Grâce à quelques formations particulièrement motivées et prolifiques ayant émergé pour la plupart après 2010, le Danemark s’est petit à petit imposé comme l’un des centres névralgiques de la scène Death Metal en Europe ces dix / quinze dernières années. Si le pays était déjà pourvoyeur de groupes relativement dignes d’intérêt dans les années 90, il a longtemps été relégué au second plan face à une concurrence impitoyable exercée par d’autres pays comme la Suède, la Finlande, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne et quelques autres encore...
Cependant, à moins d’être incroyablement à côté de vos pompes et pas très au fait de l’actualité de ces dix dernières années, vous n’avez pas pu passer à côté de cette résurgence danoise symbolisée de nos jours par un trop grand nombre de groupes pour que je m’amuse à vous les citer ici. Quatre d’entre eux sont néanmoins réunit sur ce split intitulé
Tetralogy Of Death sur lequel on retrouve, dans l’ordre, Deiquisitor, Phrenelith, Taphos et enfin Undergang venus chacun nous présenter un titre inédit (enfin presque mais on y reviendra). Paru en mai 2022 sur Extremely Rotten Productions (qui d’autre?) au seul format vinyle, cette collaboration entre quatre des plus gros ténors de la scène danoise se voit brillamment illustrée par un certain Phoebus Moreleon, garçon du cru à qui l’ont doit quelques précédents travaux pour Iniquity, Eciton, Pretty Maids ainsi que Strangler, super-groupe ayant opéré entre 2002 et 2003 au sein du quel on gravité Dave Ingram (Benediction, ex-Bolt Thrower, ex-Hails Of Bullet...), Mads Haarløv (Undergang, ex-Swollen, ex-Iniquity...), Kræn Meier (Artillery, Nominon...), Martin Rosendahl (ex-Iniquity...) et Morten Løwe Sørensen (ex-Disavowed...).
C’est Deiquisitor qui ouvre les hostilités avec "Sadhus Of The Serpents". Un titre à la production dense et abrasive qui participe grandement au développement d’une atmosphère particulièrement poisseuse et suffocante qui risque bien de ne pas faire l’unanimité. Entre cette sensation de crasse et de compacité qui pèse sur nos épaules, ces guitares boueuses et organiques qui peinent à se faire correctement entendre, ce growl profond et inintelligible et cette basse qui sature, on ne peut pas dire que les Danois fassent l’effort d’être accessibles. Ainsi pendant un tout petit peu plus de quatre minutes, le groupe déroule son Death Metal sombre et monolithique avec encore une fois beaucoup de réussite. L’aspect relativement répétitif du riffing et de cette batterie qui n’a de cesse de cavaler (quelques variations sont tout de même proposées ici et là) associé à cette production particulièrement épaisse et à cette voix monstrueuse confèrent à "Sadhus Of The Serpents" un aspect terriblement menaçant que viennent habilement renforcer ces quelques mélodies mises en avant par Deiquisitor. D’apparence simple et extrêmement dépouillé, ce titre repoussant s’avère pourtant terriblement séduisant.
Sans attendre, Phrenelith poursuit les festivités avec "An Irate Force Descends Upon The Unchaste World". D’emblée, la production toujours très abrasive, se montre cependant plus équilibrée et bien moins clivante que celle de Deiquisitor. Pour autant, avec ce titre inédit de près de six minutes, le groupe de Copenhague n’a pas changé son fusil d’épaule et offre aux auditeurs une suite modeste mais fidèle au très bon
Chimaera paru en 2021. On retrouve ainsi ce Death Metal opaque et désormais plus varié qui continue ici de faire se succéder fulgurances marquées notamment par cette alternance de growl entre Simon Daniel Larsen et David Mikkelsen (dont la voix toujours aussi profonde et glaireuse est une fois encore un véritable régal) et séquences moins radicales lors desquelles le groupe va en profiter pour amener un soupçon de mélodie et renforcer au passage cette impression de terreur sournoise et insidieuse qui règne tout au long de "An Irate Force Descends Upon The Unchaste World". Vous l’aurez donc aisément compris, c’est une fois de plus un "oui" franc qui l’emporte.
Place ensuite à Taphos avec "Shining Upon Thy Darkness", seul titre de cette collaboration qui ne soit pas un inédit mais qu’à titre personnel je suis bien content de voir figurer ici puisque, souvenez-vous, c’était le grand absent de la version vinyle de
Blood Plethora parue en 2021 sur Night Shroud Records (version allégée d’une première édition cassette sortie en 2020 chez Evig Er Kun Døden) et chroniqué ici même il y a quelques semaines. Bref, le tord est réparé et vous m’en voyez évidemment ravi. Issu des mêmes sessions d’enregistrements que les titres
"Blood Plethora" et "Transgressions Bane", "Shining Upon Thy Darkness" jouit évidemment des mêmes qualités. Si la production aurait sûrement méritée d’être un poil plus aérée, elle ne gâche pas pour autant la dynamique de ce titre qui se partage une fois de plus entre fulgurances soutenues marquées un riffing sombre et particulièrement volontaire (ça tricote bien comme il faut) et séquences plus modérées et mélodiques mettant là encore en avant le caractère résolument sinistre de Taphos et de son Death Metal.
On termine avec Undergang qui après trois excellents morceaux offerts par ses camarades se devait de ne pas décevoir. Sans surprise, "Øjne På Stilke" s’inscrit dans la ligné des récents travaux de la formation. Un titre concis qui se concentre sur l’essentiel et va offrir à l’auditeur le meilleur d’Undergang, c’est à dire un groove dégoulinant et pour le moins irrésistible, un growl toujours aussi dégueulasse avec en prime quelques bruits de succions et autres gargouillis histoire d’être bien dans l’ambiance et enfin quelques coups de boutoirs plus soutenus sous la forme d’accélérations bien senties permettant ainsi de varier les plaisirs (brièvement en début de titre et bien plus significativement à compter de 2:37). Bref, rien de nouveau du côté de Copenhague si ce n’est la preuve encore une fois qu’Undergang maitrise parfaitement son sujet et cela depuis quelques années maintenant.
Avec un tel line-up,
Tetralogy Of Death ne pouvait que régaler. Bien sûr, certains choisiront de faire l’impasse sur cette sortie parce que les splits coûtent généralement trop chers pour le peu de contenu proposé en contrepartie mais ces derniers auront tord car Deiquisitor, Phrenelith, Taphos et Undergang livrent là quatre compositions aussi redoutables qu’efficaces qui auraient tout à fait eu leur place sur des sorties des lus grande envergure. Bref, pas de face B inutiles ni de déchets dans ce que nous offrent ici ces quatre groupes responsables, en partie, du renouveau de la scène Death Metal danoise. Une petite douceur particulièrement convaincante en attendant que chacun reviennent avec davantage à offrir (c’est d’ailleurs déjà le cas pour Deiquisitor qui a sorti en début d’année un nouvel album particulièrement recommandable).
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