Angel Witch - Angel of Light
Chronique
Angel Witch Angel of Light
Comment ça ?! Aucune chronique de Angel Witch sur Thrashocore ?! Un scandale ! Il est vrai que le heavy metal n'est pas la préoccupation première des scribouillards du site et de ses lecteurs même si on note une présence plus régulière du genre depuis quelques années. En ce qui concerne les Anglais, je suis moi-même loin d'être un spécialiste du groupe, ne connaissant que le légendaire premier album éponyme de 1980 (qui n'a jamais fredonné le refrain du morceau-titre ?!) et le comeback convaincant sur As Above, So Below (2012). Remarquez, il n'y a eu que deux longs-formats entre-temps, Screamin' N' Bleedin' (1985) que j'ai dû écouter une fois, et Frontal Assault (1986) qui n'a jamais croisé mes oreilles mais souvent décrié par les fans pour son côté AOR loin de la NWOBHM sombre et abrasive de Angel Witch. On va donc essayer de se rattraper de l'absence d'un des pionniers en ressortant du placard virtuel le promo de leur dernier essai Angel of Light paru fin 2019 sur Metal Blade. Il aurait certes mieux fallu s'occuper du premier album, une des sorties les plus cultes du mouvement britannique, mais on fait ce que l'on peut !
Comme à son habitude, c'est avec un line-up largement remanié que le chanteur-guitariste Kevin Heybourne nous présente ce nouvel opus. Exit le batteur Andy Prestidge (Warning), welcome le Suédois Fredrik Jansson (ex-Count Raven). On note aussi l'arrivée d'un deuxième guitariste pour épauler le maître à penser, Jimmy Martin (Teeth of the Sea). Le bassiste Will Palmer lui, résiste depuis 2008. Côté pochette, c'est au talentueux Adam Burke que l'on doit cette magnifique illustration dont les couleurs chaudes rappellent forcément Angel Witch. Alléchant !
Une bonne première impression confirmée par l'écoute de la bête. J'avais beaucoup aimé As Above, So Below, Angel of Light suit la même voie tant dans le style que la qualité, malgré un dernier tiers moins brillant. Angel Witch n'est pas le groupe le plus rapide, le plus démonstratif ou le plus technique mais une classe et un charme certains se dégagent de son heavy metal à l'ancienne. Une sobriété bienvenue couplée à une production claire et puissante qui garde un aspect rugueux très appréciable. Le riffing fait plaisir, dans la grande tradition heavy metal anglais des années 1980 avec cette touche Angel Witch caractéristique du sieur Heybourne. Du mid-tempo plus ou moins pêchu, galopant et mélodique, alourdi par des séquences dark plus plombées, presque doomies, les Londoniens n'ayant jamais caché leur amour pour leurs compatriotes de Birmingham Black Sabbath. Eh oui, c'est pas gai ici ! Les solos, classieux et inspirés, sont également au rendez-vous. Les cinq premiers morceaux s'avèrent ainsi délectables, en commençant par un "Dont Turn Your Back" excellent, le hit de l'opus, à la fois dynamique, mélodique et auréolé de cette atmosphère inquiétante typique de la formation. Angel of Light continue sur sa lancée avec "Death from Andromeda" et "We Are Damned" dans le même ton. Un trio d'entrée quasi parfait qui fait déjà de l'opus un succès. "The Night Is Calling" nous accordera une pause par son intro en arpèges délicieuse avant de plomber l'ambiance par un riff doom désespéré. Le titre ne reprendra qu'un peu de vigueur un court instant à la cinquième minute sur un riff heavy metal plus entraînant. "Condemned" s'ouvre également sur un décor doomy par le biais d'un riff sombre bien appuyé. On serrera toutefois le poing et secouera la tête avant la première minute grâce à un motif plus nerveux.
Que se passe-t-il à partir du sixième morceau alors ? Ça commence plutôt pas mal avec le riff principal galopant de "Window of Despair" pourtant ! Et cette ambiance doomie sur "I Am Infamy", miam ! Pas dégueu non plus ce "Angel of Light" final, ces arpèges old-school au démarrage, ce riff lourd, ce petit solo chiadé puis ces galopades plus soutenues. Qu'est-ce qu'il y a encore ?! C'est que, malgré la qualité des trois dernières compositions, on commence à ressentir une petite lassitude. À force de répéter les mêmes schémas, les mêmes rythmiques, sur des morceaux assez longs de presque six minutes en moyenne pour plus de trois quarts d'heure, on finit par regarder sa montre.
Et puis, il y a le chant. Ce fameux chant de Heybourne qui divise. Il est vrai que l'Anglais n'est pas le vocaliste le plus doué de la scène. Techniquement limité, pas toujours juste (notamment en live), parfois un peu plat et pas très polyvalent, le bonhomme manque clairement de quelque chose pour sublimer les titres sur la durée. Malgré tout, j'avoue être assez amateur de sa façon de chanter reconnaissable qui le démarque des autres et qui colle très bien aux ambiances des morceaux. Surtout, il arrive tout de même à toucher et transmettre des émotions. À accrocher sur des rythmiques ou des mélodies catchies. La plupart du temps du moins. En témoignent quelques refrains mémorables comme ceux de "Don't Turn Your Back", "Death from Adromeda" ou "We Are Damned". À l'instar de la musique cependant, le décrochage s'avère inévitable en fin de parcours où le frontman se montre moins inspiré et paye son manque de variation et de folie, cette platitude qui finit par devenir un peu trop monotone.
Des défauts qui empêchent Angel of Light de viser plus haut dans la notation. Pour un EP de cinq titres, c'était banco par contre, dommage ! Dans son ensemble toutefois, ce cinquième album des Britanniques se révèle suffisamment satisfaisant pour ne pas les mettre dans la catégorie des vétérans à bout de souffle. Cela ne vaudra évidemment jamais Angel Witch, l'un des albums cultes de la NWOBHM, néanmoins cela fait franchement plaisir de voir l'un des pionniers du mouvement garder ce niveau, surtout en termes de riffing et de leads. Toujours ce toucher particulier, cette classe sobre et efficace, ce feeling mélodique délicat, cette atmosphère doomie prenante. Et donc ce chant certes un peu mollasson et approximatif mais sans lequel Angel Witch ne serait pas Angel Witch. Comme quoi cette sorcière de 1978 a encore de beaux restes et s'en sort toujours bien. Chapeau (pointu) la vieille !
| Keyser 24 Octobre 2021 - 1110 lectures |
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