Quand tu n’en peux vraiment plus. Quand tout t’énerve. Quand rien ne semble pouvoir s’arranger.
Rien ne vaut un bon album de métal, non ?
Mais là, on n’est plus au stade du « bon album ». Ici, on parle de défouloir optimal, du genre qui te laisse vidé au bout d’une petite demi-heure, le temps nécessaire à te purger de toutes ces pulsions malsaines qui te viennent à l’esprit.
Ici, on parle bien entendu du nouvel album de Misery Index, le bien nommé « Discordia ». La discorde, la colère, la frustration, tous ces sentiments sombres sont ici expurgés au travers d’une musique à la fois brutale et (ce n’est pas contradictoire) extrêmement intelligente.
Tu te souviens de la pochette du EP
« Dissent », où le personnage étripait les odieux corporatistes ? Et bien, sur « Discordia », il a fini le ménage et ne laisse qu’un champ de bataille dévasté. C’est le récit de cette bataille qui est raconté au travers de ce second album des Américains, et son expression sous forme musicale donne naissance à l’un des meilleurs albums de l’année dans le genre.
Pour une fois, l’intro de « Unmarked Graves » n’est pas de trop : elle fait monter subitement la pression, avant que les trois coups de semonces d’Adam Jarvis ne lancent le premier (et loin d’être le dernier) blast de l’album. Le mieux sera bien entendu de l’écouter, tant cet album est riche en arrangements et en petits détails qui font tout son charme, mais rien que pour le plaisir de ceux qui iront l’écouter, je vais souligner les plus beaux passages : ce riff à 1.29 sur « Unmarked Graves » (avec cette batterie ultra dynamique) et 1.57 (le travail de Jarvis y est admirable sur tout le passage), 1.42 sur « Conquistadores », 0.27 sur « Breathing Pestilence », ce 0.35 sur « Pandemican »… Des riffs marquants, piochées au fil des écoutes, et qui ne peuvent qu’activer un bon headbanguing des familles dès la première écoute.
« Discordia » est une véritable tempête de furie, qui ne dégage que deux moments de torpeur : l’intro mélodique de « Sensory Deprivation », vite suivie d’un break monstrueux qui amène les blasts du reste du titre (ce titre est d’ailleurs le seul composé par Voyles, qui s’en donne à cœur joie niveau solos); et le titre éponyme, qui s’étend sur 4 douloureuses minutes d’obscurité musicale avant d’exploser là aussi avec le magistral début de « Pandemican », ou la furie faite musique. Oui, tu l’a compris, sorti de ces deux brefs moments, « Discordia » et Misery Index en général n’est que colère, death, hardcore, deathcore ?, brutal ? oui bien sur, et en même temps subtil. Non, ce n’est pas paradoxal, rien que par ces quelques courtes mélodies qui apparaissent discrètement sur « Breathing Pestilence », « Meet Reality » ou « Dystopian Nightmares » (j’adore le riff principal), mais qui jamais ne volent la vedette aux breaks insidieux et aux blasts sans retenues.
Subtil donc, mais aussi intelligent, la tracklist étant adroitement balancé pour ne pas lâcher l’auditeur en cours de route : les compos étant elles-mêmes au départ suffisamment variées et équilibrées pour ne pas pouvoir être résumés à un simple déferlement de blasts, mais bel et bien une succession logique de titres très travaillés. Le trio qui boucle l’album est d’ailleurs exemplaire à ce niveau là : « Dystopian Nightmares », qui débute très brutal, se conclut sur un passage plus « calme » d’une intensité indéniable, permettant l’enchaînement logique vers « Discordia » qui est le titre le plus posé de l’album. Et histoire de finir en beauté, « Pandemican » rassure les amateurs de brutalité en rappelant que si Misery Index s’est permis au précédent titre une petite incartade de son style habituel, il n’en restera pas moins un groupe des plus brutaux (un brutal, des brutaux ?) du moment.
L’intelligence se dégage aussi du travail des guitaristes, qui en plus d’aligner riffs death et breaks hardcores, se font plaisir en enchaînant les lignes de guitares, des lignes parfois bien complexes et absolument pas ostentatoires, qui ne semblent être là que pour enrichir et complexifier encore un peu plus la musique.
