Comme souvent à l’époque, il aura fallu moins d’un an à Mercyful Fate pour composer son nouvel album et retourner en studio l’enregistrer. 10 mois seulement après la sortie de
Melissa, les Danois rempilent le plus naturellement du monde avec un deuxième album peut-être encore plus culte que son prédécesseur intitulé
Don’t Break The Oath. Nous sommes en 1984 et malgré les premiers albums de Venom, Bathory, Slayer et Metallica venus mettre un grand coup de pied dans cette fourmilière qu’est le Heavy Metal, le genre à encore largement le vent en poupe. Aussi, le succès de Mercyful Fate ne se dément pas et surtout, le groupe n’est pas encore complètement plombé par ces querelles internes liées à cette fameuse imagerie sataniste qu’il véhicule.
Pour ce deuxième album, le groupe choisi de rester en terrain connu, reprenant ainsi le chemin du Easy Sound Recording studio en compagnie une fois de plus du producteur Henrik Lund. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Mercyful Fate fait également de nouveau appel aux services et aux talents de l’illustrateur suédois Thomas Holm pour une œuvre tout aussi emblématique et évocatrice que celle de son prédécesseur bien que je garde en ce qui me concerne une préférence pour celle de
Melissa que je trouve beaucoup plus inquiétante.
S’il marche de toute évidence dans les pas de son grand frère, ce nouvel album montre tout de même quelques signes d’évolution subtils mais particulièrement bienvenues. En terme de production d’abord grâce à un son plus lourd et menaçant mettant ainsi en avant une fois encore l’excellent travail effectué par Hank Shermann et Michael Denner sur les riffs. Ensuite pour le soin apporté aux atmosphères grâce à une instrumentation plus riche et à des arrangements jusque-là inédits. On trouve ainsi tout au long de
Don’t Break The Oath des cloches ("A Dangerous Meeting" à 4:24, "The Oath" à 1:01), du clavier ("Nightmare" à 3:28, l’introduction de "The Oath" ainsi qu’à 1:08 et 3:34, "Come To The Sabbath"), des samples ("The Oath" encore), une guitare acoustique ("To One Far Away")... Des éléments sonores aujourd’hui vus et revus mais qui apportent à ce deuxième album une saveur tout à fait spéciale, permettant d’accentuer encore davantage cette impression de messe occulte, sulfureuse et blasphématoire à laquelle s’adonne avec plaisir les cinq danois. Enfin pour cette versatilité encore plus marquée dans la voix du King et une puissance un peu plus affirmée. Certes, ces montées dans les aiguës continueront d’agacer ceux qui se sentaient déjà agressés dans leur virilité par les fulgurances exubérantes de Kim Bendix Petersen mais peu de chanteur symbolisent aussi bien que lui ce qu’est justement le Heavy Metal.
En dehors de ces quelques points d’attention faisant de ce disque une suite pour le moins incontournable,
Don’t Break The Oath s’apparente de toute évidence à une simple V2 de
Melissa. Et ceux qui trouveront à y redire peuvent aller voir ailleurs tant cet album, au même titre que son prédécesseur, est inscrit depuis belle lurette au panthéon des disques de Heavy Metal. On retrouve ainsi tout ce qui faisait déjà le charme de ce premier album à commencer par ces riffs imparables signés Hank Shermann et Michael Denner. Des riffs relativement simples mais toujours extrêmement efficaces notamment grâce à ce côté bad boy insolent qui transparaît de ces "chaloupements" suggestifs ("A Dangerous Meeting", "Nightmare", "Desecration Of Souls", "Gipsy"...). Rock’n’Roll jusqu’à l’os, ces riffs ne donnent envie que d’une chose, mettre son perf et ses lunettes de soleil pour dodeliner fièrement de la tête et battre la mesure du talon de sa botte. On peut également compter sur les nombreux solos dispensés tout au long de ces quarante-deux minutes par ce duo de guitaristes hors pair pour nous faire grimper aux rideaux. Bref, une musique qui en dépit de poussées vocales dignes de la Castafiore n’en garde pas moins une attitude particulièrement virile. Outre ces riffs qui constituent bien évidemment la colonne vertébrale de cet album, celui-ci est également marqué par quelques accélérations amenant avec elles une certaine dynamique à l’ensemble tout en contrastant avec le rythme bien particulier de ces fameux riffs chaloupés. Des cavalcades mesurées mais toujours aussi bien senties qui permettent tout simplement de varier les plaisirs pendant les quarante-deux minutes que dure
Don’t Break The Oath.
Motivé par un désir de réussite évident, en plus de vouloir marquer durablement les esprits, Mercyful Fate n’aura donc pas tardé à refaire parler de lui grâce à un deuxième album rondement mené qui, s’il n’est pas nécessairement supérieur à son prédécesseur, a su tout de même s’enrichir de quelques nouveautés afin d’étoffer un travail sur les atmosphères déjà tout à fait pertinent. Malgré un succès d’estime évident (appelée à se développer encore davantage quelques années plus tard avec l’émergence du Black Metal qui amènera bien des groupes de la seconde vague à se nourrir de l’univers de Mercyful Fate afin de construire le leur), le groupe finira par splitter l’année suivante à cause de quelques divergences artistiques entre Hank Shermann et le reste du groupe. Une séparation qui conduira les quatre membres restant à fonder dans la foulée King Diamond alors que Shermann ira se faire oublier dans des groupes sans réelle envergure. Finalement, la hache de guerre sera enterrée en 1993 avec la sortie sur Metal Blade Records de
In The Shadows qui permettra à Mercyful Fate de se remettre en piste à une époque où le Heavy Metal à malheureusement perdu de sa splendeur. Mais si le reste de la discographie des Danois n'est pas aussi resplendissante que ses deux premiers albums, elle conserve néanmoins intérêt pour tous les amateurs de Heavy en général et de King Diamond en particulier. La quintessence d'un genre, au même titre que quelques noms pourtant bien plus célèbre...
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