Après les très bons retours de
« Finis Ixion » l’heure de la confirmation est venue pour le combo parisien qui continue d’explorer les mythes et légendes de l’époque gréco-romaine avec sérieux et application. Cette fois-ci c’est l’épopée de Persée et de la gorgone du nom de Medusa qui sont mises à l’honneur, et si sur le papier le projet a franchement de l’allure il reste l’étape de l’enregistrement qui est la plus difficile, et peut infirmer ou confirmer ce point de vue. A la force du poignet le quintet a pris du galon au sein de la scène Metal nationale même s’il demeure encore méconnu, pourtant il ne s’est pas ménagé avec de nombreux concerts et une communauté fidèle à la fois sur les réseaux sociaux et pour les encourager sur scène. Mais alors qu’il n’allait plus tarder à entrer studio le sort s’est mis à le frapper avec l’annonce du départ de son guitariste Benjamin Accard pour raisons professionnelles, et dont le décès inattendu quelques jours plus tard a créé une onde de choc en son sein comme chez ses fans. Loin de se laisser abattre le groupe armé d’une expérience et d’un vécu musical supplémentaire a repris les éléments qui ont fait le succès de son précédent opus, tout en les améliorant et en densifiant l’ensemble de façon plus importante, pour un résultat implacable et de haute volée.
En effet si on reconnaît sans peine son style si spécifique il a réussi à le pousser plus loin encore, où sous une simplicité apparente il balance un rouleau-compresseur à cheval entre AMON AMARTH et BOLT THROWER. Car après une courte introduction « The Chosen One » va prouver qu’il est motivé comme jamais, tant il va montrer toute sa palette de jeu entre rythmiques écrasantes et parties rapides enlevées et entraînantes, le tout porté par un son de basse massif qui accentue encore la sensation d’étouffement. A la fois dense et équilibré ce premier morceau donne le ton pour une suite qui s’annonce prometteuse, et effectivement cela va être le cas tant « Insanus Creatura » qui suit juste après reprend les éléments entendus auparavant, tout en jouant encore plus la carte de la variété. Débutant et se clôturant par des parties très lourdes la suite va miser plus sur la vitesse et les blasts, tout en faisant les montagnes russes afin de ne pas lasser, et en y intégrant un léger côté épique qui donne envie de taper du pied. Mais cet enthousiasme généralisé va légèrement retomber à cause de « Weak Ones Deceived » un peu trop long (et à la partie centrale douce un peu inutile) et du court instrumental « In Oculis » au riffing plus sombre et angoissant, qui sont à la fois en roue-libre et n’amènent pas grand-chose au disque… si ce n’est servir de rampe de lancement à la seconde partie.
Ce petit moment de flottement est déjà oublié quand démarre le redoutable « The Executioner Of Medusa » qui va être carrément la composition la plus radicale et énervée, tant ça va tabasser et jouer sur la vitesse quasiment en continu (seule une partie centrale aux influences tribales lourdes permet de calmer les esprits), permettant ainsi d’être d’une pêche sans égal, et dans la lignée de ce qui a été proposé jusque-là. Et même si les mecs ne s’éternisent pas en longueur dans leur écriture ils restent cohérents et inspirés, cela est également vrai quand ils étirent un peu plus leurs créations, comme avec l’excellent « Deprivation Of Self » qui n’hésite pas à intégrer des parties glaciales et à alourdir son propos. Parfaites pour headbanguer et briser des nuques ces dernières se mélangent parfaitement quand le tempo se lâche, les musiciens continuant ici de maîtriser leur sujet sans prendre de risques mais toujours avec efficacité, sans ennui ni redondance. D’ailleurs si l’on retrouve ce côté massif sur le très réussi « The Prophecy » (qui privilégie la lenteur à l’explosivité via un groove et un entrain communicatif), l’expéditif « Opportunity King » va trouver le moyen lui-aussi de posséder une assise imparable où l’alternance rythmique est de mise malgré une durée très courte (trois minutes à peine), qui est néanmoins parfaitement adaptée.
Une fois l’outro symphonique « Head On The Aegis » terminée on ne peut que s’incliner devant cette démonstration de force habile, qui confirme qu’il n’y a pas besoin de faire une musique tentaculaire et ultra-technique pour être punchy et accrocheur. D’une grande sobriété la bande réalise une œuvre qui n’est pas d’une violence folle, mais qui possède suffisamment d’arguments pour n’en être pas moins réussie. Entre un batteur précis et sobre, une paire de guitaristes qui n’en fait jamais trop et un chanteur qui a encore gagné en qualité en jouant plus sur les tessitures entre growls caverneux et cris déchirants, chacun des membres s’est du coup mis au diapason et au sens du collectif, un exemple dont beaucoup devraient s’inspirer. Si on attendait beaucoup des titis parisiens ceux-ci confirment tout leur potentiel et trouvent avec ce troisième album le moyen de dépasser leur pourtant très bon précédent long-format, afin de sortir leur meilleure réalisation à ce jour. Dense, homogène et sans faiblesses majeures elle s’avère être à l’heure actuelle un des meilleurs disques de Death Metal français sorti cette année, qui a tout pour faire sortir ses géniteurs de l’anonymat relatif dans lequel ils évoluent. Cela ne serait que justice pour eux et surtout totalement mérité, confirmant par la même occasion si l’on en doutait encore que le genre aujourd’hui ne s’est jamais aussi bien porté dans notre beau pays, où la concurrence est de plus en plus féroce et qualitative.
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