Mais c’est surtout sur le travail d’Adam Jarvis que je tiens à insister, ce Adam Jarvis qu’on entend, qu’on admire, et qu’on accueille désormais définitivement au sein de Misery Index, sachant qu’il a la lourde tache de remplacer Kevin Talley quand même… Mais comment douter un instant de sa qualité de jeu, en l’entendant (grâce à un mixage qui lui est très favorable) changer de style de jeu toutes les 10 secondes ? Voilà un batteur qui sait maîtriser son kit, utilisant china sur ride sur charley sur ride sur crash… aucun blast n’est linéaire, car il alterne sans cesse l’accompagnement de la caisse claire et en change à pratiquement chaque mesure, rappelant quelque part la variété du jeu de son prédécesseur, même si étrangement les deux jeux restent assez différents.
Le chant hardcore de Netherton, toujours aussi convaincu et engagé, ne peut que convaincre les septiques sur l’intégrité du groupe, tant son discours est hurlé d’une façon convaincante. Grande idée qu’a eu le groupe d’accompagner les lignes de Netherton avec le chant plus death de Kloeppel (le second guitariste arrivé récemment), qui s’en sort très bien et rajoute une couche de brutalité plus conventionnelle au style déployé.
Un album de Misery Index ne serait pas complet sans un détour par la lecture des paroles, qui sont comme d’habitude issues de la plume de Netherton (www.demockery.org pour ceux qui veulent en savoir plus) et sont sans conteste parmi les plus vindicatives de l’année : morceaux choisis pour les anglophones : « Would Jesus shop at Wal Mart if the crosses were on sale ? » (« Outsourcing Jehovah ») ; « When man is against man, the culture consecrate the code of spite » (« Breathing Pestilence »); « The Captain is in his quarters, the Navigator’s throat is slit » .... “My reality is life in the backseat, spiraling into the gyre / With me my brand old weapon / It’s called my clenched fist” (“Pandemican”). C’est du même niveau qu’un “Chaos AD” de Sepultura et d’une bonne partie de la disco de Napalm Death en termes de message
« Discordia » est un album admirable, qui vous saisit à la gorge et ne vous lâche pas d’un centimètre avant la dernière note. Plus agressif et moins mélodique que
« Dissent », plus digeste que
« Retaliate » (et avec une bien meilleure production), il confirme que le line up actuel de Misery Index est probablement le plus soudé et le plus équilibré que le groupe ai jamais eu, vu l’implication de tous les membres dans l’écriture de l’album et la teneur globale de celui-ci. Et ce n’est pas simplement le fan qui parle en vous assurant qu’il figurera dans le top 10 des albums de l’année… Simplement indispensable.
13 COMMENTAIRE(S)
29/12/2008 16:34
14/06/2007 23:02
01/09/2006 3:59
28/06/2006 21:56
Sinon les premières chansons, chépa pourquoi, mais j'accroche moins aux riffs...
14/06/2006 18:46
waip
14/06/2006 15:40
12/06/2006 14:34
Outside your gated homes, the world begins where your street ends.
Yet in time, your demons will come crawling back
Praise God for what you have in life, for your wealth is as hollow as the heart you hold inside.
Outside your window of comfort, it's like night of the living dead.
Four walls falling fast...
12/06/2006 14:24
http://www.relapse.com/ecards/MI/
12/06/2006 13:26
11/06/2006 14:33
11/06/2006 14:10
L'album a pas l'air mal, y a pas mal de morceau sur leur MySpace, mais j'aime pas trop la prod' de l'album. Je la trouve un peu sèche et synthétique.
M'enfin, ça n'empêche pas que Conquistadores est une boucherie !
11/06/2006 14:02
Excellent disque, sinon (Breathing Pestilence est sûrement ma préférée, raaah ce riff à 55'' !!)
Sinon le boulot de Jarvis est excellent, bien non-linéaire, et rien à redire comparé à Mr Talley
11/06/2006 13:54
j'espère que la kro n'est pas trop indigeste à lire, j'ai eu un peu de mal à la pondre celle-là
et "Sensory Deprivation" et "Pandemican" sont en écoute sur le My Space du groupe
edit: et on peut écouter "Unmarked graves" sur la E-Card du groupe
et "Medusa Stare" sur le Site Relapse
si avec tout ça vous n'allez pas l'écouter...