Mercyful Fate - Melissa
Chronique
Mercyful Fate Melissa
Si Iron Maiden et Judas Priest représentent incontestablement la quintessence du Heavy Metal, bien d’autres icônes ont également marqué de leur empreinte ce genre popularisé à l’orée des années 80 par une scène anglaise particulièrement vivace. Mercyful Fate en est certainement l’un des exemples les plus frappants tant le groupe de Copenhague drague avec lui, et ce encore aujourd’hui, une cohorte de fans entièrement dédiés à la cause des Danois.
Formé en 1981 sur les cendres de Brats, un groupe de Punk Rock réunissant Kim Bendix Petersen aka King Diamond et Rene Krolmark plus connu sous le nom de Hank Shermann, Mercyful Fate va enchaîner pas moins de quatre démos en l’espace de seulement quelques mois. Un exploit quand on sait que le groupe doit également faire face à l’époque à de nombreux vas-et-viens. Un line-up qui finira cependant par se stabiliser avec l’arrivée de Michael Denner (ex-Brats, ex-Danger Zone) à la seconde guitare, Timi Hansen à la basse et Kim Ruzz à la batterie. Ensemble, le groupe va sortir en 1982 son premier EP baptisé simplement Mercyful Fate via le label hollandais Rave-On Records que les amateurs de Heavy Metal français connaissent bien puisque Sortilège et H-Bomb y ont fait leurs débuts. Porté par un succès grandissant, Mercyful Fate va signer peu de temps après sur Roadrunner Records pour lequel il enregistrera deux albums avant de mettre fin à ses activités suite à un différend artistique opposant Hank Shermann au reste du groupe (les croix renversées c’est mal, m’voyez...).
Signée du Suédois Thomas Holm (qui travaillera plus tard pour King Diamond mais également pour Nifelheim et Dreadful Relic), l’artwork de ce premier album intitulé Melissa figure aisément parmi mes préférées dans le genre (avec celles de Maiden bien évidemment). Sulfureuse et menaçante, sombre et excitante, il y a fort à parier que nombres de jeunes adolescents sont tombés sous le charme de Mercyful Fate grâce à cette illustration démoniaque. Enregistré au Easy Sound Recording Studio (où passeront plus tard des artistes tels que Witch Cross, Pretty Maids et même Miles Davis), ce premier album voit le jour à l’automne 1983 et va très vite s’imposer comme une référence pour pas mal de fans de Heavy Metal à commencer par les petits gars de Metallica grâce bien évidemment à Lars Ulrich. Un amour porté au King qui se manifestera notamment à travers quelques reprises proposées sous la forme d’un medley baptisé simplement "Mercyful Fate" et sur lequel on peut entendre des passages tirés de "Satan's Fall", "Curse Of The Pharaohs", "A Corpse Without Soul", "Into The Coven" et "Evil".
Arrivé probablement un peu trop tard pour être porté aux nues comme l’ont été Iron Maiden et Judas Priest à leur époque (et devant faire face à la première garde du Thrash bien décidée à bousculer les standards en place), le succès de Mercyful Fate ne s’est pourtant jamais démenti. Il faut dire que Melissa possède un grand nombre de qualités et finalement bien peu de défauts. La seule chose pouvant ici poser problème est évidemment la voix maléfique de King Diamond (et ses petits rires vicieux et diaboliques) dont les montées dans les aiguës (nombreuses) peuvent apparaître pour certain comme rédhibitoires en plus d’être extrêmement agaçantes. Ceci étant dit, si vous ne cédez pas face à celles de "Satan’s Fall" à partir de 1:08 alors le reste ne devrait en aucun pouvoir vous effrayer.
Moins complexe qu’un King Diamond, le Heavy Metal de Mercyful Fate s’apprécie en grande partie pour son immédiateté qui en fait un groupe à mon sens bien plus facile à appréhender que son homologue pourtant fomenté peu ou prou par les mêmes géniteurs (exit Hank Shermann et Kim Ruzz, welcome Andy LaRocque et Mikkey Dee). Une formule particulièrement efficace portée par une paire de guitaristes tout sauf manchots et bénis de Satan pour :
- Deux sons de guitares bien distincts, l’un abrasif, l’autre plus "propre".
- Leurs riffs chaloupés et bouillants au groove hérités du Hard Rock des années 70.
- Des idées qui, pour l’époque, sortent quelque peu des sentiers battus ("Satan’s Fall" et ses onze minutes où les plans se succèdent mais ne se ressemblent pas)
- Leurs cavalcades épiques à perdre haleine (épaulées par la basse frétillante de Timi Hansen).
- Leurs solos à vous filer la chair de poule (pas moins de cinq sur le premier titre de l’album).
Impossible de résister à une telle avalanche de riffs aussi "bad-boy" que ceux de "Evil", "Curse Of The Pharaohs", "Into The Coven", "Black Funeral" ou "Satan’s Fall". Des riffs avec une attitude pour une atmosphère qui sent finalement autant la rue la nuit que le cimetière profané ou la messe noire au nom du Grand Bouc Noir. Car ce succès, les Danois le doivent aussi à l’image qu’ils renvoient, notamment grâce à King Diamond dans son rôle de maître de cérémonie, prêchant la parole de Satan derrière un visage grimé comme l’on fait avant lui Arthur Brown, Alice Cooper ou Kiss. Tout en excès (mesurés), celui-ci joue la carte du provocateur avec une attitude, des paroles et des accessoires profondément anti-chrétiens et blasphématoires. Tout ce qu’il faut pour exciter une jeune génération en quête de choses subversives à se mettre dans les oreilles le dimanche avant le repas de famille. Un univers et un décorum qui serviront assurément de base à toute la seconde vague du Black Metal.
Premier album extrêmement solide, sans faille et efficace de bout en bout, Melissa ne constitue pourtant pas une grande révolution musicalement parlant. Le Heavy Metal distillé par Mercyful Fate s’inscrit dans un cadre extrêmement balisé que bien d’autres groupes avant lui ont déjà largement exploré. Mais les Danois ont pour eux un univers bien particulier qui ravi l’amateur éclairé autant qu’il effraie la ménagère adepte de la prière dominicale. Un décorum sataniste excitant et subversif - en tout cas pour l’époque - manié avec brio par un King Diamond haut en couleurs et dont les capacités vocales (aussi à l’aise dans le bas du spectre que tout en haut) assurent à Mercyful Fate une saveur toute particulière qui en fait encore aujourd’hui l’un des groupes de Heavy Metal les plus respectés dans le genre. En tout cas ce n’est pas Tobias Forge qui vous dira le contraire…
| AxGxB 21 Février 2019 - 2644 lectures |
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