Aria - With Whom Are You?
Chronique
Aria With Whom Are You?
J'avais dis dans ma chronique sur Megalomania que je pouvais écouter toute la discographie des Russes d'une traite tant tout me plaisait ; et il se peut que j'ai été un peu trop enthousiaste en utilisant ces termes car comme tout bon groupe Aria a sa bête noire, qui survient tôt ou tard dans la carrière pour des raisons plus ou moins motivées : chez Helloween, par exemple, c'était un conflit sur l'orientation musicale qui a abouti à Pink Bubble Go Ape et à Chameleon, albums qui sont désormais des tâches dans la discographie des Allemands. Pour Aria, cet écart de bon goût survient très tôt dans l'histoire du groupe puisqu'il apparaît un an seulement après l'excellent début chroniqué en ces pages. L'affront, ici, est même encore plus grand, puisque les tensions quant à l'orientation musicale du groupe sont survenues après la parution de cet album et que l'unique lacune visible sur le début, l'absence d'un second guitariste, a été corrigée ici avec l'arrivée d'Andrey Bolshakov, qui partira d'ailleurs immédiatement après la sortie de ce disque pour fonder, avec d'autres, Master. Quelle justification, alors, pour un tel album ? La part de composition trop grande qui lui a été attribuée (5 morceaux sur 8)? Je ne vois que ça...
"With Whom Are You?", "Avec qui es-tu?", appelez-le comme vous le voulez, voilà le coupable : coupable d'avoir freiné net une carrière qui s'annonçait si bien pour nos jeunes Soviétiques, en le faisant passer pour un de ces "one-album-only" dont la scène heavy 80's regorge. Car après un tel monument, With Whom Are You? fait bien pâle, trop pâle figure, pour pouvoir s'inscrire dans la continuité logique des choses. Exit les compositions originales, limitées certes mais audacieuses, aux belles mélodies, aux variations et au chant poignant. Ici, on applique la méthode du "un riff pour un morceau", et ce sur pratiquement l'intégralité de l'album, qui revêt une formule beaucoup plus hard rock pépère que heavy metal mélodique. Le jeu des guitares est pauvre à un point qui en devient limite insultant pour le tiers-monde. La plupart des morceaux ne sont composés que d'un main riff en mid-tempo des plus génériques et se répètent jusqu'au délavage. Inutile de compter sur le jeu de batterie du très éphémère Igor Molchanov qui se contente bien souvent de répéter ses cours de première année. Quant aux soli, ils sont si peu marquants que je les ai déjà oubliés à l'heure où j'écris ces lignes, à savoir vingt-cinq minutes après la fin de l'écoute de l'album.
Au milieu de cette mer d'huile, sur quoi pouvons-nous compter ? Tout l'intérêt du disque repose sur le jeu du bassiste Alik Granovsky, déjà présent sur Megalomania mais qui ici, paradoxalement, alors que le jeu des autres musiciens est on-ne-peut-plus verrouillé, prend véritablement son envol pour nous offrir des prestations très qualitatives. L'instrumentale "Memory About..." en est le même exemple - même si, ironiquement, elle n'a pas été écrite par lui. Il s'agit en effet d'un solo de basse, pas foncièrement renversant surtout si vous avez en comparaison un "Sting of the Bumblebee" de Manowar, mais qui a le mérite d'être très correct et relativement intéressant. Le bassiste exécute également un jeu remarquable sur des titres tels que "Metal is Forged Here" et "Icarus" et se contente de suivre la ligne rythmique très plate de la guitare partout ailleurs, mais le mix très correct lui fait honneur.
Le riffing n'est pas non plus complètement à jeter, d'ailleurs si vous êtes amateur de hard rock bien pépère et qui se prend pas la tête, vous pourriez même apprécier ce disque. Ainsi on repère quelques hésitations Maiden-esque dans la piste éponyme, une vibe Judas Priest dans la speed metal "Icarus" (speed metal dans le sens "Exciter sur Stained Class" du terme plutôt que dans le sens "Razor"), des mélodies pas mauvaises dans ce même morceau ainsi qu'à la fin du solo de "Stand Up, Vanquish Fear". Par contre, ailleurs, c'est vraiment inintéressant... Ah, et le chant ? Aux fraises, lui aussi. Registre unique, peu de mélodies intéressantes, des refrains assez mou (surtout dans le titre éponyme, qui est pour le coup une purge absolue), quant à la balade "Without You"... disons que je ne suis pas disposé de base à aimer ce genre de chanson.
Après un début aussi marquant et avec un line-up pourtant plus grand, With Whom Are You? réussit l'exploit de produire une musique infiniment plus pauvre que son prédécesseur, en passant d'un heavy metal audacieux à un hard rock terriblement fade et sans intérêt. Les éclaircies sont rares et sont souvent apportées par le jeu du bassiste, qui fait de cet album un véritable travail solitaire. Des tensions naissent alors au sein du groupe qui voit pratiquement l'intégralité de son équipe partir à la suite de sa sortie pour fonder le groupe Master, laissant le chanteur Kipelov et le guitariste Kholstinin seuls à bord du navire. Pour la reconnaissance internationale et le succès, il faudra encore attendre...
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