Undergang / Spectral Voice - Undergang / Spectral Voice
Chronique
Undergang / Spectral Voice Undergang / Spectral Voice (Split-CD)
Qu’Undergang sorte un nouveau split en 2023, cela n’a rien de vraiment surprenant lui qui depuis le début de sa carrière en 2008 en est aujourd’hui à sa neuvième collaboration consentie. Qu’il soit accompagné pour l’occasion par les Américains de Spectral Voice l’est cependant bien davantage. Ce n’est pas que les deux groupes n’aient rien à faire ensemble puisque les Danois ont déjà largement fricoté avec le Death / Doom des Japonais d’Anatomia par le passé mais plutôt que nous n’avions plus entendu la formation de Denver depuis 2020 et la sortie de ce split "posthume" en compagnie d’Anhedonist (Abject Darkness / Ineffable Winds). Un retour aux affaires effectué, certes, par la petite porte mais qui durant quelques mois n’aura pas manqué de laisser planer dans un coin de nos têtes un soupçon d’espoir concernant la sortie du très attendu deuxième album de la formation. Des espoirs récemment concrétisés grâce à l’annonce il y a quelques jours de la sortie de Sparagamos prévue pour le mois de février prochain chez Dark Descent Records.
En attendant de nous y intéresser, retour sur cette collaboration fructueuse entre Copenhague et Denver. Une union scellée sous les regards de Dark Descent Records et Extremely Rotten Productions et qui du haut de ses trente-trois minutes (tout de même) nous offre quatre nouveaux morceaux à se mettre sous la dent. Trois pour Undergang et un pour Spectral Voice. Une pièce imposante de plus de treize minutes qui au départ ne m’a pas vraiment convaincu mais qui avec le temps a finalement réussi à s’imposer sur ma petite personne. Enfin, même si ce ne sera une surprise pour personne, c’est David Mikkelsen qui signe l’illustration de ce split avec l’aide néanmoins de Mat(t) Brinkman, musicien perché et illustrateur de talent. Pourtant, si on appréciera ce visage dégoulinant qui rappellera celui que l’on pouvait déjà trouver sur certains t-shirts de Spectral Voice, on ne peut pas dire que la composition soit quant à elle du meilleur effet… Tant pis, on n’est pas là pour ça.
Ce sont les Danois qui ont la responsabilité d’entamer les festivités. Généreux par nature, le groupe originaire de Copenhague nous offre à l’occasion de ces retrouvailles trois nouvelles compositions affichées en moyenne aux alentours des six minutes. Un format relativement allongé pour un groupe généralement habitué à s’exprimer avec un petit peu plus de concision. Évidemment, ce n’est pas pour autant qu’Undergang a changé son fusil d’épaule, le groupe continuant ainsi de nous régaler avec son Death Metal tout en tripailles et en hémoglobine. Une formule relativement simple que la formation n’a pas manqué de peaufiner avec le temps et les années laissant ainsi de côté le caractère parfois limité et répétitif de ses débuts pour des compositions désormais (et cela depuis un petit moment déjà) plus abouties et une interprétation générale plus efficace et mémorable.
"I Læsket Kalk", "Fæl Rådden Død" et "Gid Der Kom En Sygdom Og Tog Mig" renouent ainsi avec ces éléments qui caractérisent Undergang depuis maintenant quelques années. Outre une production aux petits oignons signée une fois de plus des Ballade Studios, ces trois titres déroulent les mêmes poncifs qu’à l’accoutumée à savoir riffs bien gras de trois ou quatre accords qui en plus d’être hyper efficaces ne manqueront pas de s’imprimer dans notre mémoire ("I Læsket Kalk" à 0:35, "Fæl Rådden Død" à 0:07, "Gid Der Kom En Sygdom Og Tog Mig" à 0:01), leads lugubres et horrifiques ("I Læsket Kalk" à 2:29, "Fæl Rådden Død" à 3:45, "Gid Der Kom En Sygdom Og Tog Mig" à 1:04, 2:19 et 6:01), accélérations sporadiques mais toujours bien senties ("I Læsket Kalk" à 0:16 et 4:15, "Fæl Rådden Død" à 0:50, "Gid Der Kom En Sygdom Og Tog Mig" à 5:23), parties plus lourdes et faisandées ("I Læsket Kalk" à 2:29, la dernière partie de "Fæl Rådden Død", "Gid Der Kom En Sygdom Og Tog Mig" à 3:27), growl des abysses avec toujours ces gargouillis et autres borborygmes baveux et puis bien sûr ce groove pataud et marécageux toujours aussi irrésistible. Bref, rien ne manque et nous on se régale encore une fois.
Mais si bien sûr j’aime toujours autant Undergang, mes attentes n’étaient pas vraiment dirigées vers ces trois nouvelles compositions mais plutôt vers le retour de Spectral Voice et de ce titre de plus de treize minutes intitulé "Craving Final Impasse". Un morceau qui à la première écoute ne m’a pas emballé plus que ça probablement parce qu’il m’a quelque peu désarçonné. En effet, si la formation de Denver n’a pas changé de registre, elle nous revient ici avec le titre le plus (Funeral) Doom qu’elle n’ait jamais composé. Habitué à faire monter la sauce avant d’en foutre partout à coups de blasts et autres démonstrations brutales mais concises de sauvageries, Spectral Voice va nous offrir à travers cette longue pièce de près de quatorze minutes finalement assez peu de variations rythmiques puisqu’à l’exception de cette séquence comprise entre 7:09 et 8:07, c’est à un rythme funéraire et parcimonieux que les Américains mènent leur procession. Une cadence ultra-plombée et moins variée qu’à l’accoutumée marquée également par le fait que le chant n’est ici que growl profond sans les nuances possédées (ou tout juste quelques unes) auxquelles Eli Wendler nous a habitué par le passé. Bref, de prime abord on serait tenter de se dire qu’il ne se passe pas grand chose tout au long de ce "Craving Final Impasse". Cependant, plus les écoutes passent et plus on va se faire happer par ce gouffre de noirceur et ces instruments fatigués et tout en lourdeur, par ces ambiances délétères et ce growl d’une extrême profondeur, par ces quelques lignes de chant plus folles et habitées et ces notes spectrales et déglinguées… Bref, même s’il m’aura fallu insister et que j’apprécie davantage Spectral Voice lorsque celui-ci fait preuve de plus de rythme, de nuances et de folie, cet exercice de style relativement hermétique n’en reste pas moins convaincant.
Fidèle à lui-même, Undergang n’a aucun mal à séduire avec son Death Metal putride toujours aussi peu subtil. Une formule parfaitement rodée qui offre effectivement assez peu de surprise mais dont on se régale pourtant avec toujours autant de plaisir grâce essentiellement à ses riffs simples et entêtants et à ce groove tout aussi redoutable et efficace.
Du côté de Spectral Voice, ce n’est peut-être pas ce que nous attendions vraiment de la formation mais comme je l’ai dit plus haut, il s’avère que les Américains s’en sortent également très bien lorsque ces derniers décident de la jouer Funeral Doom. Un exercice souvent limité par nature mais qui offre à voir et à entendre la formation évoluer dans un cadre un poil différent de celui dans lequel il navigue habituellement. Quoi qu’il en soit, ceci n’est qu’un amuse-bouche pour la pièce maitresse dont la sortie se fera prochainement et dont je me ferai un plaisir de vous parler après l’avoir digérée. En attendant, cette collaboration s’avère comme je le disais en préambule fructueuse et c’est bien là l’essentiel.
| AxGxB 19 Décembre 2023 - 504 lectures |
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