Ces derniers jours, au boulot, j’ai changé de voiture.
En parallèle, Misery Index a sorti « The Killing Gods ».
D’après moi, les deux événements sont corrélés.
Mon ancienne voiture était bariolée aux couleurs de ma société, comme les trois d’avant. Ca faisait plaisir à l’égo des dirigeants, mais question discrétion, le pauvre salarié que je suis avait déjà connu mieux. Pour être clair, j’en avais un peur raz le bol.
Pendant toutes ces années, Misery Index faisait du death / grind / core, avec talent certes, mais répétait la même recette d’album en album il faut bien le dire (cf mes précédentes chroniques), et avait atteint le seul de saturation avec
« Heirs to Thievery » qui perfectionnait…et semblait épuiser la recette miracle.
Puis est arrivé ma nouvelle voiture : « neutre », de tout flocage. Une sorte de nouveau départ, où les femmes me regarderaient au feu rouge enfin uniquement pour mon physique avantageux, et non parce que j’avais la même voiture que celle qui fait la promo du cirque Pinder (bientôt dans votre ville, entrée gratuite pour les moins de 4 ans, ne loupez pas le numéro avec l’éléphanteau et les trois chameaux)
« The Killing Gods » est aussi une renaissance, un nouveau départ, et je vais vous dire pourquoi. En faisant un créneau marche arrière sur un stationnement en épi.
L’ambition des furieux de Baltimore avec ce nouvel album se traduit dès la consultation de la tracklist : en guise de démarrage, on a d’office droit à un morceau fleuve « Faust », découpé en 5 parties, et qui démarre par…une intro mélodique à la Dissection. Puté. S’envient alors « The Calling » et on se rappelle combien il est parfois bon de se prendre une mandale sonore comme savent si bien le faire nos amis amerloques. Un bout de morceau aérien, what the fuck, on dirait du Cult of Luna…mais non, la 4e plage démarre, « Conjuring the Cull », déjà entendu sur tous les bons webzines (parfois même en exclu française chez les meilleurs, cherchez dans nos archives par exemple). Puis l’album prend son rythme de croisière, avec des accélérations particulièrement brutales (« The Harrowing »), et quelques titres plus « -core » (réussis parfois avec tout juste la moyenne pour « The Weakener » et « Sentinels », mais présentant le reste d’un temps une nouvelle forme d’excellence, comme ce « Gallows Humor », que je décrète hymne officiel du décrochage de nuque sur les prochaines dates du groupe). J’ai noté aussi une recrudescence des fins de morceaux ‘Slayer Style’, dans le genre ‘tu crois que j’étais mid tempo, attends j’appelle mes potes blasts beats et riff de malade tu va prendre une torgnole’ (« Cross to Bear « , « Gallows Humor » dès 2 mn). Mais dans l’ensemble, vraiment de façon globale, j’ai eu le sentiment que le groupe avait légèrement « ralenti » les tempos et accentué la facette mélodique de leurs compos. Pas que ce soit un mal, bien au contraire, mais quand on sort d’un échauffement sur Discordia / Traitors / Heirs to Thievery, on sent nettement l’évolution.
Evolution ou « passage à la maturité » ? Toujours est-il que cela se traduit par des titres plus longs (5 mn en moyenne), plus riches en riffs, plus ambiancés aussi ; la recrudescence des solos n’est pas non plus pour me déplaire (le duel sur « Colony Collapse » qui file des frissons). Il est symptomatique de réaliser que le titre qui se rapprocherait le plus du Misery Index « death / grind bas de front » auquel on était habitué est le bonus track « Thieves of the New World Order », cover d’un titre de Ministry, et qui expédie en 2 mn l’hommage à la bande de Jourgensen. Une transformation qu’il n’est pas donné de réussir à tout le monde, mais quand on a des songwriters de talent et des musiciens d’un niveau exceptionnel (Adam Jarvis, messieurs dames, ais-je besoin d’en dire davantage ?) en face de soi, le match se résout bien vite par une victoire des Américains VS la médiocrité ambiante.
Et c’est pour toutes ces raisons que « The Killing Gods » me rappelle ma nouvelle bagnole. Car, tout comme elle, il n’a pas son pareil pour me mettre en joie (la douce odeur du diesel au matin..), me porter d’un point A (l’écoute inattentive) à un point B (simuler un blast frénétique en changeant de vitesse), et apporter sa petite contribution à l’édifice de la pollution mondiale, qu’elle soit aux particules fines… ou sonore (pour ceux qui n’aiment le métal, pour nous c’est une bénédiction bien sur). Une évolution en douceur mais perceptible, « evolve or die », il semblerait bien que les Américains aient pris le tournant au bon moment, en indiquant dans le respect parfait du code de la musique leur envie de changer subtilement de voie par un clignotant musical de 12 titres. Moi, je valide du début à la fin, et leur souhaite bonne route, en se donnant rdv sur scène pour cramer du bitume (et du hipster) et compter les bornes (et les bleus, dans la fosse). Allez je vous laisse, j’ai un plein de décibels et de Total Excellium à faire..
6 COMMENTAIRE(S)
14/08/2015 01:41
A mon sens, Misery Index avait atteint l'apogée de son art avec Dissent et surtout Discordia. Traitors était déjà en demi-teinte pour moi, pas vilain mais trop hétérogène, moins "brut" et pas très bien produit. Heirs to Thievery c'était déjà un quasi-décrochage : véloce, bien exécuté, bien rentre-dedans, mais une production trop propre et un feeling bien trop peu rugueux. Le sentiment qu'ils recyclaient déjà des vieilles recettes. J'ai écouté deux titres de celui-là et ça a l'air encore pire.
Honnêtement je pense qu'au fond le groupe a un peu perdu son âme. Le départ de Sparky Voyles, Jason Netherton qui a relégué sa position de frontman et qui ne beugle presque plus (sauf erreur il n'écrit presque plus aucune paroles non plus), le manque d'émotions des morceaux. Moi j'y crois plus. Ok ça sait toujours envoyer la sauce mais bon...
12/08/2014 22:23
09/06/2014 16:37
Pour le prochain j'espère qu'ils vont resserrer un peu les boulons, et revenir au MI plus frontal et vindicatif qu'on connaissait, sinon don't count me in (à part si la chance est encore de mon evil side). ^^
09/06/2014 11:45
Pas de soucis, comme je le dis (un peu maladroitement après relecture) dans ma kro, c'est un album different, moins immediat, moins brutal, plus mélodique (par petites touches ici et là, ce n'est pas non plus devenu du melodeath) à mon sens. Il y a toujours quelques titres un peu faible, comme souvent chez MI en fin d'album, mais je le trouve plus coherent et surtout plus novateur que "Heirs..." et au delà de tout cela, il amène une nouvelle dynamique qui presage du meilleur pour les albums à venir. Fini le death / grind / core qui dure 1mn50, MI mue progressivement...la suite sent très bon à mon nez, mais je comprends que ça en laissera certains sur le bord de la route
08/06/2014 21:52
Adama Jarvis a beau se démené dernière son kit, ça changera rien. Déception je suis.
Et coup de gueule contre ses versions deluxes top moumoutes avec bonus surtout quand le titre inédit, ici une reprise survitaminée du New World Order de Ministry, est de loin la meilleure chanson de l'album...
24/05/2014 22:09
Le pendant Death du dernier Trap Them.