Accept - Stalingrad
Chronique
Accept Stalingrad
(Brothers In Death)
Légende vivante du heavy metal allemand, Accept est l'un des plus vieux groupes encore en activité avec Black Sabbath et Judas Priest. Formé en 1968, le groupe adopte le nom d'Accept en 1976 et sort son premier album éponyme en 1979. En 1982 sur Restless And Wild, les Teutons vont même jusqu'à introduire avec "Fast As A Shark" un nouveau style plus tard baptisé speed metal dont Judas Priest avait ouvert la voie grâce à "Exciter" en 1978. "Fast As A Shark" restera leur hymne le plus célèbre. Aujourd'hui, Accept est toujours là malgré plusieurs splits puis le départ il y a quelques années de son chanteur emblématique Udo Dirkschneider, remplacé par l'Américain Mark Tornillo. Le premier album du combo avec son nouveau frontman, Blood Of The Nations, sortira en 2010 sur Nuclear Blast sous les acclamations des fans et de la presse. Continuant sur sa lancée, le quintette nous offre déjà la suite, toujours chez la multinationale allemande. Et une chose est sûre: les papys font bien plus que de la résistance avec ce Stalingrad qui se place comme l'un de leurs meilleurs albums.
Remarquez, je vous dis ça mais je ne suis pas vraiment un spécialiste de la discographie d'Accept puisque je n'ai que Restless And Wild et Balls To The Wall, que je ne connais que quelques autres des tubes du groupe et que je n'ai écouté que rapidement Blood Of The Nations, tout ça sur YouTube afin d'en apprendre plus avant le concert des Allemands le 6 avril dernier à Paris, concert que j'ai toutefois pu savourer malgré ma méconnaissance de la formation et ma moindre appréciation des morceaux les plus typés hard rock mid-tempo à la AC/DC, groupe qui a semble-t-il beaucoup influencé Accept. Mais de cela, il n'en est pas question sur Stalingrad. Un titre d'album qui, au passage, rappelle l'époque où Accept se faisait taxer de sympathisant de la cause communiste à la sortie de Russian Roulette alors que certains les cataloguaient de nazis à cause de l'intro heidi, heido, heida de "Fast As A Shark" quelques années auparavant. Mais passons. Une des choses qui m'a frappé le plus, c'est le rythme global plutôt élevé de la musique. Pas de quoi friser l'excès de vitesse, surtout en ces temps de courses contre la montre, mais pour un groupe de vétérans, ils gardent une sacrée pêche! Stalingrad est ainsi un album très dynamique, bien soutenu par le jeu solide à défaut d'être captivant de Stefan Schwarzmann, offrant souvent des rythmiques entraînantes comme sur l'excellent doublé d'ouverture "Hung, Drawn And Quartered"/"Stalingrad" qui fait très mal ou encore "Flash To Bang Time" et "The Quick And The Dead", deux autres compositions ultra efficaces.
Ça, c'est une première bonne chose. Un bon point qui reflète l'envie du groupe d'en découdre. Mais l'envie ça ne suffit pas toujours. Heureusement, Accept a composé ce nouvel opus avec une putain de dose d'inspiration. Après quarante ans de carrière, ça force le respect. Le duo de guitaristes Wolf Hoffmann et Herman Frank est ainsi venu les bras chargés de riffs accrocheurs et de mélodies mémorables. Du classique bien sûr mais du putain de bon classique. Une véritable démonstration de savoir-faire. Et plus que les riffs, c'est le travail sur les leads et les mélodies qui m'a ébahi. Les Teutons ont été touchés par la grâce et ont gentiment blindé Stalingrad de mélodies et solos en tout genre. Il doit même y en avoir une bonne dizaine sur "Flash To Bang Time"! Bref, ça touche grave, quel feeling! Ça commence dès le début de "Hung, Drawn And Quartered" avec une belle mélodie aguicheuse et ça continue sur tous les morceaux. À ce petit jeu, "Stalingrad", sans doute le meilleur titre de l'album, remporte la palme grâce à un break final absolument magnifique. "Shadow Soldiers", piste la plus émotionnelle du package, n'est pas loin avec cette intro mi-acoustique mi-branchée aussi somptueuse que triste pour une power-ballade qui devrait coller des frissons à plus d'un. À écouter aussi "The Galley", longue pièce de plus de 7 minutes qui alterne puissance des émotions en faisant la part belle aux mélodies (intro menaçante, superbe solo à la quatrième minute, touches orientales à 5'18) et puissance physique avec du mid-tempo headbangant à mort (0'38 et 3'39, irrésistible!). Un titre excellent qui se termine sur un long moment de sérénité acoustique illuminé d'une belle lead posée et qui clôt l'album en beauté.
Dans ce festival de riffs killer et de solos du plus bel effet, la basse trouve quand même le droit de citer. Si elle se contente la plupart du temps de soutenir la rythmique, elle prend aussi parfois les devants comme sur l'intro de "Twist Of Fate", "The Quick And The Dead" à 2'42 où elle se fend d'un bref solo, ou "The Galley" sur un break plein de groove à partir de 0'55. Peter Baltes n'est peut-être pas la star de l'album mais il fait ce qu'il faut et c'est déjà pas mal. Mark Tornillo lui par contre, fait le show et a su sans problème faire oublier Udo. Quel chanteur! Il faut dire aussi que le groupe n'a pas pris trop de risques en choisissant un vocaliste au timbre puissant, viril et rocailleux très proche de l'ancien frontman, soit une sorte de Brian Johnson en plus metal. Les fans ne sont pas dépaysés. Quoiqu'il en soit, l'Américain nous sort plein de lignes de chant catchies et prenantes, ainsi que des refrains qui donnent envie de serrer le poing avec tous ces chœurs virils jouissifs ("Stalingrad", "Revolution", "Against The World", "Twist Of Fate", "The Quick And The Dead", "The Galley"). Les rares parties de chant plus clair, moins rauque, comme sur "Hellfire" à 5'09 ou le début "Twist Of Fate" sont elles aussi bien foutues. Bref, un sans faute pour celui qui avait la dure tâche de remplacer une véritable icône.
Je crois que c'est évident, Stalingrad fait partie des sorties marquantes de 2012. Un excellent album de heavy metal efficace et mémorable qui n'a rien à envier aux grands succès du groupe. Je le trouve même supérieur à Blood Of The Nations qui, bien que très bon lui aussi, souffrait d'une trop longue durée. Là, 50 minutes c'est amplement suffisant pour éviter la surdose. Stalingrad est ainsi une putain d'usine à tubes qui ne renferme aucun véritable temps mort. Seul "Revolution", pourtant fort sympathique, s'avère un peu en dessous des autres. Non, Accept ne surprend pas mais fait ce qu'il sait faire avec un talent rare. Si certains anciens devraient prendre leur retraite, ce n'est pas le cas des Allemands qui semblent plus vaillants que jamais.
| Keyser 18 Avril 2012 - 3012 lectures |
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