Matt Harvey a beau avoir construit sa carrière en reprenant à son compte ce que d’autres groupes ont mis quelques années à peaufiner bien avant lui (Carcass, Death, Possessed, Kreator...), il n’en reste pas moins un musicien dévoué et sincère qui depuis maintenant plus de trente ans use de ses talents au profit de projets divers et variés allant du Death Metal au Grindcore en passant par le Thrash et le Heavy Metal. Tout un tas de groupes dont les qualités ne sont d’ailleurs plus à démontrer aujourd’hui (Exhumed, Gruesome, Dekapitator, Pounder...). Alors effectivement, la frontière entre hommage et plagiat a toujours été très mince avec le californien mais celui-ci ne s’en est jamais caché, affichant toujours ouvertement son amour pour cette musique et ces grands noms qui l’ont en partie façonné il y a de cela quelques décennies.
Depuis trois ans et la sortie de l’excellent
Horror, Exhumed n’a jamais cessé de faire parler de lui. Le groupe de San Jose a en effet sorti deux splits (le premier en compagnie de Gatecreeper, le second aux côtés de Gruesome), un album live (
Ultimate Death Revenge), un EP (
Worming), un single (
Sick As Heart) et enfin ce huitième album (si on laisse de côté les relectures et autre disque de reprises) intitulé
To The Dead. Paru le mois dernier sur Relapse Records, celui-ci est illustré pour la seconde fois consécutive par l’artiste Marc Schoenbach (Hitten, Pounder...) qui signe pour l’occasion une œuvre peu appétissante mais néanmoins réussie dans ce registre morbide et sanguinolent toujours très cher à Exhumed.
Comme je le pressentais lors de ma chronique de
Twisted Horror, il semblerait que la position prise par Exhumed sur son prédécesseur soit désormais de l’histoire ancienne. Pour rappel, Matt Harvey et sa bande avaient choisi d’aborder l’excellent
Horror avec une urgence non pas nouvelle mais extrêmement rafraîchissante qui voyait ainsi les Américains expédier chacune (ou presque) de ces quinze nouvelles compositions en moins de deux minutes. Une intensité retrouvée rappelant la grande époque du dégoulinant
Slaughtercult et qui après un
Death Revenge beaucoup plus conceptuel et mélodique n’avait pas manqué de convaincre et de faire son petit effet. Alors effectivement, la durée des morceaux s’est ici sensiblement allongée puisqu’avec dix compositions pour trente-neuf minutes on tourne dorénavant aux alentours des quatre minutes par titre en moyenne. Pour autant,
To The Dead n’est pas vraiment différent de ses prédécesseurs puisque si le dosage diffère quelque peu, les ingrédients utilisés restent évidemment les mêmes que sur les autres albums de la formation. Exhumed se contenterait donc de faire du Exhumed ? Oui, dans les grandes lignes, c’est ainsi que l’on pourrait résumer la situation.
On va donc naturellement retrouver tout ce qui fait le charme et la force des Californiens depuis maintenant belle lurette à commencer par cette production clinique signée là encore Alejandro Corredor (Cartilage, Dipygus, Inquisition, Pounder...). Taillée pour le job, celle-ci jongle habilement entre modernité, lisibilité, puissance, caractère et efficacité pour un résultat naturellement fidèle à ce que l’on peut attendre d’un tel groupe.
Pour ce qui est du reste, rien de neuf à signaler du côté d’Exhumed qui continue de piocher allègrement dans le Carcass de la grande époque. De ces riffs chirurgicaux qui tranchent et incisent à n’en plus finir en passant par ces séances de blasts particulièrement soutenues, ces passages thrashisants nettement plus chaloupés, ces joutes verbales alternants vociférations maniaques et arrachées et growl profond et animal et enfin ces nombreuses touches mélodiques relativement élaborées, tout ici rappellent en effet le groupe de Liverpool. Une formule bien peu surprenante mais qu’Exhumed maîtrise à la perfection. Ainsi, de "Putrescine And Cadaverine" à "Carbonized" en passant par "Lurid, Shocking And Vile", "Undertaking The Overkilled", "Necrotica" ou "Defecated", les Californiens nous régalent encore une fois d’un festin de tripailles et autres délices faisandés bourrées d’asticots.
Un exercice toujours contrasté par quelques séquences moins radicales ("Rank And Defiled", les premières mesures de "Drained Of Color" ou "No Headstone Unturned", "Disgusted" à 1:50...) parfois non dénuées de groove ("Putrescine And Cadaverine" à 1:45, "Lurid, Shocking And Vile" à 1:17, "Undertaking The Overkilled" à 1:26...) mais aussi et surtout grâce à de nombreux passages mélodiques parfois brefs ("Carbonized" à 2:02, "Lurid, Shocking And Vile" à 2:26, "Disgusted" à 2:36) mais toujours particulièrement soignées ("Putrescine And Cadaverine" à 2:22, "Drained Of Color" à 2:26, "Rank And Defiled" à 1:27, "Necrotica" à 1:53, "No Headstone Unturned" à 2:33 et ainsi de suite...). Des instants qui en plus de calmer le jeu (pas toujours mais souvent) vont également amener une dimension plus élaborée à ce Death / Grind chirurgical mené le scalpel entre les dents.
Si on pourra regretter l’intensité d’un
Horror ici quelques peu étiolée dans un bain de mélodies cependant plus que sympathiques,
To The Dead n’en reste pas moins un excellent album d’Exhumed. Certes, les Californiens n’offrent rien de bien nouveau à travers ce huitième longue-durée mais dans le genre Carcass worship de la grande époque
Necroticism - Descanting The Insalubrious /
Heartwork, le groupe constitue assurément ce qui se fait de mieux dans le genre. Bref, certains trouveront sûrement cette formule trop balisée et entendue pour y succomber, à titre personnel je continue à prendre beaucoup de plaisir en compagnie de Matt Harvey et ses petits copains qui en dépit des années qui passent n’ont rien perdu de leur superbe. Aussi, je vous invite vivement à vous plonger dans les dix titres de ce nouvel album si vous avez un tant soit peu d’intérêt pour ce genre de Death Metal / Goregrind certes un peu propret mais néanmoins fort efficace.
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