mais, bien sûr, comme évoqué précédemment, c'est Iron Maiden qui domine toujours le spectre des influences, avec le retour des innombrables leads harmoniques et avec la place essentielle occupée par la basse.
Le chant est l'autre retrouvaille qui fait plaisir. On ne compte plus les moments grandioses, à en donner presque des frissons, provoqués par la puissance vocale de Kipelov. Ainsi, citons par exemple le refrain de "Serving the Forces of Evil", de "Rose Street" ou le refrain magistral et presque culte de "Hero of Asphalt", à la tonalité plutôt sérieuse, qui s'oppose au ton épique des couplets de ce même morceau. Le jeu des guitares est également très inspiré. On commence par un lead furieux pour terminer sur un riffing plus "haché", en passant par une rythmique typiquement hardrock ("Dead Zone", "1100"), le tout agrémenté de nombreux breaks aux cleans ("Ballad About Ancient Russian Warrior", "Dead Zone") ou pas ("Serving...") qui viennent diversifier un peu les compos et les faire respirer au milieu de cette déferlante de distortion. Les soli s'en donnent également à cœur joie, avec quelques prouesses remarquables dans le shred de l'opener, le néoclassicisme de l'éponyme, les harmonies de "1100" et le Helloween-like de "Ballad...".
Ainsi, Geroi asfalta renoue avec le heavy Maiden-like du premier disque, pour notre plus grand bonheur. Avec un line-up plus que solide et une répartition plus équitable de l'écriture, les Soviétiques accouchent d'un troisième disque autrement plus inspiré et diversifié que leur prédécesseur, s'autorisant même quelques expérimentations dans la composition, comme en peut témoigner la durée moyenne relativement élevée (l'opener dure sept minutes, le dernier titre en dure plus de huit) : seulement six titres mais une durée total de presque quarante minutes. Geroi asfalta reste à ce jour l'un des plus gros succès d'Aria, celui qui les a vus accéder à la notoriété : le groupe est désormais lancé sur l'infernale autoroute de l'enfer et plus rien (ou presque) ne pourra les arrêter.
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