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Kill The Thrill - Autophagie

Chronique

Kill The Thrill Autophagie
Les Marseillais de KILL THE THRILL ont eu tout mon intérêt avant même que je puisse écouter leur musique. En effet, dans les années 90, alors que je lisais assidument le magazine « R.A.G.E. » (Revue Assourdissante de la Génération Électrique), il avait été plusieurs fois fait mention de « Dig » (1993) puis de « Low » (1996) dont les descriptifs par les journalistes me mettaient alors la bave aux lèvres. Ce n’est que bien plus tard que je me suis procuré ces deux albums, sans aucune déception, le premier contact musical ayant quant à lui lieu en 2001 avec la sortie de « 203 Barriers ». Je ne vais pas refaire le match, Dead a tout dit bien que j’inverserais la notation avec celle de « Tellurique » (2005), LP dans lequel j’ai encore le plus grand mal à entrer. Hélas, depuis, même si la formation montrait quelques faibles signes vitaux (une collaboration avec OVERMARS en 2008, un split en 2009 aux côtés de YEAR OF NO LIGHT, ONE SECOND RIOT et ABRONZIUS puis la démo « 1989 » en 2015), cela faisait tout de même plus de dix ans que rien de neuf n’était sorti. Jusqu’à ce vingt-six janvier 2024 qui vit naître « Autophagie », toujours sur le label Season of Mist.

Quelques changements ont été opérés : Frédéric De Benedetti n’est plus de l’aventure mais, surtout, pour accompagner l’éternel duo Nicolas Dick / Marylin Tognolli, un batteur intègre pour la première fois la formation phocéenne. Il s’agit de François Rossi, à priori sans antécédents notables. Quant à l’aspect visuel, si le groupe a toujours eu un faible pour les grands espaces, cette nouvelle page discographique s’inscrit dans le plus total dénuement d’une grisaille s’étendant à perte de vue. Une illustration qui ne dévoile rien mais qui finalement dit tout de l’épure musicale et sentimentale dont a toujours fait preuve KILL THE THRILL. Dernière modification, et non des moindres, les paroles sont désormais intégralement en français et ça, pour moi, c’est vraiment une excellente nouvelle car j’ai toujours eu un peu de mal avec l’accent anglais de monsieur Dick, déplorant qui plus est de ne pas pouvoir comprendre pleinement les textes. L’air de rien, ce nouvel ancrage langagier va faire basculer la musique du trio dans une forme d’œuvre poétique, très orale donc, bien plus redevable à la tradition de chanson française qu’à du metal, qu’il soit post ou industriel ou rien de tout cela. À ce titre, le fait que le morceau d’ouverture « Tout va bien se terminer » soit a cappella dans son premier tiers, juste accompagné par une tessiture sonore à la signature immédiatement reconnaissable, vient vocalement inscrire le chanteur dans la lignée des Alain Bashung pour l’élégance flegmatique, Bertrand Cantat, avec la nonchalance désabusée de Daniel Darc, le gai désespoir de Jacques Higelin, le dandisme de Jean-Louis Murat, pendant viril et sombre de Nicolas Sirkis… Chant poignant d’intensité, paradoxalement plus émouvant que les mots scandés sont simples, répétés en anaphores, figure de style récurrente tout au long de l’album comme pour mieux accentuer la dimension essentiellement rythmique des neuf morceaux.

Qu’il n’y ait pas de méprise, les références que je viens de donner ne signifient pas que KILL THE THRILL joue de la variétoche, le tempo est toujours aussi plombé, les ombres de DIRGE ou de JESU se faisant encore ressentir au fil des ambiances atonales. Cependant, au détour de quelques mélodies froides, j’établirais également désormais un parallèle avec VARSOVIE, du moins ce que j’en connais (l’excellent « Coups et blessures »), à savoir un esprit cold wave, post punk, un certain brio pour construire du narratif à partir de presque rien, notes rachitiques, squelettes rouillés d’architectures rongées par les pluies acides. Disque étrange, sans chansons aussi directement impactantes que « 203 Barriers », « Stase » ou « Soave », il se vit totalement comme une collection de titres tous émouvants, telle l’« Amoureuse » de Véronique Sanson, les histoires de naufrages humains, de cités mortes, d’horizons dévastés en prime.

D’aucuns pourraient reprocher certains atermoiements, les neuf minutes de « Capitan » par exemple ou encore les dix de « Le dernier train », le recul des guitares pour laisser plus de place à la voix, la batterie enfin humaine mais qui n’apporte pas vraiment plus que la machine passée mais c’est pour moi justement dans ces développements vaporeux, presque langoureux par instants, que la pleine personnalité des Marseillais se dévoile le mieux. À vif, dans l’expression parfaite de l’anima de Nicolas Dick (la sensibilité gracile du chant, la pudeur des textes) et de l’animus de Marylin Tognolli, sa basse martiale imposant un pas cadencé à la limite du militarisme autoritaire. C’est vrai, cet aspect feutré atténue l’impact qu’aurait pu avoir un « Cluster Headache » s’il avait été mixé à la façon de GODFLESH, forgé dans l’art ferreux des boucles hypnotiques mais, plus je multiplie les écoutes, plus j’en apprécie cette patine de velours élimé, ces envolées d’apparence légère mais aux ailes d’airain vers une aube naissante dévoilant le ciel pur (« Les enfants brûlent »), je pense sincèrement que c’est la première fois où il n’y a pas une composition que je trouve en-deçà, moins accrocheuse. Le pendant de cela, c’est qu’aucune ne se détache réellement (même si « Tout va bien se terminer » puis « Capitan » m’ont bien secoué), « Autophagie » s’avérant en définitive d’une homogénéité sans faille. Aucune fissure, aucune marbrure pour venir dénaturer l’œuvre, splendide dans la tragédie des sentiments qui s’y joue, tragiquement russe pourrait-on écrire à l’écoute d’« Ahan », un final digne de « Soundtracks for the Blind » (SWANS).

En définitive, retrouver KILL THE THRILL en 2024, c’est comme croiser par hasard une amie désirable que l’on avait à regret perdue de vue, sans nouvelles depuis des décennies. À la différence près que les corps ont morflé entre temps alors que la musique a conservé toute sa grâce, à jamais figée dans l’ambre. Merci pour ce retour, ce disque, cette heure.

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Kill The Thrill
Metal Industriel
2024 - Season Of Mist
notes
Chroniqueur : 9.5/10
Lecteurs : (1)  9/10
Webzines : (2)  6.61/10

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Kill The Thrill
Kill The Thrill
Metal Industriel - 1989 - France
  

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À la dérive
À la dérive
Kill The Thrill

Extrait de "Autophagie"
  
Autophagie
Autophagie
Kill The Thrill

Extrait de "Autophagie"
  
Capitan
Capitan
Kill The Thrill

Extrait de "Autophagie"
  

tracklist
01.   Tout va bien se terminer  (08:53)
02.   À la dérive  (05:36)
03.   Le dernier train  (10:30)
04.   Autophagie  (04:21)
05.   Capitan  (09:21)
06.   Cluster Headache  (05:38)
07.   Les enfants brûlent  (04:10)
08.   Je suis là  (05:40)
09.   Ahan  (05:47)

Durée : 59:56

line up
parution
26 Janvier 2024

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