J'ai une grande tendresse pour Accept. Leur statut de pionnier, le fait qu'ils remplissent encore des salles entières après quarante ans de carrière, leur retour en force malgré le départ d'Udo Dirkschneider, la bonhomie de Wolf Hoffmann, sosie officiel de Bruce Willis, et bien sûr leur musique. Tout n'est pas indispensable chez eux mais des albums comme
Restless And Wild,
Balls To The Wall,
Metal Heart ou plus récemment
Stalingrad font partie des incontournables du heavy metal. Forts de trois disques réussis depuis leur énième reformation en 2009 en dépit d'un
Blind Rage légèrement en deçà de
Blood Of The Nations et
Stalingrad, les Allemands voient pourtant le départ de leur guitariste Herman Franck et leur batteur Stefan Schwartmann. Coup d'arrêt pour la formation? Pas vraiment puisqu'après avoir enrôlé l'inconnu Christopher Williams derrière les fûts et Uwe Lulis (ex-Grave Digger) à la guitare, Accept a sorti un nouvel album cet été comme si de rien n'était. Il faut dire que tant qu'il y aura le meneur d'hommes et tête pensante Wolf Hoffmann, accompagné du bassiste de toujours Peter Baltes, Accept perdurera. C'est donc en août sur Nuclear Blast qu'a débarqué
The Rise Of Chaos et sa belle pochette apocalyptique qui fait saliver.
Effectivement, malgré les changements de personnel, Accept continue son petit bonhomme de chemin. Accept fait du Accept, dans ce style teuton caractéristique à base de gros riffs simples et de refrains efficaces. Aucune surprise à attendre, le groupe s'appuie sur ses acquis, joue ce qu'il sait jouer et la machine tourne d'elle-même. Après tout, Accept a t-il quelque chose à prouver? Le résultat se révèle donc tout à fait correct. La recette a fait ses preuves et les dix morceaux de
The Rise Of Chaos passent ainsi tout seul. C'est simple et efficace avec ces gros riffs mid-tempos heavy/power pour headbanguer sans trop réfléchir, ces refrains à chœurs pour fédérer (pas que Roger), ces solos à la cool et ce groove parfois hard rock ("Koolaid", "Analog Man" à la AC/DC etc.). Cela nous donne des bons titres comme "Die By The Sword" en ouverture qui fait bien le taf, "Koolaid" et sa mélodie d'intro entêtante, "Analog Man" et ses paroles amusantes (ou risibles au choix) sur l'ère numérique ou encore "What's Done Is Done" et "Worlds Colliding" bien foutus quoique très classiques.
C'est un peu ça le problème de
The Rise Of Chaos en fait. Parce que oui, problème il y a, même s'il passera inaperçu aux oreilles des nombreux fans. Accept est vraiment en pilotage automatique ici. Cela suffi à en faire un bon album qui s'écoute tranquille mais par rapport aux précédents, celui-ci se place clairement comme le moins inspiré. Ultra calibré, très propret,
The Rise Of Chaos n'est en effet pas ce que les Teutons ont fait de plus remarquable. Quelques très bons titres comme ceux déjà cités mais pas vraiment de hit en puissance. Peut-être "Die By The Sword" ou "Koolaid", les deux meilleurs titres, mais cela fait un peu juste sur un album estampillé Accept. Tous les morceaux sont construits de la même façon et le mid-tempo règne trop en maître aux dépens des accélérations, trop peu fréquentes. C'était déjà le cas sur
Blind Rage qui portait mal son nom mais quand l'inspiration se fait moindre, c'est une chose qui devient plus problématique. Le plan-plan "Hole In The Head" marque déjà le pas dès la deuxième piste (malgré le côté Dave Mustaine étonnant sur le début des couplets), Le transparent "The Rise Of Chaos" qui suit et que l'on attendait plus fringuant pour l'éponyme, ne remonte pas vraiment la pente. L'anecdotique "No Regrets" fait pâle figure après "Koolaid" et le doublé final "Carry The Weight / "Race To Exctinction" n'est pas franchement flamboyant malgré un bon refrain pour le premier et une ambiance sombre pour le second. Le manque d'inspiration se fait également sentir au niveau des solos, où il y a à boire et à manger, ainsi que des refrains, minimalistes et pas toujours mémorables ("Hole In The Head", "The Rise Of Chaos", "Race To Extinction").
Cela fait un moment qu'Accept sort toujours le même album et ça commence à se voir. S'il reste de bonne qualité et s'écoute sans effort,
The Rise Of Chaos n'en demeure pas moins l'album le moins marquant du combo allemand depuis sa reformation. Je suis donc forcément un peu déçu. On peut applaudir un savoir-faire certain qui leur permet de composer des morceaux efficaces qui fonctionnent toujours mais quand on gratte un peu, on se rend compte que le père Hoffmann commence à être un peu à cours d'idées.
The Rise Of Chaos sonne vraiment comme un album Nuclear Blast, avec tout ce que cela sous-entend. Il ne faudrait pas sortir l'album de trop, surtout quand pas mal de jeunes groupes se montrent autrement plus inspirés et riches cette année (Trial, Attic...). Cela dit, Accept n'a jamais vraiment pris de risques. On l'a bien vu quand l'américain Mark Tornillo, qui signe ici une performance tout bien comme il faut, a remplacé Udo. Un timbre similaire au petit mais teigneux frontman, à défaut du même charisme qui laisse Wolf Hoffmann sous les projecteurs. Nul doute cependant que ce nouvel opus contentera la plupart des fans. Je le trouve moi-même tout à fait convenable pris comme ça. Le plaisir est encore là. Je dis juste à Accept de faire attention et de ne pas trop se reposer sur ses lauriers au risque, un jour, de vraiment lasser. Ce serait dommage pour un tel groupe!
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo