Visigoth - Conqueror's Oath
Chronique
Visigoth Conqueror's Oath
Avertissement: l'écoute de cet album augmente ostensiblement le taux de testostérone, provoque une sudation excessive des testicules et fait doubler la taille de celles-ci. Des troubles dits du "poing levé" ainsi qu'une envie irrépressible de combattre à l'épée voire de brûler des villages dans les cas les plus graves ont été observés.
Foutre Satan! Si je m'attendais à une telle branlée! Je n'avais pas approfondi le premier album de Visigoth, The Revenant King (erreur réparée depuis), pourtant acclamé par la critique et les fans en 2015, mais à l'écoute de l'extrait "Warrior Queen" mis en ligne sur la toile quelques semaines avant la sortie officielle sur Metal Blade début février, je me suis jeté sur ce deuxième opus intitulé Conqueror's Oath. Le morceau, tout comme la pochette magnifique, m'avaient en effet plus que convaincu. Et rien qu'à la première écoute, je me suis dit "si c'est pas l'album heavy de l'année ça!?".
C'est que les Américains font montre ici d'un talent insolent en remplissant un cahier des charges ras la gueule de gourmandises orales exquises. Une démonstration des plus impressionnantes qui m'a laissé sans voix (enfin presque vu l'appel au sing-along qu'est l'opus) et continue de me foutre sur le cul même après une vingtaine d'écoutes. Pourtant, comme tant d'autres, Visigoth n'a pas inventé la poudre. Mais il la fait parler comme personne. Visigoth surfe sur la vague du revival heavy metal 80s. Mais pas un heavy metal chatoyant avec vocalises haut perchées. Non, du heavy/power metal ultra couillu, guerrier et épique qui aligne les clichés metal pour notre plus grand plaisir. Vous allez bouffer du "steel", du "hammer", du "warrior", du "blade", du "wolf", du "power" et du "sword"! On est dans le heavy de bonhomme à la Grand Magus, Omen, Manilla Road, Manowar, Atlantean Kodex ou plus récemment leurs potes de Eternal Champion. Le genre qui vous fait bomber le torse, serrer le poing et vous donne envie de conquérir le monde.
Eh oui qu'est-ce qu'il fout la pêche ce Conqueror's Oath! D'autant que Visigoth a choisi de passer la vitesse supérieure par rapport à The Revenant King qui montrait un visage plus epic heavy/doom avec des grosses rythmiques bien appuyées. Si le quintette apprécie toujours ces mid-tempos bien virils puissamment mis en valeur par la production musclée, il a clairement accéléré la cadence comme sur la tuerie speed "Outlive Them All" (qui parle de Higlander, difficile de faire plus metal!) ou "Blades In The Night" (qui fait penser au "Screams In The Night" de Night Demon, autre succès heavy récent, et pas que par la proximité patronymique des deux titres). En parallèle, la durée des morceaux raccourcit pour un disque de quarante minutes alors que The Revenant King dépassait l'heure avec un seul morceau supplémentaire. Visigoth a clairement pris un virage plus simple et direct. Cette évolution pourra engendrer de la déception pour les fans du premier opus. Pour ma part, si j'aime beaucoup The Revenant King, l'efficacité dédoublée de Conqueror's Oath me va très bien aussi. L'opus est tellement catchy et prenant! "Salt City", hymne à la gloire de la ville d'origine du combo, Salt Lake City, se fait même carrément rock 'n roll à la Thin Lizzy avec une basse bien funky! Le côté plus bourrin et "easy-listening" n'empêche pas non plus la formation d'instaurer encore des atmosphères épiques. Le morceau d'ouverture "Steel And Silver" en offre dès le début, tout comme celui de clôture, "Conqueror's Oath", très émouvant. Le break calme magnifique à la flûte de "Warrior Queen" vous collera aussi des frissons. Sans oublier bien sûr LE chef-d'œuvre de l'album, "Traitor's Gate". Un titre fantastique à propos de traîtrise et de vengeance sous la forme d'une montée en puissance somptueuse au ton dramatique qui démarre par une introduction douce et poignante à vous faire dresser les poils pour s'assombrir et se durcir peu à peu jusqu'à ce riff vengeur excellent à partir duquel le rythme va accélérer de colère.
