Les modes passent, les temps changent, les gens évoluent : Funeralium reste le même. C'est ce constat qui s'impose dès les premières rencontres avec
Of Throes and Blight, successeur du très bon
Deceived Idealism, tant les Français semblent avoir au premier abord repris exactement le même chemin qu'en 2013. Rigueur, raideur, souffrance, double-disque, morceaux si longs que la vision de la tracklist prête à sourire (ho, « Vermin » dure neuf minutes : ils ont joué la concision, pour une fois), écoutes qui éteignent rapidement toute envie de blaguer sur notre visage... Les modes passent, les temps changent, les gens évoluent : Funeralium reste le même.
Et il n'y a aucun mal à ça. Funeralium est de ces groupes dont on n'attend pas autre chose que ce qu'ils sont. Et Funeralium reste le meilleur – et quelque part, le seul – maître de l'ultra sick doom. Trois mots qu'on n'est pas prêt de discuter concernant le projet, tant il s'inscrit une nouvelle fois comme un frère jumeau de Ataraxie (rappelons la parenté de line up entre les deux formations) où les lames ont supplanté les larmes. Dès « Slowly we crawl towards crumbs » et tout le long de
Of Throes and Blight, on retrouve ce respect profond qu'inspirent ces gens, où une certaine révérence envers des codes faisant le sel du doom metal est si appliquée et si excessive qu'elle devient une courbette d'extraterrestre. Funeralium est une nouvelle fois lourd, lent, malade et une nouvelle fois excessivement tout cela. Mais son extrémisme porté en Manifeste rend encore l'expérience aussi abrutissante que convaincante, dans un assommage où les sens se trouvent mis à vif.
Pourtant, il serait injuste de mettre
Of Throes and Blight au rang de suite sans risque de son prédécesseur. Sectaires dans leur doom qui ne s'adresse qu'aux plus fervents et masochistes de ses amateurs, les Français n'en sont pas pour autant hermétiques à toute évolution. Ainsi, si les atouts de
Deceived Idealism sont globalement conservés – à commencer par cette étrange fluidité avec laquelle s'écoule le temps en leur compagnie –, l'ambiance pesante se fait au fur et à mesure plus attristée. Imperceptiblement, Marquis et sa bande font nôtre cette image de metalleux s'écroulant sur des ruines de pierres et de bières, nuançant la torture monomaniaque d'une envie de disparaître pour de bon : on fait difficilement plus clair dans cette intention que « Vanishing once and for all », titre plongeant dans ces quelques moments où la tension se transmet par des lignes de guitares mélodieuses, austères et entêtantes, montrant que Funeralium n'est plus tout à fait ce boucher statique qu'on appréciait sur
Deceived Idealism. Il est devenu un narrateur du déclin, le contant de la folie vécue comme errance à la dissolution de soi, se permettant d'aller voir au-delà de la simple douleur ce qu'il s'y trame.
Mais assez de signes d'avertissement. Ceux qui écoutent Funeralium et plus globalement ce que le doom peut créer de plus viscéral et outrancier savent bien qu'il s'agit avant tout de plaisir, et non d'une aventure où se prouver à soi-même que l'on est plus tourmenté que les autres. De plaisir plus malsain que sain, où accepter de laisser un peu de son cerveau en offrande, mais non moins de plaisir. Et, de ce point de vue,
Of Throes and Blight contente largement, sa production puissante comme ses riffs donnant envie de faire le pivert attaquant un arbre au ralenti étant des bonheurs à entendre, les yeux plissés et la moue convaincue. Cependant, la mine s'avère plus grimaçante lors de certains moments, où l'intention d'adoucir le propos semble trop marquée (la fin de « Vanishing once and for all » par exemple), de même que durant des spoken words s'étalant trop longuement. En cela, ce nouvel album n'a pas la constance de
Deceived Idealism, dont l'aigreur continuelle reste encore supérieure.
Peu importe : en conservant ce qui fait la force de son identité tout en s'autorisant quelques sorties de route, Funeralium a évité de devenir une caricature de lui-même, prouvant que son objectif d'offrir le doom metal le plus maladif possible est un peu plus qu'un exercice de style. Certainement, étant donné le talent de ses membres, déjà maintes fois prouvé, on est en droit d'être un peu dur envers eux, tant ils sont durs envers nous en retour. Mais ne vous faites pas avoir par les quelques regrets parcourant l'écoute de
Of Throes and Blight, qui conquiert nettement plus qu'il perd durant ses quatre-vingt-treize minutes. À sa manière, un exploit !
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