La sortie l'année dernière de
Spell Eater, premier full-length de Huntress, avait fait jaser, les critiques n'y voyant qu'un prétexte pour exhiber les formes affriolantes de la séduisante chanteuse Jill Janus, entourée d'opportunistes au look 70s décidément très à la mode. Si celle-ci ne m'avait pas laissé indifférent, j'avais, moi, surtout retenu un groupe de heavy talentueux au potentiel réel, qui montrait déjà de la personnalité, en particulier par le biais de sa frontwoman théâtrale, tout sauf une greluche sans âme. J'étais ainsi un des rares à soutenir Huntress. La prestation convaincante des Américains en première partie de Dragonforce achevait de me rallier à leur cause.
Quand j'eus connaissance de la sortie d'un nouvel album, toujours chez les Autrichiens de Napalm Records, j'avoue toutefois avoir eu quelques doutes. Déjà un nouvel opus?! Je ne suis jamais confiant quand un groupe enchaîne les sorties, rarement un bon signe.
Starbound Beast est heureusement un très bon contre-exemple. Plus abouti que
Spell Eater, ce deuxième full-length nous présente un combo qui ne s'est pas reposé sur ses lauriers, les musiciens s'améliorant dans tous les domaines pour nous pondre un excellent album de heavy à l'ancienne, auréolé d'une jolie pochette illustrant l'ambiance assez spatiale de l'œuvre. Du heavy old-school typé années 1980 mais modernisé par une production claire et puissante et qui joue dans la cour dark inspirée de Mercyful Fate avec quelques touches maideniennes, un peu à l'instar d'In Solitude. Si les riffs restent ultra classiques, c'est du solide avec du bon vieux mid-tempo headbangant efficace en diable, pimenté de quelques accélérations thrashy comme sur "Zenith". On note toutefois une baisse de la vitesse moyenne par rapport à
Spell Eater qui allait jusqu'à nous offrir des blasts, ce qui n'entame en rien la qualité de
Starbound Beast, plus homogène que son grand frère. Car si ce dernier pouvait se targuer de quelques gros tubes, tous les morceaux n'étaient pas indispensables. Alors que sur
Starbound Beast, aucun morceau ne se détache vraiment (même si j'ai un gros faible pour le title-track). Les dix pistes (pour un total de 45 minutes) forment ainsi un tout. Que des bons morceaux qui nous font secouer la tête et voyager au travers d'une ambiance parfois spatiale que l'introduction "Enter The Exosphere" et le break cosmique aérien du titre de clôture "Alpha Tauri" mettent particulièrement bien en exergue.
Le feeling mélodique y fait également beaucoup. Est-ce dû à l'arrivée de Anthony Crocamo (DarkBlack) au poste de deuxième guitariste à la place de Ian Alden, désormais détenteur de la basse suite au départ de l'ex-Skeletonwitch Eric Harris? Non, car c'est toujours Blake Meahl qui tient la lead guitar. Et le bonhomme s'est montré des plus inspirés, prouvant son savoir-faire sur un festival de solos tous plus réussis les uns que les autres. Vraiment du très bon boulot d'autant que c'est un secteur capital dans le heavy. De là à faire de l'ombre à Jill Janus? Pas loin! Mais l'Américaine a elle-aussi franchi un palier sur ce nouvel album. Elle m'avait déjà impressionné lors de la sortie de
Spell Eater grâce à un registre varié et une performance théâtrale, elle en remet une couche sur
Starbound Beast. Si son panel vocal se fait toujours aussi large, d'un timbre heavy classique aux shrieks de sorcière en passant par quelques growls bestiaux afin de rentrer à fond dans son personnage, c'est plutôt la qualité de ses lignes de chant, à la fois catchy et travaillées, qui m'a épaté (préférence à nouveau pour "Starbound Beast"). Elle qui était parfois juste sur certains passages de l'opus précédent (confirmé en live) sait de mieux en mieux chanter. Ce n'est pas encore Leather Leone mais les progrès me semblent bien réels malgré l'incertitude due aux retouches studio probables. Quant aux paroles, c'est encore une réussite entre sorcellerie, occulte, fantasy et chasse érotique. N'est-elle pas à croquer d'ailleurs quand elle chante "I Want To Fuck You To Death", morceau dont les paroles savoureuses ont été écrites par Lemmy Kimister de Motörhead que Jill connait depuis son passage dans le cover band Chelsea Girls?
On dit souvent que le troisième album est l'album de la maturité chez un groupe. Pour Huntress, c'est déjà le cas au bout du deuxième. Sans être novateur ni complètement renversant,
Starbound Beast n'en reste pas moins un très bon album de dark heavy old-school bourré de bonnes mélodies, de riffs efficaces, de lignes de chant envoûtantes et sachant instaurer une vraie ambiance.
Starbound Beast confirme ainsi sans peine tout le bien que je pensais du combo. Il a même su aller au-delà. Huntress s'est concentré sur la musique et a délaissé la promotion racoleuse de son premier opus. Suffisant pour faire taire les mauvaises langues ? Je l’espère. Au pire, qu’est-ce qu’on s’en fout ?! Huntress et Jill Janus font leur truc et le font bien, tout en y prenant du plaisir. Et moi avec!
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