La vie de chroniqueur n'a décidément rien d'évident. Entre les disques promos qui se sont dématérialisés, les accréditations aux festivals devenues payantes et les commentaires de plus en plus acerbes des justiciers masqués de l'Internet qui ne supportent pas qu'on utilise le terme Doom au lieu de Doom... Autant de bonnes raisons pour jeter à la gueule du premier venu son badge de presse. A ces quelques contrariétés, on peut également ajouter l'équation désormais célèbre: trop de groupes / trop de disques / pas assez de temps pour tous les chroniquer. Un véritable sacerdoce que l'on aime pourtant à s'infliger au quotidien, pour vous, chers lecteurs... A moins que cela soit pour le simple plaisir d’écrire et partager… Mais peu importe à près tout.
Pourquoi tout ce blabla? Et bien parce que c'est avec un an de retard que je viens vous parler de "Paramnesia", premier album des Australiens d'Altars. Mieux vaux tard que jamais et tant pis pour l'actualité puisque de toute façon, les gens de bon goût possèdent déjà cet album. Sorti sur Nuclear Winter, label Grecque ayant depuis cessé toute activité (du moins sous ce nom) celui-ci fait suite à un split sorti il y a deux ans en compagnie d'Heaving Earth (
Engulfed). Une collaboration au format cassette dont les deux titres du groupe australien figurent sur
Paramnesia.
A l'image de cet artwork étrange fait de visages sinistres empilés les uns sur les autres,
Paramnesia ne compte pas parmi les disques les plus faciles d'accès. La musique des Australiens n'a ainsi rien d'évident et s'inscrit dans un genre de Death Metal que l'on pourrait qualifier de progressif bien que terriblement obscure et dissonant. Moins inaccessible qu'un Portal ou qu'un Grave Upheaval, les mélodies trainantes, agressives et tordues d'Altars sont elles aussi au service du noir le plus profond. Une plongée inquiétante et épuisante dans les méandres les plus poussiéreux et les plus torturés que le Death Metal australien ait enfanté.
Si la production n'a pas cette densité extrême que l'on peut retrouver chez certains de ses compatriotes, elle reste le vecteur d'une atmosphère toujours particulièrement étouffante. Un parti pris par l'ensemble de cette scène australienne qui à défaut de sembler originale dans le cas d'Altars, donne une certaine couleur à son Death Metal. Mais contrairement à Portal ou Impetuous Ritual, la lisibilité est ici de mise grâce à un très bon équilibre sonore entre chacun des différents instruments. Un avantage qui rend la découverte et l'assimilation de
Paramnesia plus aisée.
Une lisibilité qui permet donc d'apprécier la qualité des riffs et plus généralement du travail de composition du trio australien. Empruntant beaucoup à Morbid Angel pour ce côté lourd et atonal, le travail effectué sur les guitares constitue l'un des éléments moteur de la musique du groupe. Un travail mélodique contre-nature non pas fait pour aguicher l'oreille mais bel et bien pour la détruire à coup de riffs tantôt lents et lancinants, tantôt nerveux et épileptiques. Un gout ultra développé pour le tordu, le tarabiscoté, le dissonant, le strident, l'aliénant et l'agressif qui se manifeste sur ces riffs bourdonnant, presque diffus mais aussi sur quelques solos ici et là. A cela vient s'ajouter une section rythmique complètement schizophrène. Alan Cadman, également batteur au sein de Tzun Tzu, ne dévoile jamais ses coups à l'avance, capable de procéder à des accélérations totalement inattendues suivi à l'inverse par des passages lourds et oppressants qui semblent traîner la patte ("Mare" en tant que premier titre de l’album en est un bon exemple). Une batterie tentaculaire et dynamique mise en avant par une production irréprochable et un jeu très intelligent (du touché, du groove et beaucoup de variété). Il n’y a qu’a voir ce break à 3:15 sur "Khaz'neh" pour se rendre compte de son importance. En effet, rares sont les breaks dans le Metal à laisser la part belle à la batterie. Ensemble, ces instruments construisent des titres exigeant, s'étirant à de rares exceptions près ("Terse" et "Paramnesia II: Gibbous") sur de très longues minutes et sur lesquels vient se poser la voix caverneuse et sans souffle de Cale Schmidt. Un growl puissant et plutôt monotone qui renforce naturellement le côté aliénant et tout a fait diabolique de cette musique sournoise et sinueuse.
Malgré son appartenance évidente à la scène Death australienne de part son côté boueux et organique,
Paramnesia fait parti de ces albums qui sortent clairement des sentiers battus. Malgré une production beaucoup plus lisible, ce n’est finalement qu’à force d’écoutes répétées que j’ai pu apprécier à sa juste valeur ce premier album.
Paramnesia fait en effet parti de ces disques qui se méritent et nécessitent un réel engagement de la part de l’auditeur. Et si j’apprécie de pouvoir accrocher à un disque dès les premières secondes, j’aime tout autant voir mon avis évoluer au fil des écoutes. Bref, cet album ne viendra certainement pas jusqu'à vous alors un simple conseil, rendez-vous service et donnez vous juste la peine d’y parvenir.
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