Aria - Night Is Shorter Than Day
Chronique
Aria Night Is Shorter Than Day
Depuis les débuts du combo russe, on était habitué à un rythme de parution plutôt intensif, avec un album chaque année ou tous les deux ans, sans single ou autre sorties matérielles entre les albums. Les années 1990 voient un nouveau tournant pour le groupe, durant lequel celui-ci ralentit considérablement la cadence, effectuant peu de lives. Ils fondent leur propre studio d'enregistrement en 1994, ARIA Records, permettant la réédition de leurs cinq premiers albums et signent pour cinq ans avec Moroz Records. Ceci fait, ils s'embarquent pour une tournée de deux semaines en sept dates en Allemagne. La tournée se termine relativement mal puisque les tensions croissent entre Aria et les organisateurs de la tournée, révélateur de tensions internes au sein du groupe. Une fois la tournée terminée, Kipelov se fait de plus en plus discret et s'absente régulièrement lors des répétitions ; les autres membres découvrent peu après qu'il se consacre à Master. Un nouveau chanteur, Alexei Bulgakov, s'essaie à le remplacer, aboutissant à une nouvelle demo durant l'année 1994 mais pour l'instant, seul le départ du guitariste Sergei Mavrin vient sanctionner le groupe. Un petit nouveau du nom de Sergei Terentiev le remplace mais hélas ce nouveau venu se montre guère à la hauteur de son illustre prédécesseur. C'est avec un Mavrin remplacé mais inégalé et un Kipelov forcé de chanter pour Aria - sans quoi il serait sujet à sanctions de Moroz Records pour rupture de contrat - que le groupe sort en septembre 1995 Noch karotche dnia, "Night is Shorter Than Day" dans la langue de l'oncle Sam. Et si les Russes restent toujours aussi inspirés et toujours fidèles à leurs racines Maiden-esques, force est de constater que les troubles ayant fait irruption impactent la qualité de l'oeuvre.
Si l'album ne présente aucun changement de direction majeur par rapport aux précédents, il reste malgré tout en dessous de tout ce à quoi on a eu droit depuis les débuts de la formation - hormis le faux pas Skem ty. Rien de mauvais n'est à pointer du doigt en particulier, si ce n'est un manque d'inspiration par moment et une absence de grands soli du fait de l'absence de Sergei Mavrin. A titre d'exemple, l'album compte deux ballades ou power ballades, "Take my Heart" et "Angel Dust". Rien de particulier n'est à dire de la première, si ce n'est qu'elle constitue un titre visiblement apprécié puisqu'on la retrouve sur bien des compilations ultérieures. Pour ma part, n'étant pas sensible aux ballades, je ne lui trouve guère d'attrait marquant, si ce n'est que le refrain permet à Kipelov de démontrer toutes ses qualités de chanteur avec une voix à moitié éraillée qui passe relativement bien. "Angel Dust" délaisse le côté FM pour se recentrer sur un style Iron Maiden avec quelques leads en harmonie mineure et, bien que le refrain soit une fois de plus l'occasion pour Kipelov de briller, rien de plus n'est mémorable ; le solo hard rock n'est pas très inspiré et le morceau a tendance à trainer la patte.
Les fans pourront alors se contenter des clins d'oeil plus qu'appuyés à la vierge de fer - je vous assure que je fais de mon mieux pour renouveler mes tournures de style montrant le lien plus qu'évident entre Aria et Iron Maiden - et ce dès l'opener avec "Slavery of Illusions" et son intro en leads harmoniques et un premier couplet plutôt entrainant. Comptons également, pour agrémenter le tableau, "Spirit of War" et son esprit feelgood et le morceau-titre concluant le disque dont la mélodie précédant le break rappelle clairement celle de "Somewhere in Time" - un peu trop peut-être, même. Comptons enfin tout un tas de morceau à l'esprit bien plus hardrock comme "Paranoia", "Beast" et "Go Away And Don't Return" et vous aurez le schéma classique d'un disque d'Aria. Cependant, il serait malhonnête de s'arrêter là ; le groupe, sans chercher à se renouveler, tente néanmoins de nouvelles approches timides qui auraient pu, selon moi, contribuer en bien à leur évolution musicale. D'un point de vue musical, on retiendra la transition heavy / thrash de "Slavery of Illusion" qui rappelle ce que RAM peut faire de plus agressif aujourd'hui et les riffs plus techniques et prog de "Paranoia". D'un point de vue de la composition, on notera la structure plus complexe de "Night is Shorter Than Day" bien qu'Aria nous ait déjà habitué à cet exercice de style avec ces disques précédents - et notamment Igra Sagnom. Autant de bonnes choses qui sont hélas bien trop sporadiques.
S'il n'est pas raté et s'il s'écoute plutôt bien, au final, le sixième disque des Russes n'est pas fait pour rester dans la mémoire, avec la même formule ressortie un nouvelle fois - facteur aggravant si la musique ne plait pas en premier lieu - et un vide laissé par le départ de Sergei Mavrin impossible à combler. On y retrouve pourtant tout ce qu'on est en droit d'attendre dans un disque d'Aria : morceaux plus orientés Iron Maiden, morceaux plus orientés hard rock, avec quelques fois des incursions en terrain FM et quelques prises de liberté dans la composition, malheureusement trop rares. Tout autant de choses intéressantes - car bien exécutées - qui pourtant ne parviennent pas à hisser Noch karotche dnia au niveau de ses trois illustres prédécesseurs - par un manque d'inspiration qui se fait clairement ressentir par moments. Qu'importe : pour les bons moments apportés par ce disque et par tous leurs antécédents, on peut bien leur pardonner ça.
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