Savage Oath - Divine Battle
Chronique
Savage Oath Divine Battle
Cela fait bien longtemps que je n’ai pas chroniqué un album de Heavy Metal. J’en ai pourtant quelques-uns en réserve à commencer par le dernier Riot City toujours absent de ces colonnes, le premier album des Suédois de Century ou bien la suite des aventures de Mercyful Fate qui manque cruellement à Thrashocore mais avec la mise au repos de notre ami Keyser, on ne peut pas dire que le genre ait beaucoup d’autres aficionados dévoués parmi l’équipe de chroniqueurs actuellement en place. Aussi à l’approche des bilans de fin d’année, il me paraissait impensable de ne pas évoquer ici l’une des sorties majeures de 2024 en la matière.
Formé en 2018 aux États-Unis par des membres situés aux quatre coins du pays, Savage Oath n’est pas un groupe de jeunes talents en devenir mais plutôt la réunion de quelques musiciens talentueux dont on a déjà chanté les louanges à de nombreuses reprises par le passé. En effet, dans sa configuration première, le groupe s’articulait autour de Brendan Radigan (Pagan Altar, Sumerlands, Torture Chain, ex-Magic Circle...) au chant, Carlos Llanas (ex-Eternal Champion) et Leeland Campana (Visigoth) aux guitares, Phil Ross (Ironsword, Sentry, ex-Manilla Road...) à la basse et enfin Ryan Mower à la batterie. Et si depuis celle-ci a été quelque peu chamboulée (exit Carlos Llanas et Ryan Mower), c’est bien sous cette forme qu’a été composé et enregistré ce premier album. Un disque intitulé Divine Battle paru en mars dernier sur Postmortem Apocalypse (Armagh, Capilla Ardiente, Glacier, Legendry, Manillla Road, Sadistic Force...), petit label de monsieur Phil Ross.
Après plusieurs années à travailler dans l’ombre, Savage Oath finira par sortir en 2023 un petit EP avec lequel il fera doucement frémir la communauté Heavy Metal grâce à un line-up de choix qui évidemment ne manquera pas de faire jaser mais aussi et surtout deux compositions extrêmement solides mettant en avant une fois de plus le talent de ces musiciens rompus à ce genre d’exercice. Bien décidés à faire parler d’eux, les Américains remettront le couvert un an plus tard avec la sortie cette fois-ci de Divine Battle, un disque enregistré entre 2018 et 2023 et dont l’illustration engageante qui n’est pas sans rappeler la célèbre peinture intitulée "Åsgårdsreien" de Peter Nicolai Arbo (celle qui orne notamment l’album Blood Fire Death de Bathory) a été confiée à Adam Burke.
Une oeuvre dont le caractère profondément épique est bien évidemment tout à fait en accord avec la musique des Américains dont le Heavy Metal vous fera voyager sur des champs de batailles imaginaires face à des armées de démons, de mercenaires et autres créatures impies… D’excellentes factures, ces sept compositions brillent en premier lieu grâce à la prestation absolument impeccable d’un Brendan Radigan toujours aussi impérial. Celui qui a permis à Pagan Altar de reprendre le chemin des planches dignement après le décès de Terry Jones (et qui avait également fait forte impression au sein des excellents Magic Circle) nous livre ici des lignes de chants puissantes, abrasives, maitrisées et surtout chargées en émotions à tel point que vous vous surprendrez probablement à porter votre point sur le coeur et à scander fièrement le bras tendu vers le ciel certains passages incroyablement héroïques ("Knight Of The Night" à 1:48, "Wings Of Vengeance" à 0:27, "Blood For The King" à 0:39, "Madness Of The Crowd" à 3:07 pour n’en citer que quelques-uns). Chanteur talentueux a qui l’ont doit en grande partie la réussite de bien des projets, Brendan Radigan n’est pourtant pas le seul à briller durant ces quarantes-trois minutes.
En effet, Savage Oath a beau n’avoir rien de nouveau à offrir, Divine Battle est le genre d’album dont on se délecte dès les premières écoutes grâce à une approche à la fois dynamique et variée (on passe en effet de titres relativement rapides et assurément épiques ("Knight Of The Night", "Wings Of Vengeance" à compter de 1:09) à des moments plus en retenu mais non moins évocateurs (les premières secondes de "Wings Of Vengeance", "Blood For The King", "Smoke At Dawn", "Divine Battle")) et un sens de la composition particulièrement affûté permettant de faire de ces titres au long cours (entre cinq et sept minutes chacun à l’exception de "Smoke At Dawn") des moments certainement ni monotones ni répétitifs. Il faut dire que depuis le temps Carlos Llanas et Leeland Campana connaissent parfaitement leur sujet et entendent bien une fois de plus nous le prouver en déployant tout ce que l’on peut attendre de guitaristes aussi talentueux dans un groupe de Heavy Metal. De ces nombreuses cavalcades particulièrement entraînantes (soutenues au passage par cette basse discrète mais dont on peut tout de même percevoir les délicieuses rondeurs si on y prête attention) à ces séquences plus tranquilles mais non moins convaincantes sans oublier bien évidemment tous ces solos de haute volée participant à renforcer le caractère mélodique et épique (et parfois même intense) de ce premier album ("Knight Of The Night" à 4:40, "Wings Of Vengeance" à 4:13, "Blood For The King" à 3:19, "Madness Of The Crowd" à 3:41, "Savage Oath" à 2:53), on ne peut pas dire qu’il y ait quoi que ce soit à jeter. Enfin, comment conclure cette chronique sans évoquer ce dernier titre ? Une composition acoustique particulièrement bien troussée puisqu’en dépit de son caractère dépouillée (outre cette électricité aux abonnés absents, il semblerait que Ryan Mower ait également troqué sa batterie pour des percussions uniquement) celle-ci porte en elle toutes les émotions évoquées précédemment dans cette chronique. Une conclusion incroyablement touchante et épique qui, si le doute était encore possible après tout ce qui s’est dit, assoit définitivement ce premier album parmi les meilleures surprises estampillées "Heavy Metal" de 2024.
S’il est l’expression d’un Heavy Metal tout ce qu’il y a de plus classique et traditionnel, Divine Battle n’en reste pas moins la démonstration par sept que tout ce que touche monsieur Brendan Radigan est effectivement marqué du sceau de l’excellence. Dans la lignée d’un Eternal Champion avec qui il partage ce caractère définitivement épique (en plus de la présence de Carlos Llanas), ce premier album séduit par son approche résolument dynamique et entrainante, par la variété de ses compositions capables aussi bien de cavaler à brides abattues que de lever le pied lors de moments tout aussi évocateurs et plus globalement par la qualité de ces sept compositions qui n’auront absolument aucun mal à convaincre l’amateur de Heavy Metal. Bref, Divine Battle est ce que l’on peut appeler une franche réussite dont la seule ombre au tableau est d’être aujourd’hui d’ores et déjà quasiment sold out un petit peu partout...
| AxGxB 24 Septembre 2024 - 603 lectures |
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