Concrete Winds III, le retour de la vengeance...
Un petit peu moins de trois ans après le bien nommé
Nerve Butcherer, les deux énervés à l’initiative de tout ce tintamarre sont aujourd’hui de retour afin, une fois encore, de faire saigner nos tympans tout en nous gratifiant de douloureuses ecchymoses. Un programme ni sympathique ni bienveillant qui tient davantage du sadisme et d’un profond désir de maltraitance parfaitement assumé...
Sans surprise, c’est une fois de plus sous les couleurs du label allemand Sepulchral Voice Records que le terrible duo finlandais signe sa reprise d’activité. À l’occasion de ce troisième album éponyme, Jonatan Johansson (chant, guitare) et Mikko Josefsson (batterie) ont fait appel aux services de Matti Mäkelä (Corpsessed, Pestilent Hex, Profetus, Tyranny, Undergang...) afin d’enregistrer les parties de batterie ainsi qu’à ceux de Lawrence Mackrory des Rorysound Studios d’Uppsala (Bloodbath, Decapitated, Firespawn, Katatonia, Lik, Nightrage, Sarcasm, Vomitory...) pour tout le reste (de l’enregistrement du chant et des guitares en passant par le mixage et le mastering de ces neuf nouvelles compositions). Une collaboration qui peut sembler quelque peu surprenante pour le genre de Death Metal que pratique Concrete Winds mais qui va donner lieu à une production certes un poil moins radicale que celles des deux précédents albums mais avec toutefois davantage de coffre et de présence. Rassurez-vous néanmoins, la différence demeure subtile et ne vient en rien porter préjudice aux propos des Finlandais qui continuent ici leur campagne de destruction massive.
Neuf titres bouclés en seulement vingt-cinq minutes et une seconde, il ne fait une fois de plus aucun doute que le groupe originaire d’Helsinki n’est toujours pas là pour amuser la galerie. Adepte de l’adage "pas plus vite qu’à fond" et donc sans jamais faiblir ou alors en de très rares occasions, Concrete Winds poursuit ainsi son chantier entamé en 2019 au son du déjà très convaincant et bien nommé
Primitive Force. Une suite dont il ne faut pas attendre autre chose que ce qui nous a déjà été donné à entendre par le passé puisque celle-ci s’inscrit effectivement dans cette démarche jusqu’au-boutiste qui caractérise la musique des Finlandais depuis le début de leurs aventures.
C’est à sec et sans préliminaires que le duo va choisir de nous prendre avec un "Permanent Dissonance" particulièrement tonitruant qui déboule presque sans crier gare. Je dis bien "presque" car on a beau savoir pertinemment à quelle sauce on va être mangé avant même de se lancer dans la lecture de ce troisième album, se faire rosser de la sorte sans aucune forme de préambule n’en reste pas moins violent... Une entrée en matière résolument intense lors de laquelle tout explose et tout éructe, où les sens saturent et chavirent et qui laisse bien entendu peu de doutes sur la suite des évènements. En effet, les huit compositions qui s’enchainent sont bel et bien du même tonneau. Une succession de riffs nerveux exécutés à toute berzingue, de leads et de solos chaotiques et complètement déglingués, de blasts façon mitraillette auxquels viennent se joindre quelques rythmes plus chaloupés comme par exemple sur les premières secondes de "Subterranean Persuasion" aux penchants Indus sous-jacents (penchants assouvis également en d’autres occasions comme sur les derniers instants de "Hell Trance" et "Pouding Devotion") et enfin de hurlements douloureux qui participent eux aussi à cette infernale hystérie. Bref, vous l’aurez compris, pas de changements à l’horizon mais une fois encore une belle leçon de violence complètement décomplexée de la part de Concrète Winds.
Fort heureusement, les Finlandais ont plus d’une corde à leur arc et consentent à lever le pied de temps à autre histoire d’offrir à nous autres pauvres auditeurs malmenés quelques moments d’accalmie et autres respirations providentielles. De "Permanent Dissonance" à 0:42 à "Virulent Glow" à 0:47 en passant par "Daylight Amputations" à 1:30, "Infernal Repeater" à 1:18, les premiers instants de "Subterranean Persuasion" très inspirés par le Morbid Angel de
Covenant et de
Domination ou bien encore "Hell Trance", titre globalement un petit peu plus sur la retenue, il vous sera en effet possible de recouvrer brièvement vos esprits avant de vous faire à nouveau matraquer de plus belle...
À l’image de cette illustration chargée et indescriptible, la musique de Concrete Winds ne se destine clairement pas aux âmes sensibles ni à ceux qui ne goûtent qu’une musique construite autour de structures lisibles appliquées avec élégance et rigueur. Non, le Death Metal des deux Finlandais est l’expression d’une sauvagerie libérée qui n’a que faire d’arrondir les angles et de plaire au plus grand nombre. À l’instar de ses ainés et surtout de
Nerve Butcherer dont il partage haut la main le degré élevé de virulence, ce nouvel album est un véritable poing dans la gueule que l’on se prend à nouveau en pleine face. Une succession de coups de boutoir aussi violents que jubilatoires qui n’existent que pour tout détruire sans faire le moindre détail. Bref, un disque une fois de plus excessif à ne définitivement pas mettre entre toutes les oreilles.
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