Gohrgone - Finis Ixion
Chronique
Gohrgone Finis Ixion
Depuis ses débuts en 2012 le quintet parisien a pris le temps de peaufiner sa musique et le thème général de celle-ci, car avec un nom pareil on se doute bien qu’il évolue dans un registre historique qui parle de la mythologie gréco-romaine, vu que les gorgones sont les trois sœurs malfaisantes (Méduse, Euryale et Sthéno) qui avaient le pouvoir de transformer en pierre tous ceux qui avaient le malheur de les regarder. Malgré un premier opus « A Divinis »passé relativement inaperçu la bande désormais accompagnée par un nouveau bassiste et surtout un chanteur particulièrement en verve, franchit une étape avec la suite de leurs aventures légendaires, mieux écrites, produites et distribuées. En effet il ne fait pas de doute qu’elle va élargir son auditoire grâce à la signature chez les nordistes de Great Dane (qui ont toujours le nez creux pour leurs trouvailles), le tout avec un son moderne et puissant, mais qui heureusement conserve suffisamment de chaleur (avec une basse bien présente) pour ne pas être dénaturé.
Car contrairement à EX-DEO qui n’arrive pas à tenir la distance sur la durée, le quintet lui offre un album d’une forte densité sans jamais trop perdre en intérêt et en qualité, grâce à une durée d’à peine plus d’une demi-heure, qui peut paraître courte mais qui va se montrer finalement idéale. L’autre point fort sont les textes particulièrement travaillés qui racontent l’histoire du Styx, fleuve qui selon la légende Grecque sépare le monde terrestre de celui des enfers et est emprunté par toute personne décédée, du coup avec un concept ambitieux comme celui-là il est facile de se louper, pourtant ici ça n’est jamais le cas. Après une courte introduction les gars démarrent directement avec l’excellent « The Ember Grave » particulièrement lourd et écrasant, mais qui n’oublie pas d’ajouter des parties mid-tempo bien remuantes et quelques courtes parties rapides, où se nichent des blasts furtifs qui permettent là-encore de varier le jeu au maximum, notamment grâce à la palette technique de leur batteur. Car derrière son kit Chris nous montre sa grande fluidité et sa large palette sans jamais en faire trop, et cela permet de conserver un véritable attrait sans risque de faire décrocher l’auditeur par une redondance que l’on ne trouve pas ici. Après cette entrée en matière réussie la suite de cette première moitié d’album est du même acabit, avec « Cursed Wind » qui est la suite logique de ce qu’on a entendu auparavant, on retrouve en effet les mêmes ponts, idées et breaks pour là-aussi un résultat de haute tenue construit de façon presque similaire. On peut aussi dire cela de « Erynies Modus Operandi » toujours foutu pareil, mais qui se montre plus extrême dans sa vitesse et sa lourdeur, et qui comme ses prédécesseurs est taillé pour la scène où il fera un carton.
Après ce déferlement d’énergie il est temps de faire une pause avec le morceau-titre bien calé au milieu, qui est en fait un interlude instrumental, et qui montre une facette plus mélodieuse de la bande et où le tempo est bridé. A la fois aérien et mélancolique on sent que le défunt est à la croisée des chemins et que son destin ne va plus tarder à basculer dans un sens ou dans l’autre, ce qui va se passer avec cette seconde partie, car autant la première bien que réussie et agréable reprenait un peu (trop ?) le même schéma de construction, autant celle-ci va un peu plus étonner tout en gardant la consistance originelle qui n’a pas déçu jusqu’à présent, et qui continue dans cette voie avec « Deception’s Cloud ». Celle-ci se montre plus sombre et brutale que le reste des compos entendues auparavant, elle débute par une intro très tribale avant une accélération franche et une vitesse élevée avec des riffs presque Thrash, avant ensuite de s’écraser totalement pour donner un tempo hyper massif dans sa lenteur, qui lui permet de faire le grand écart pour mieux renforcer sa puissance tellurique, et le résultat obtenu absolument nickel. L’éloge de la lourdeur continue ensuite avec « Tartarus Punishmen » qui sans jamais dévier de sa ligne de conduite reste sur son tempo pépère avant de surprendre à sa fin avec les interventions de quelques courts hammerblast que personne n’a vu venir, et un dynamisme retrouvé pour mieux enchaîner avec la conclusion intitulée « Tides Of Despair » particulièrement angoissante au démarrage. Ici l’ensemble lorgne au début du côté du Doom avec une voix qui penche elle vers le Black le plus malsain, comme pour dire que l’enfer n’est plus très loin et qu’il se rapproche inexorablement, car arrive ensuite un break à l’ambiance très spatiale et surnaturelle, qui laisse ensuite place à du violoncelle et de la harpe, qui étonne mais confirme que finalement le voyage se termine, mais de la meilleure des manières.
Sans jamais tomber dans le pompeux ou dans la surenchère le groupe offre un très bon disque qui va à l’essentiel, et qui n’aura aucun mal à trouver sa place lors de ses futurs concerts. Et même si on peut regretter l’absence de solos qui auraient sans doute amené un vrai plus à l’ensemble, on ne peut que saluer le boulot fourni par celui-ci qui montre qu’il faudra compter sur lui dans le futur, c’est tout ce qu’on lui souhaite.
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