Malgré un début de carrière flamboyant marqué notamment par la sortie de deux albums considérés par beaucoup d’amateurs de Heavy Metal comme incontournables, Mercyful Fate va pourtant décider de mettre fin à ses activités quelques mois seulement après la sortie de
Don’t Break The Oath et une longue tournée américaine de plus de deux mois. Une décision évidemment surprenante dans un tel contexte mais qui s’explique malheureusement par quelques dissensions internes. D’un côté monsieur Hank Shermann qui semble en avoir ras-le-bol de tout ce trip satanique et souhaiterait bien donner une couleur plus commerciale au Heavy Metal de Mercyful Fate, de l’autre Kim Bendix Peterson, Michael Denner et Timi Hansen qui eux n’entendent pas lâcher le morceau. Plutôt que d’envoyer bouler Hank et de chercher un nouveau guitariste, Kim et ses acolytes préféreront plier bagage pour aller former King Diamond et ainsi poursuivre leur chemin sur fond d’histoires occultes et horrifiques. Hank Shermann quant à lui ira monter Fate avec qui il sortira deux albums avant finalement de prendre congés de ses compagnons d’armes pour partir vers de nouvelles aventures, notamment en compagnie de Michael Denner et Timi Hansen (Lavina, Zoser Mez).
Pour autant, l’histoire de Mercyful Fate ne s’arrête pas en 1985 puisque huit ans après cette mésaventure ayant signé à l’époque la fin du groupe, la formation danoise est finalement ramenée d’entre les morts. Seul manque à l’appel le batteur Kim Ruzz remplacé pour l’occasion par Morten Nielsen (ex-Zoser Mez...). Ainsi de retour aux affaires, Mercyful Fate signe rapidement un contrat avec Metal Blade Records et sort après un premier single son troisième album. Intitulé
In The Shadows, celui-ci est enregistré aux Dallas Sound Lab Studios en compagnie du producteur Tim Kimsey qui a notamment travaillé sur le premier album de Solitude Aeturnus (
Into The Depths Of Sorrow) et qui sera par la suite sollicité à nouveau afin de travailler sur les albums de Mercyful Fate et King Diamond.
Malgré un line-up identique au 4/5ème, des albums de King Diamond n’ayant absolument pas à rougir de quoi que ce soit et le fait qu’en 1993 le Heavy Metal n’a clairement plus autant de succès qu’au milieu des années 80, il y avait tout de même de grandes attentes de la part des fans à l’annonce de ce retour pour le moins inespéré. Alors évidemment, et je n’apprends rien à personne,
In The Shadows n’est certainement pas le meilleur album de la discographie de Mercyful Fate et n’aura jamais la même renommée ni le même statut que ses deux prédécesseurs. Pour autant, il constitue un retour particulièrement solide puisque très franchement celui-ci aurait facilement pu sortir un an ou deux après l’excellent
Don’t Break The Oath. En effet, à l’exception de cette production forcément plus avantageuse qu’en 1985 où chaque instrument a naturellement gagné en puissance et en clarté, on retrouve ici tout ce qui faisait déjà le charme de Mercyful Fate huit ans auparavant : ces ambiances ténébreuses et envoûtantes, ce riffing mélodique et néanmoins sinistre, cette basse discrète mais toujours présente quand il le faut et bien entendu cette voix particulièrement théâtrale sur laquelle le temps ne semble avoir aucune emprise.
Si
In The Shadows ne réserve donc aucune véritable surprise (si ce n’est celle de retrouver un groupe en très grande forme après huit ans d’absence), Il y a donc largement matière à se réjouir à l’écoute de ces dix nouveaux morceaux (enfin neuf puisque "Return Of The Vampire... 1993" est comme son nom le suggère une remise au goût du jour d’un titre datant de 1981 sur lequel on va d’ailleurs retrouver un certain Lars Ulrich derrière les fûts). Ainsi, outre ce chant qui n’a pas pris une ride, portant dans cette théâtralité (il faut aimer les voix haut perchées et les mises en scène) le caractère toujours aussi narratif des compositions de Mercyful Fate (parfois étonnamment poignantes comme sur cette superbe séquence mélodique entamée à 2:19 sur "Thirteen Invitations"), on va surtout retrouver le duo Hank Shermann / Michael Denner pour quelques moments d’anthologie. De ces riffs toujours aussi bad-boy ("Egypt", "The Bell Witch", "Shadows", "Thirteen Invitations"...) en passant par ces nombreux solos disséminés tout au long de l’album ("Egypt", "The Bell Witch", "The Old Oak", "Shadows" ou "Legend Of The Headless Rider"), le duo s’acquitte une fois de plus de sa tâche avec brio. Un talent évident relevé par un sens de l’arrangement mélodique fort à propos comme l’atteste ces séquences acoustiques sur "Egypt", "The Old Oak", "A Gruesome Time" et l’instrumental "Room Of Golden Air" aux sonorités hispano-orientales, ces cordes synthétiques sur la conclusion de "Egypt" ainsi que sur "Shadows" ou bien ce clavecin sur "Is That You, Melissa ?", titre centré autour du personnage de Melissa, cette sorcière brûlée vive dont il a été déjà largement question dans les deux albums précédents de Mercyful Fate.
Retour en grâce pour Mercyful Fate qui après une séparation de presque dix ans signe ici un retour de haut niveau. Et si l’histoire retiendra surtout les deux premiers albums du groupe danois,
In The Shadows ne démérite pas un seul instant. Certes, l’aura qui entoure ce troisième album sorti au début des années 90 n’est évidemment pas la même que celle qui plane autour de ces albums emblématiques que sont
Melissa ou
Don’t Break The Oath mais celui-ci est néanmoins particulièrement satisfaisant. Finalement, le seul petit reproche que l’on pourrait adresser à l’encontre de ce troisième album est cet artwork signé Torbjorn Jorgensen (King Diamond, Lord Belial, Nifelheim...) pas forcément très inspiré. Fort heureusement, les fans de Mercyful Fate n’ont pas attendu cette chronique pour faire fi de cette oeuvre discutable et se plonger corps et âme dans ce retour particulièrement réussi.
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