Brimstone In Fire / Pathogen - All Flesh Fades

Merci! Merci à Brimstone In Fire et Pathogen de ne pas jouer du brutal death bas du front cloné sur Devourment ou Disgorge comme 95% de la scène extrême d'Asie du Sud-Est! En recevant ce split du label thaïlandais Brute! Productions, j'ai pourtant cru devoir me taper un énième album de BDM chiant à mourir. Autant dire que je partais sur de sacrés a priori, bien vite mis à mal par la qualité de ce All Flesh Fades qui m'a agréablement surpris.

Remarquez, j'aurais pu m'en douter à la vue d'une pochette sans zombies, femmes à poil en train d'être torturées ou cadavres en décomposition et sur laquelle les logos des deux combos sont lisibles, fait rarissime pour du gros bourrin tout pas beau. Pas de brutal death à l'américaine version tiers-monde donc mais quand même du death metal, qui bourre pas mal en plus.

Le split commence par Pathogen, groupe formé en 2001 et qui a déjà sorti 3 démos, un full-length et un split mais dont je n'avais jamais entendu parlé. Dommage car les Philippins se démerdent plutôt pas mal. Le quatuor évolue dans un death metal à la limite du BDM certes très classique et sans originalité ou génie particuliers mais qui fait son petit effet. Dans l'ensemble assez sombres et brutaux avec un petit feeling Incantation parfois, les quatre morceaux proposés ici s'avèrent plutôt variés rythmiquement. Cela dit si Pathogen se fait plus lent et lourd sur "Sacrilegious Profanation ou "Suffocate In Blood" (deux titres datant de 2004, les autres de 2007 étant plus récents), le combo préfère bourriner par du thrashy accéléré ("Shroud Of Silent Death") ou des blasts, ces derniers étant toutefois trop cafouilleux pour être convaincants ("Locust Invasion", "Sacrilegious Profanation","Suffocate In Blood"). Pourtant la production reste tout à fait correcte (avec notamment un son de batterie naturel, ça fait du bien!) quoique typée démo. On remarquera toutefois une différence de son sur le dernier titre "Suffocate In Blood" (early raw version, normal), le moins intéressant d'ailleurs. A noter la présence de quelques soli souvent torturés par le vibrato mais qui peuvent aussi se faire plus mélodiques et construits comme sur ce passage excellent entre 3'08 et 4'18 sur "Shroud Of Silent Death". Côté micro, c'est du classique là aussi avec une voix growlée mais qui reste intelligible. Ce qui nous donne deux très bons titres (les deux premiers), un troisième pas mal non plus et un dernier un peu en dessous. Très satisfaisant dans l'ensemble, pour du death metal plutôt orienté old-school avec des compos relativement simples et frontales et donc efficaces comme il faut grâce à de bons riffs qu'on retient facilement. Un groupe à suivre et qui se démarque bien de sa scène nationale.

Brimstone In Fire prend le relais à la cinquième plage pour quatre titres également, tous enregistrés en 2008. Anecdote surprenante, les Philippins se sont formés en 1989 mais ce All Flesh Fades est leur toute première sortie! Une sortie plutôt convaincante d'ailleurs, dans un autre style que Pathogen. Brimstone In Fire se fait en effet plus mélodique et technique que son camarade de split. La production s'avère du même niveau que celle de Pathogen c'est à dire qui sent bon la démo tout en restant complètement audible. On s'étonnera par contre d'un son de batterie assez bizarre sur les parties rapides ("Lords Of Misrule") qui la ferait presque passer pour une boîte à rythme. Le death metal de Brimstone In Fire bourrine moins que Pathogen, avec davantage de séquences au tempo tempéré mais sait aussi accélérer quand il faut ("Fist In Mouth Disease", "Lords Of Misrule"). En gros, lui aussi varie bien le rythme et on ne s'ennuie à aucun moment, la qualité des riffs aidant bien aussi. J'apprécie d'ailleurs particulièrement la dernière pièce, "Winter", assez lente et mélodique qui montre une belle maîtrise des musiciens. Le riff d'intro de "Lords Of Misrule", très mélodique lui aussi sur une batterie en mode rapide, est également à retenir. Et puisqu'on parle de mélodies, notez que les Asiatiques aiment beaucoup les soli. Il n'y en a qu'un par titre mais ils sont toujours longs, rapides et agiles. Une bonne chose mais le problème, c'est qu'ils sont trop répétitifs et sans véritable ligne directrice. Ca veut shredder mais ça n'en a pas encore le talent même si le guitariste a clairement des capacités. Des capacités, le bassiste en a lui aussi à revendre. Pas qu'il soit super technique mais ses lignes de basse, bien mises en valeur dans le mix, instaurent une ambiance froide et menaçante ("Man Lives Once Then Dies Forever", "Fist In Mouth Disease", "Lords Of Misrule"). Une atmosphère prenante à laquelle contribue également la voix déshumanisée du frontman. Un chant assez original, grave comme d'habitude mais plutôt parlé que growlé. Clairement l'un des atouts du gang de Muntinlupa City qui fait lui aussi bonne figure sur ce split.

Rien d'extraordinaire ni de génial mais du bon death metal des familles bien exécuté, voilà ce qu'on peut trouver sur ce All Flesh Fades. Et en ces temps où tous les kékés ayant découvert le DM il y a deux semaines polluent la scène avec des albums navrants aux BAR moisies, c'est déjà beaucoup! Deux groupes au potentiel intéressant, avec toutefois une petite préférence pour Pathogen. A découvrir, rien que pour voir que les Philippines n'ont pas qu'à proposer des clones de Disgorge.

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