Après une tournée de 187 concerts répartis en onze mois, c’est le 5 juillet 1985 que s’achève le triomphant mais épuisant « World Slavery Tour » (qui a vu défiler en plus des premières parties de qualité avec MÖTLEY CRUE, ACCEPT, QUEENSRŸCHE ou encore TWISTED SISTER) avec une ultime date à Irvine en Californie. Les Britanniques sont désormais un poids lourd mondialement connu et installé avec cinq albums déjà reconnus à l’époque comme des chefs-d’œuvre et des classiques en devenir, pourtant personne ne se doute que le quintet va hisser la barre encore plus haut quelques temps plus tard. Car dans l’immédiat place à un repos bien mérité, notamment pour Bruce Dickinson qui avait l’impression d’être devenu un simple rouage d’une machine devenue énorme et dont il ne voyait pas la fin de cette tournée. Après quatre mois d’arrêt Steve Harris et Adrian Smith se retrouvent ensemble pour commencer à composer leur nouveau bébé qui sera le plus synthétique, technique et mélodique jamais composé auparavant, car le blondinet surdoué a décidé d’utiliser massivement les guitares synth très en vogue à l’époque (que l’on retrouvera notamment en même temps chez leurs compatriotes de JUDAS PRIEST avec le très discuté « Turbo »), ce qui va emmener la musique du combo vers de nouveaux horizons jamais explorés encore. Ce binôme s’occupera d’ailleurs chacun de son côté de l’intégralité des huit nouveaux morceaux (hormis « Déjà Vu » coécrit avec par le bassiste et Dave Murray), car les propositions de son chanteur ont été toutes refusées, mais c’est bien l’ensemble de la formation et de l’équipe technique qui s’est mise au diapason pour leur rendre justice, car si au prime abord la nouvelle orientation a dérouté de nombreux fans il faut bien reconnaître avec le recul qu’on est en présence d’un chef-d’œuvre absolu, qui n’a pas pris une ride malgré ces trois décennies.
Car tout y est parfait, à commencer par la pochette de Derek Riggs qui s’est surpassé en offrant une multitude de détails truffés de références à l’histoire du groupe, tout comme sur leurs goûts personnels, et qui a probablement fourni son plus beau travail à la bande. A l’instar du magicien Martin Birch qui a réussi à donner une puissance impressionnante aux nouveaux titres, tout en les faisant sonner moderne sans tomber dans le kitch (comme cela a été beaucoup le cas à l’époque) et leur donner un rendu spatial en raccord avec la thématique générale. Du coup entre production phénoménale, compositions de très haut niveau et chacun de ses membres s’étant surpassé, le résultat ne pouvait être qu’à la hauteur malgré les craintes légitimes d’une usure physique et psychologique.
Celles-ci sont balayées d’entrée avec le fabuleux « Caught Somewhere In Time » (qui servait aussi d’ouverture lors de la tournée qui a suivi) épique à mort et où l’on s’aperçoit que chacun de ses membres n’a jamais été aussi technique et précis. Car outre la rythmique d’enfer imposée par le batteur, la basse n’a elle jamais autant galopé sur les rythmiques sauvages et enchanteresses de la paire de guitaristes au sommet de leur art, tout comme le chant monumental plus lyrique et moins agressif, qui colle parfaitement à la thématique de ce sixième opus. En effet le boulot du frontman dès cette première plage est absolument hallucinant tant il arrive à transposer les émotions des paroles avec cette ambiance spatiale et apaisante, tout y est plus mélodique et cette dernière est mise en avant par les solos fabuleux des deux blondinets qui n’ont jamais été aussi complémentaire, et le boulot incroyable abattu par son marteleur qui pousse ses camarades dans leurs derniers retranchements. Du moins le croit-on car après ce début extraordinaire la suite va être du même acabit qui va passer aisément de la vitesse au mid-tempo bien massif, avec pour commencer le magnifique « Wasted Years » au fort accent nostalgique et au refrain fédérateur et inoubliable. Outre son intro et son tempo bien lourd on s’aperçoit là-encore du talent de compositeur d’Adrian Smith qui a signé cette œuvre tout seul comme un grand et de bout en bout, à l’instar de « Sea Of Madness » où les instruments se font un peu plus agressifs mais toujours en gardant cette mélodie sublimée par les nappes de clavier qui n’ont pas pris une ride, et un Bruce toujours dantesque au micro. Autre classique présent « Heaven Can Wait » avec sa base rapide et ses chœurs sur la partie centrale repris joyeusement par le groupe et le public, font toujours de ce morceau un grand moment des concerts des Britanniques, avec sa construction plus classique et moins affirmée que le reste du disque.
La seconde partie qui s’annonce va être tout aussi pointue et élevée comme la première, car elle démarre avec le très beau « The Loneliness of the Long Distance Runner » tout en changement de rythmes et qui nous emmène là-encore très loin dans l’univers et dans la science-fiction, tout comme « Stranger in a Strange Land » au mid-tempo bien écrasant et mis en exergue par un boulot monstrueux de la basse et toujours des solos incroyables de son compositeur qui n’aura jamais aussi bien joué que là, du moins le pense t’on … car après « Déjà-Vu » plus classique et en dessous du reste (malgré sa qualité d’écriture), surtout quand débarque le feu d’artifice intitulé « Alexander The Great ». Depuis
« The Number Of The Beast » le quintet a pris l’habitude de terminer chacun de ses disques par la compo la plus longue et ambitieuse de sa nouvelle fournée, et l’histoire d’Alexandre le Grand ne déroge pas à règle, car pendant pratiquement neuf minutes toute sa vie va être racontée avec le plus grand sérieux et par une musique d’une complexité incroyable tout en réussissant à garder une dynamique sans jamais s’essouffler. Car après avoir entendu le bruit du vent et du sable, l’ensemble démarre lentement et progressivement, tel les prémices du combat à venir qui arrive durant le chant et qui atteint son apogée durant la longue litanie de solos touchants et lyriques. Ici la paire de cordistes nous envoie une série de notes à la fois douces et mélodiques tout en conservant sa base Hard, et comment ne pas souligner le jeu du sieur Nicko McBrain dont le toucher tout en finesse sur ce passage révèle un autre trait de son style qu’on ne lui connaissait pas forcément (et dont il dira plus tard que c’est le disque qu’il est le plus fier d’avoir enregistré et où il a pris le plus de plaisir).
En réalisant l’exploit de ne pas perdre une pointe d’intérêt du début à la fin IRON MAIDEN trouve le moyen de pondre un des opus les plus attendus et les plus réussis de cette année 1986, qui pourtant avait mis la barre très haut entre le « Reign In Blood » de SLAYER et le « Master Of Puppets » de METALLICA. Jamais depuis le combo n’a retrouvé un tel niveau technique, d’inspiration et de maîtrise malgré un successeur encore plus pointu. Encore aujourd’hui malgré les écoutes nombreuses et répétées on est toujours soufflés par l’incroyable énergie et la qualité d’écriture et de production qui n’a pas pris une ride (malgré sa modernité de l’époque), dont l’ensemble général mettait encore un peu plus au panthéon les géants d’Outre-Manche et qui en seulement six années a acquis une maturité artistique rarement vue à ce niveau.
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