Quatre ans après
« Redeemer Of Souls » et treize ans après le retour du Metal God au bercail, Judas Priest est de retour cette année avec son dix-neuvième (!) album studio. Pour être totalement franc je n’avais pas d’attente particulière envers ce nouvel opus. La raison ? Aucun des albums depuis le départ de l’usurpateur Ripper Owens ne m’avait réellement convaincu,
« Angel Of Retribution » et
« Redeemer Of Souls » loin d’être mauvais mais s’avérant trop mollassons à mon goût et je ne parle même pas de l’erreur de parcours « Nostradamus »… Et comme bien souvent c’est lorsque l’on ne s’y attend plus que l’on se fait avoir comme un bleu. C’est ce qui s’est passé avec ce « Firepower » qui m’a totalement cueilli car non content de sacrément redresser la barre, il se posera comme l'un des meilleurs albums des Anglais.
Sans évidemment révolutionner son style et repartant sur des bases similaires à son ainé, ce nouvel effort nous montre toutefois un Judas Priest qui semble avoir passé la cinquième et ce d’entrée de jeu avec un éponyme en forme de brûlot heavy incisif parfait pour ouvrir les hostilités sous les meilleurs auspices. Surtout on se réjouira de constater que cette piste d’ouverture n’est pas l’arbre qui cache la forêt mais annonce bel et bien le retour d’un Priest bien plus véloce et mordant que sur ses précédentes réalisations. En effet à côté de « Firepower » c’est « Lightning Strike » et « Necromancer » qui viendront appuyer l’aspect le plus hargneux d’un album lorgnant dans ces moments vers un heavy-thrash ô combien jouissif servi par un riffing acéré diablement efficace à défaut d’être extrêmement original. Bien sûr les natifs de Birmingham ne vous serviront pas quatorze titres pied au plancher et couvriront ici l’ensemble de leur palette à travers des pistes purement heavy (la plus pépère mais très accrocheuse « Children Of The Sun », « Rising From Ruins », « Spectre », « Traitors Gate ») quand d’autres laisseront ressortir ces bons vieux accents hard rock (« Never The Heroes » qui développera même un petit côté épique, « No Surrender » qui fleure bon le old-school à plein nez) voire un côté plus power/groovy (« Evil Never Dies », « Flame Thrower » ou encore « Lone Wolf » qui n’aurait pas fait tache sur un album de Fight). Finalement on pourrait presque dire que le meilleur du Priest est condensé sur ce « Firepower » sublimé (évidemment) par le talent de la paire Tipton/Faulkner qui illumine chaque piste de solos éclatants ou de leads majestueuses, chaque occasion étant bonne pour un jeu de ping-pong guitaristique jubilatoire et d’envolées harmoniques en contrepoint même si on aimerait bien souvent que cela dure encore un peu plus longtemps. Inutile de préciser que la jeune recrue réalise ici sa meilleure prestation avec le groupe et nous ferait presque totalement oublier ce bon vieux KK Downing. Pour une fois n’oublions pas non plus la belle prestation de Scott Travis dont on parle rarement mais dont le jeu ultra efficace et plus subtile qu’il n’y parait au premier abord maintient brillamment la dynamique tout au long de ces presque soixante minutes.
Bon, voilà on a fait le tour, non ?
Bien sûr que non. Il est temps de parler du patron, du maitre des lieux, du Metal God. Si le bonhomme n’a jamais réellement été pris en défaut jusqu’ici, on pouvait quand même naïvement se demander si le chant de Monsieur Rob Halford n’allait pas finir par flancher et perdre de sa superbe… Perdu ! Ca ne sera pas (encore) pour ce coup-là. A presque soixante-sept ans l’icône du heavy metal est toujours en très grande forme, dans un registre majoritairement medium et même s’il distille désormais ses montées avec plus de parcimonie (« Evil Never Dies », « Traitors Gate »), le bonhomme fait le job de façon plus qu’impeccable avec ce timbre inimitable et trouve encore le moyen de nous sortir des refrains ultra fédérateurs parmi les meilleurs qu’il nous ait pondu (« Lightning Strike », « Never The Heroes », « Children Of The Sun », « Rising From Ruins », « Spectre », « Traitors Gate », « No Surrender »), vraiment chapeau bas Mr Halford.
Véritable éventail de tout ce que Judas Priest a pu faire de mieux, nous offrant ce heavy à géométrie variable se parant de teintes tranchantes presque thrash ou plus hard rock mais tout en restant extrêmement équilibré et homogène, « Firepower » (et sa pochette très dans l'esprit
« Screaming For Vengeance »/« Defenders Of The Faith ») réussi à garder l’attention intacte même dans ses moments les moins véloces ce qui n’a pas toujours été le cas sur les dernières offrandes du groupe. Mené par un Rob Halford increvable, une paire de six-cordistes impeccable et une section rythmique à toute épreuve, le quintette passe même le test de la power-ballad là où il s'est souvent cassé les dents (même si on peut douter du caractère indispensable de « Sea Of Red » qui rallonge peut-être un peu inutilement un album déjà suffisamment épais, et c’est bien le seul reproche que l’on pourra lui faire). Bref, ne boudons pas notre plaisir et n’y allons pas par quatre chemins : « Firepower » est un excellent album, certainement le meilleur depuis « Painkiller » et haut la main.
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