Mine de rien, sept années se sont déjà écoulées depuis la sortie de
Sanctimonious, deuxième album des Allemands d’Attic largement encensé ici même à une époque lointaine où mon collègue Keyser écrivait encore quelques chroniques. Si entre temps il ne s’est pas passé grand chose, on notera tout de même le départ du guitariste Robert Piel remplacé en 2019 par un certain Max Werner (Erazor, Spiker, ex-Abythic...). Mais si ce changement d’effectif s’est opéré il y a déjà plus de cinq ans, ce n’est pourtant qu’en avril dernier que le groupe originaire des villes de Gelsenkirchen et Lünen faisait son grand retour avec la sortie, toujours chez Ván Records, d’un nouvel album intitulé
Return Of The Witchfinder.
Contrairement à ses deux prédécesseurs que j’apprécie beaucoup mais qui ont malheureusement pour eux des illustrations assez quelconques (celle de
Sanctimonious étant clairement la moins engageante de toutes), ce nouvel album parvient d’emblée à se distinguer grâce à une illustration enfin digne de ce nom. On doit celle-ci à l’Italien Daniele Valeriani dont on a déjà pu apprécier le travail auparavant chez des groupes tels que Bulldozer, Candlemass, Dark Funeral, Death Like Mass, Lvcifyre, Mayhem ou bien encore Mysticum. Côté production, Attic n’a pas souhaité réitérer sa collaboration de longue date avec Chris Menning (Adorior, Degial, Deströyer 666, Lucifericon, Slaughter Messiah...) puisque pour l’occasion le groupe est allé solliciter le jeune Marco Brinkmann. À la tête des studios Hellforge, ce dernier a déjà apposé sa marque sur certaines sorties de Carnal Tomb, Cross Vault, Cruel Force, Cryptic Brood, Evoked, Repulsive Feast, Vulture. Pour
Return Of The Witchfinder, il signe une production soignée alliant puissance et clarté et cela sans jamais manquer de naturel.
Bien que plusieurs années séparent ce troisième album de son excellent prédécesseur, on ne peut pas dire que quoi que ce soit ait changé du côté d’Attic qui, on s’en doutait, poursuit avec
Return Of The Witchfinder son hommage pleinement assumé à King Diamond et Mercyful Fate. À ce titre, l’élément de comparaison le plus probant et le plus significatif reste à n’en point douter le chant de Meister Cagliostro. Une voix incroyablement bluffante de mimétisme qui en freinera peut-être quelques-uns tant celle-ci est effectivement calquée sur celle de Kim Bendix Petersen mais qui une fois la surprise passée s’avère tout de même particulièrement convaincante pour qui aime ce genre de voix typiquement Heavy Metal. En effet, de ces montées de castrat particulièrement haut-perchées à ces nombreuses inclinaisons beaucoup plus grandiloquentes et théâtrales en passant par ces moments plus graves et menaçants, l’Allemand fait montre d’une versatilité des plus impressionnantes. Alors bien entendu, on peut aimer le Heavy Metal et ne pas être particulièrement sensible à ce genre de performances peut-être un brin excessives mais il faut reconnaitre deux choses. La première est que Meister Cagliostro maîtrise parfaitement son sujet puisqu’hormis un manque évident de personnalité, c’est clairement un sans faute question interprétation. La seconde est qu’une telle voix amène avec elle un charme à la fois suranné et délicieusement baroque qui colle à merveille au caractère narratif de ces textes évoquants sorcellerie, satanisme, rituels incantatoires et autres invocations (je vous mets au défi de résister aux refrains d'"Azrael").
Naturellement, le parallèle avec King Diamond ne s’arrête pas à la voix de Meister Cagliostro puisque musicalement Attic verse lui aussi dans un Heavy Metal sombre et mélodique de haute volée. Un Heavy Metal tout sauf timide puisque celui-ci n’hésite pas à s’acoquiner de sonorités Thrash et Black Metal particulièrement bien senties. En effet, sans jamais trahir son ADN ni même véritablement dénaturer ses influences, le groupe allemand va puiser également dans d’autres styles comme pour mieux moderniser et dynamiser son propos. Aussi surprenant que cela puisse paraître,
Return Of The Witchfinder est ainsi marqué par quelques séquences de blasts et autres riffs particulièrement sombres et rapides ("Hailstorm And Tempest" à 0:27, 1:52, 3:17, 4:00 et 4:45, "Synodes Horrenda" à 1:26) ainsi que par quelques passages rythmiquement plus soutenus (je pense notamment à "Return Of The Whitchfinder", "Offerings To Baalberith" et "Azrael" qui sans offrir de blasts ne manquent pourtant pas d’allant). Toujours aussi remarquable malgré le changement de line-up opéré en 2019, le travail mélodique effectué par Tim Katteluhn et Max Werner. Deux guitaristes particulièrement efficaces et inspirés dont le riffing tantôt simple tantôt plus complexe est sublimé par tout un tas de leads et autres solos (parfois sous forme de question / réponse) extrêmement bien troussés. De "Darkest Rites" à 3:22 à "Hailstorm And Tempest" et "Return Of The Witchfinder" et leurs nombreux leads et solos en passant par "The Thief’s Candle" à 2:46 et 4:15, "Offerings To Baalberith" à 4:48, "Azrael" à 2:48 ou "The Baleful Baron" à 2:29 et j’en oublie volontairement, difficile de ne pas succomber aux charmes vénéneux de ces mélodies subtiles et envoutantes et plus globalement de ce jeu plein de feeling et de naturel. À toutes ces dithyrambes on peut également ajouter sans hésiter ces quelques arrangements et autres incartades mélodiques opérés ici et là ("The Covenant" et ses cordes particulièrement inquiétantes, "Darkest Rites" et ses cloches qui sonnent le début de cette cérémonie occulte, les premières mesures d'"Offerings To Baalberith", "Up In The Castle" et son orgue tout aussi menaçant et poussiéreux...), toutes ces ambiances horrifico-gothico-victoriennes ou bien encore ces quelques baisses de régimes et autres passages moins dynamiques qui comme toujours permettent de nuancer une formule qui sur la longueur pourrait être juger un brin répétitive.
S’il semblait difficile de faire au moins aussi bien que ce
Sanctimonious ô combien réussi et réjouissant, force est pourtant de constater que les Allemands ont néanmoins su répondre présents et même peut-être un petit peu plus. Entre cette illustration nettement plus engageante, cette durée sensiblement moins pénalisante (même si comme le disait Keyser à l’époque, la qualité globale de ce deuxième album fait qu’il n’a jamais été pénible de s’enfiler ces soixante-quatre minutes) et ces dix nouvelles compositions au moins aussi convaincantes,
Return Of The Witchfinder s’impose à mon sens comme la sortie la plus aboutie d’Attic qui, hormis ce mimétisme effectivement très prononcé avec King Diamond et Mercyful Fate capable d’en refroidir quelques-uns, possède tout ce qu’il faut pour convaincre l’amateur de Heavy Metal moderne, sombre et racé. Alors non, je n’irai pas lui coller un dix sur dix (tout simplement parce que si j’avais rédigé la chronique de
Sanctimonious je ne lui aurais pas tout à fait donné la même note que Keyser) mais cela n’empêche pas ce troisième album, disque généreux, varié, dynamique et particulièrement efficace, de briller de tout son éclat et de se hisser sans mal parmi les meilleurs albums de l’année.
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