Plus simple, plus direct, plus court. Oui mais pas sans émotion donc. Et ça, on le doit surtout à un seul homme, Jake Rogers. La paire de guitariste Leeland Campana et Jamison Palmer est admirable, nous offrant des putain de bons riffs et des solos mélodiques splendides à la pelle (combo indispensable sur tout bon album de heavy metal qui se respecte), avec une classe folle et une aisance admirable. La basse de Matt Brotherton, fait assez rare pour être souligné, tire aussi son épingle du jeu grâce à une belle présence dans le mix et un bon toucher groovy. Rien à dire non plus sur le batteur Mikey Treseder qui fait largement le taf. Mais c'est bien le petit frontman frêle, chauve et clouté qui m'a le plus impressionné. Le bonhomme ne paye pas de mine comme ça mais alors quelle voix! Dans un registre baryton superbement maîtrisé, il allie puissance, virilité et émotion en sublimant les morceaux par son charisme vocal. Les paroles, ultra clichées (tous les thèmes chers au metal, le vrai!) mais bien écrites, y font aussi beaucoup. Efficace, catchy, prenant et poignant (on est des hommes mais on a pas peur de montrer ses sentiments tant qu'on finit par se relever et couper des têtes!), on se prend vite au jeu et on ne tardera pas à chanter les refrains avec l'Américain tellement il est difficile de leur résister. Si vous ne chantez pas ceux de "Steel And Silver", "Outlive Them All", "Hammerforged", "Salt City" ou "Blades In The Night", c'est que vous devez être morts à l'intérieur! Et il n'y a pas que les refrains sur lesquels on voudra faire du karaoké mais carrément sur tous les couplets de tous les morceaux tellement c'est jouissif. Avec le regard fier et conquérant et les poings serrés à s'en faire saigner. Cerise sur le gâteau Jake Rogers nous balance souvent ces fameux "UGH!" à la Tom G. Warrior. Ça doit en saouler certains, moi je surkiffe! Ça va super bien avec les morceaux! Ça et les chœurs virils souvent de sortie, c'est tellement metal!
Gros gros coup de cœur pour ce Conqueror's Oath ultra inspiré. Il se fait certes plus simpliste que The Revenant King, très bon premier album qui promettait déjà Visigoth à un avenir radieux, mais il remporte ma préférence grâce à une foultitude d'offrandes plus jouissives les unes que les autres. Entre l'efficacité indécente de la chose, le chant génial, les paroles fédératrices, les riffs à se faire péter la nuque, les solos mélodiques pour faire du air-guitar, la basse pas timide, il y a de quoi se faire plaisir avec ce heavy metal conquérant qui pose ses grosses burnes sur la table tout du long. Visigoth a clairement franchi un cap dans la jouissance auditive. Tous les titres s'avèrent des putain d'hymnes qui vous feront chanter à tue-tête, lever le poing voire verser une petite larmichette sur les passages les plus poignants (mais toujours virils, on n'est pas des fragiles!). En chipotant, "Hammerforged", "Salt City" et "Blades In The Night" se révèlent un peu moins ultimes que leurs collègues. En gros on passe de l'excellentissime au juste très très bon. Ça va quoi! Je ne vois que ceux davantage portés sur l'aspect epic heavy/doom de The Revenant King pour râler sur un Conqueror's Oath pourtant quasi parfait. La prestation fantastique du combo de l'Utah au Metal Assault en février dernier, que j'attendais la bave aux lèvres depuis mes écoutes répétées du nouvel album, a encore un peu plus enfoncé le clou. Il est un peu tôt pour parler d'album heavy de l'année mais honnêtement, je ne vois pas qui pourrait faire mieux malgré les arrivées prochaines de Riot et Satan. Putain c'est beau le metal quand même!
| Keyser 12 Avril 2018 - 2953 lectures |
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