En alimentant de manière plus ou moins régulière leur page Facebook avec des dates de concerts ayant lieu à plus de 15000 kilomètres de la France, quelques vidéos de ces dites prestations et bien évidemment un petit peu de merchandising, les Australiens d’Altars ont réussi malgré ces neuf années d’absence à ne pas se faire complètement oublier. Pour autant, même si le nom du groupe a pu effectivement apparaître de temps à autre sur votre fil d’actualité, l’espoir d’un nouvel album avait tout de même fini par s’estomper au fil du temps… Puis est arrivé ce jour d’octobre 2021 où le groupe a finalement pris tout le monde par surprise en annonçant sa collaboration avec le label italien Everlasting Spew Records (Burial, Galvanizer, Occulsed, Fossilization...) pour la sortie d’un deuxième album qu’à vrai dire nous n’attendions plus. Enfin, nous allions avoir un successeur à l’excellent
Paramnesia...
Intitulé
Ascetic Reflection, ce nouvel album marque l’arrivée dans les rangs de la formation d’un nouveau chanteur et bassiste en la personne de Brendan Sloan. Débarqué l’année dernière, celui-ci remplace Cale Schmidt parti depuis déjà belle lurette (2016) mais que l’on va tout de même retrouver ici le temps d’un featuring sur le titre "Slouching Towards Gomorrah". Le petit nouveau ayant plus d’une corde à son arc, c’est lui qui s’est également chargé de l’enregistrement, du mixage et du mastering de ce nouvel album. Enfin, ceux d’entre vous qui ont l’oeil bien affûté auront évidemment reconnu le coup de pinceau de l’artiste américain Adam Burke (Artificial Brain, Cadaveric Fumes, Eternal Champion, Hooded Menace, Perdition Temple...). Ce dernier signe une oeuvre une fois encore particulièrement réussie mais aux couleurs cette fois-ci un poil plus lumineuses qu’à l’accoutumé.
Cependant, passé l’enthousiasme évident de ces retrouvailles inespérées se posait la question légitime de savoir si le trio serait en mesure de se montrer à la hauteur de son héritage et notamment d’un
Paramnesia qui effectivement n’avait pas manqué de convaincre en son temps. Aussi, deux options semblaient possibles. La première, que les Australiens choisissent la simplicité en se contentant de reprendre les choses là où il les avaient laissées neuf ans auparavant avec le risque que leur formule s’essouffle et ne séduise pas autant qu’à l’époque. La deuxième, prendre des chemins parallèles et opter pour une approche sensiblement différente sans pour autant renier ce qui à a fait son succès et sa réputation. Une possibilité toujours un poil plus risquée puisqu’elle risquerait d’en laisser quelques uns sur le carreau mais qui serait pour le groupe le signe d’une évidente maturité et la preuve que celui-ci à su mettre à profit cette absence prolongée pour sortir de sa zone de confort.
Préférant marquer le coup par un retour flamboyant là où on ne l’attendait pas nécessairement, Altars aura opté pour la deuxième possibilité. Une décision tout à son honneur qui permet également d’éviter une certaine redite. Pour se faire, les Australiens ont donc choisi de diluer quelque peu l’influence de Morbid Angel (bien qu’elle demeure encore très présente) et d’amener davantage de dissonance à leur Death Metal. Alors en effet, tout cela s’inscrit parfaitement dans l’ère du temps (si on ne compte plus aujourd’hui le nombre de groupes évoluants dans ce registre, on remarque cependant que certaines formations telles que Heaving Earth ou Ad Nauseam tendent également à changer de cap en ce sens) mais c’est à vrai dire une « progression » tout ce qu’il y a de plus logique pour un groupe comme Altars.
En effet, les Australiens n’ont pas spécialement changé leurs fusils d’épaule puisque l’on retrouve ici en grande partie ce qui faisait déjà le charme de
Paramnesia. De ces structures complexes et insaisissables à ces riffs sournois et vicieux en passant par ces accélérations explosives et salvatrices ou bien encore ces séquences plus insidieuses où cette lourdeur poisseuse devient véritablement étouffante, Altars n’a en aucun cas renié ce qu’il était. Aussi les amateurs de la première heure devraient pour l’essentiel y trouver très largement leur compte. Pour autant, comme avancé plus haut,
Ascetic Reflection n’est pas qu’une simple copie de son aîné dans la mesure où le trio à su y amener quelques éléments nouveaux. À l’image de ces couleurs moins tourmentées utilisées par Adam Burke pour illustrer ce deuxième album, Altars a fait le choix d’une production un poil moins dense et surtout plus lumineuse. Le propos du groupe y gagne (encore) en lisibilité et en immédiateté ce qu’il perd peut-être un petit peu (pas beaucoup plus car en réalité celle de
Paramnesia était déjà loin d’être un frein à son appréciation) en atmosphères opaques et effrayantes. De la même manière, si le spectre de Morbid Angel période
Domination continue de planer lourdement sur la musique des Australiens, on se rend tout de même compte assez rapidement que le groupe a cherché non pas à s’en dissocier mais à incorporer ces influences de manière plus habile et personnelle. De "Perverse Entity" à "Luminous Jar" en passant par "Ascetic Reflection", "Anhedonia" ou bien encore "Opening The Passage", la patte des Floridiens demeurent toujours évidente bien qu’elle soit en effet assimilée de manière plus habile. De la même manière, si les dissonances étaient déjà une caractéristique du Death Metal d'Altars en 2013, celles-ci se montrent aujourd’hui sensiblement plus marquée qu’à l’époque de
Paramnesia. Une nuance qui peut sembler ténue dans la mesure où le riffing n’a pas vraiment changé (outre Morbid Angel, on trouve encore une fois ces riffs plus sournois et bourdonnants qui ne sont pas dans évoquer un certain Portal, notamment lors des séquences les plus pesantes comme sur "Black Light Upon Us", "Anhedonia" ou "Opening The Passage") mais qui se manifeste ici à travers l’utilisation plus importante de notes un brin déglinguées et tarabiscotées, de séquences un poil plus chaloupées ou rythmiquement plus hachées et de dissonances plus prononcées…
Bref, vous l’aurez compris, Altars signe avec
Ascetic Reflection un retour particulièrement réussi. Celui-ci n’est peut-être pas franchement supérieur à son prédécesseur qui, rappelons-le, était déjà d’un niveau particulièrement bluffant mais il atteste d’un groupe capable de se renouveler sans pour autant changer drastiquement de direction. En effet, comme dit un petit peu plus haut, on retrouve sur ce deuxième album tout ce qui faisait déjà le sel de la formation australienne dans une version néanmoins plus aboutie et plus personnelle. Certes, il s’en est passé des choses tout au long de ces neuf années d’absence (notamment l’arrivée de nombreux concurrents dont certains extrêmement talentueux) mais les Australiens sont encore aujourd’hui parmi ce qui se fait de mieux dans le genre. Plus personnel, plus mature et plus lumineux, le Death Metal d’Altars n’en reste pas moins ultra efficace. Il est ainsi la démonstration par huit que l’on peut offrir une vision plus moderne, complexe et dissonante sans pour autant sombrer dans l’imbuvable et le pénible. C’est donc ce que l’on appelle un retour en grande pompe.
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