Aria - Chimera
Chronique
Aria Chimera
"Retour vers le passé !" Cette phrase, la première à m'évoquer le huitième album d'Aria, moi et tous ceux de ma génération ayant grandi dans les années 2000 la connaissons puisqu'elle est un des leitmotiv du dessin animé Code Lyoko. Avec un brin de recul, elle pourrait s'appliquer à toute la vague de heavy et de thrash revival que l'on connait depuis près de quinze ans - au point de se questionner progressivement sur la pertinence de la notion de "revival". Dans un tel contexte, cette phrase s'appliquerait alors plutôt en bien, le retour aux sonorités 80's étant très apprécié - par votre serviteur en premier. Dans le cas d'Aria, ce "retour vers le passé" serait plutôt synonyme de régression. Une régression dans la qualité, oui, encore une ; après le correct mais oubliable Noch karotche dnia, le quelconque Generator zla, voici le terriblement fade et ininspiré Khimera - dont je ne vais pas vous faire l'affront de traduire le titre.
Si je parle régression, c'est que tout semble revenir un cran en arrière par rapport au disque précédent, sur le fond comme sur la forme ; à mon habitude, commençons par cette dernière. Pour son époque (1998), Generator zla avait une production très correcte voire même presque en avance tant tout sonnait - presque - comme aujourd'hui. Aucun nom n'est à créditer pour la production de cet album mais on sait que Khimera a été mixé par le soliste Sergei Terventiev dont je vous ai déjà conté ici quelques aventures. Et malgré le fait que ce nouvel album soit sorti trois ans après Generator zla, on a l'impression de faire un bond en arrière dans le temps tant tout semble parfois étouffé voire même franchement mal mixé - dur dur d'entendre le solo de l'opener éponyme. Le meilleur moyen d'illustrer cette différence reste encore la pochette, à la 3D franchement laide (début des années 2000/20), en comparaison du style plus dessiné de Generator zla.
Sur le fond, n'y allons pas par quatre chemins, c'est du heavy / hard un semblant alternatif sans aucune imagination. Là où Generator zla avait quelques morceaux, notamment au début, pour tenter de satisfaire notre appétit, la totalité de Khimera semble avoir été composé en roue libre, dans la nécessité de sortir quelque chose pour satisfaire les exigences du contrat signé avec le label. On retrouve, notamment, cette mauvaise manie de la ballade à outrance, avec comme premier symptôme révélateur, une fois de plus, un nombre assez vertigineux de moments qui respirent : "Vampire", en premier lieu, qui a le mérite d'être la seule power ballad a avoir des effets de guitare assez appréciables comme la reverb sur les cleans ou un solo de flûte sur des cleans agrémentées de wah-wah. Du reste, sur les cinq derniers morceaux, quatre - dont les trois derniers - sont des ballades plus ou moins variées qui révèle assez le caractère ininspiré de l'album. De fait, je n'ai pas grand-chose à en dire : dans "The Raven", on sent un groupe à l'agonie qui ne sait pas vraiment où aller et "Splinter of Ice" se découpe selon le schéma binaire "partie acoustique / partie metal" et ni la première ni la seconde ne se montre à la hauteur ; la première se compose de cleans aux effets de reverb différents de ceux de "The Raven" et qui sont horribles cette fois-ci ; la seconde se compose de power chords aussi pauvres que le tiers monde, le genre de chose que l'on joue sur son instrument lorsque l'on s'échauffe avant de procéder à la répétition. Quant au titre final, "They'll Gave You a Sign"... à l'image du final de Generator zla - dont j'ai déjà oublié le nom -, un début façon ballade, une suite façon heavy traditionnel puis vient la seconde moitié de la chanson et je coupe à force de me rendre compte de ce que je m'inflige.
Ne comptons pas non plus sur les aspects plus "heavy" de l'album pour venir sauver la mise - ce que Generator zla faisait par moments. Ici il n'y a rien, pas la moindre mélodie, riffs, refrain, rythme ni ligne de chant pour nous faire envie ; expédions ces derniers points. Les mélodies sont clairement ce qui me permet de qualifier avant-tout ce disque de "fade" tant elles sont absentes. On en trouve bien une, encore une fois très maigre, dans l'opener "Khimera" et parsemées dans "Way to Nowhere" qui viennent relever un peu le contenu... mais c'est franchement tout. Concernant les riffs, il n'y a pas une ligne qui vaille d'être relevée dans la totalité du disque - c'est dire le niveau de fadeur. Le chant, lui, est peut-être même le plus gros défaut de cet album et l'on comprend mieux pourquoi il s'agit du dernier disque de Valery Kipelov tant on le sent démotivé et peu concerné en dépit de son talent remarquable. On remarque tout particulièrement dans les refrains de "Khimera", "Sky Will Find You", "I'm Not Mad" (soit les trois premiers morceaux d'affilée) et dans les couplets de "Splinter of Ice" à quel point cette voix manque de panache et de conviction ; même dans le refrain du dernier morceau cité, en dépit des effets de multiplication de voix ! Seuls les refrains de "Burning Arrow" et "Calm" relèvent un peu le niveau mais à ce stade, c'est comme saler un couscous sans épices pour tenter de le sauver. N'évoquons pas, enfin, le cas des soli ; Terventiev est un bon guitariste mais qui n'est clairement pas à la hauteur de la fougue d'un Mavrin qui manque cruellement depuis son départ après Krov za krov en 1991 ; quant à l'autre soliste dont je parle trop peu - erreur de ma part - et qui est pourtant l'unique membre constant d'Aria, Vladimir Kholstinin, lui non plus, en dépit de son talent, ne semble pas très inspiré - au point où l'on peine à dissocier qui joue quel solo. Rajoutons à tout cela que le mix étouffe parfois certains soli, comme évoqué plus haut et l'on a les ingrédients parfait pour un décrochage en cours de route.
Après la "trilogie dorée", Aria signe ici sa "trilogie maudite" - terme à nuancer quant il s'agit de qualifier le premier de ces trois albums, Notch karotche dnia. Le huitième album des Russes est probablement l'un des moins bons à avoir vu le jour tant tout y est fade, sans couleur sans intérêt, et qui est plus révélateur du climat tendu au sein des membres, n'ayant guère la tête à composer, qu'autre chose. Ici aussi, à force de faire durer inutilement les titres, la note monte jusqu'à cinquante-sept minutes - deux de plus que sur le disque précédent. Tout ça pour, au final, des ballades sans vraiment d'intérêt et des morceaux heavy qui rament plus qu'une tessarakonteres - vous irez voir sur Google ce que c'est. Pourtant, l'album semble avoir plutôt bien marché : absent de l'album, le single Lost Paradise qui précédait la sortie de l'album a permis au groupe d'atteindre une nouvelle audience, succès révélateur de l'évolution de la scène heavy metal en ce début des années 2000. Qu'importe ; pour nos Russes, de meilleurs jours sont à prévoir.
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